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Plus fréquent sur la peau, le mélanome peut cependant survenir au niveau des muqueuses ou de l'œil. En effet, il se forme et se développe aux dépens des mélanocytes , des cellules qui pigmentent la peau, les muqueuses et les poils. Or, "les yeux contiennent comme notre peau des mélanocytes, ces cellules chargées de produire la mélanine, un pigment qui protège des rayons du soleil. Dans l’œil, ils sont situés dans l’uvée", indique l’Institut Curie.

Pour rappel, l'uvée est composée de trois tissus :

  • L’iris : partie colorée visible de l’œil ;
  • Le corps ciliaire : reliant choroïde et cristallin ;
  • La choroïde : la couche pigmentée supportant la rétine.

"Tous peuvent être touchés, et ces mélanomes dits uvéaux représentent 95 % des mélanomes oculaires", indique Corine Bertolotto, directrice de recherche à l’Université de Côte d’Azur et Imène Krossa, doctorante dans la même université auprès de The Conversation. "Les mélanomes choroïdiens constituent 90 % des mélanomes uvéaux (et 3 % des cas de mélanomes), les 10 % restant se partagent de façon égale entre l’iris et le corps ciliaire.

Si le mélanome cutané présente un taux de survie de 80 % à 5 ans, il n’est plus que d’environ 70 % pour sa version touchant notre œil.

Donc, vous l’aurez compris, le mélanome malin peut se développer aussi bien sur la peau que dans l’œil ou sur les muqueuses (bouche, anus, vagin, organes internes comme l’épithélium du tube digestif).

"Bien moins familières malgré des risques plus élevés, le mélanome oculaire compte 500 à 600 nouveaux cas chaque année en France", estiment les expertes. "Et si le mélanome cutané présente un taux de survie de 80 % à 5 ans, il n’est plus que d’environ 70 % pour sa version touchant notre œil."

Mélanome uvéal : comment se développe ce cancer de l'œil ?

Les mélanomes prennent naissance à partir des cellules "mélanocytes", qui sont des cellules normales. Ces dernières nous protègent des effets des rayons du soleil en produisant de la mélanine : un pigment foncé à l’origine du bronzage. Parfois, il arrive que les mélanocytes se transforment et se multiplient de manière anarchique jusqu’à former une tumeur.

"Le mécanisme d’apparition du mélanome est un processus dans lequel les mélanocytes (après des mutations dans leur ADN) se mettent à se diviser de façon incontrôlée, et développent des mécanismes pour échapper au système immunitaire", expliquent les scientifiques. "C'est cette prolifération anarchique qui engendre les tumeurs."

Yeux clairs, soleil, âge… Les facteurs de risques restent encore méconnus

Selon l’Institut Curie, cette tumeur apparaît le plus souvent chez des personnes entre 50 et 70 ans, hommes ou femmes. Par ailleurs, "les personnes aux yeux bleus, verts ou gris ont 2 à 3 fois plus de risques d'être atteintes que les personnes aux yeux bruns. L’incidence de ce cancer est en outre plus élevée dans les pays nordiques que dans le reste de l’Europe", continuent les chercheurs.

Toutefois, dans une de leurs dernières publications, les chercheurs de l’Institut Curie montrent que contrairement au mélanome de la peau, il ne semble pas y avoir de lien entre exposition au soleil et apparition du mélanome de l’uvée.

Cancer uvéal : quels sont les symptômes à connaître ?

Généralement asymptomatiques, les symptômes de ce cancer ne sont pas directement visibles. Résultat, la tumeur se développe, souvent trop longtemps, avant que les premiers symptômes n’apparaissent.

"Ils sont repérés par un ophtalmologue lors d’une visite de routine : ce qui explique leur diagnostic fréquent à un stade déjà poussé", alertent les expertes auprès de The Conversation. D’où l’importance de connaître les signes avant-coureurs afin de pouvoir prendre en charge le plus rapidement possible le cancer.

D’après les recherches de l’Institut Curie, "ces signes sont provoqués par le décollement partiel de la rétine." Parmi les quelques symptômes utiles à connaître, il y a :

  • La présence d’une lésion pigmentaire bénigne pouvant devenir maligne : le nævus. "Les personnes chez qui on découvre un naevus choroïdien de grande taille bénéficient en général d’une surveillance régulière du fond d’œil", signale l’Institut Curie ;
  • Une baisse d’acuité visuelle, autrement dit, une vision floue ;
  • Une tache dans le champ visuel ;
  • Des flashes, c’est-à-dire, la survenue de spots lumineux, qui se répètent toujours au même endroit sur le même œil.

"Généralement, le mélanome uvéal se présente comme une masse nodulaire pigmentée dans le fond de l’œil au niveau de la choroïde, qui se développe vers l’espace vitré avec une forme typique de champignon", dévoilent les expertes auprès de The Conversation.

Cancer de l'œil : existe-t-il des traitements ?

Après le diagnostic de ce cancer, un traitement adapté est ensuite décidé. Néanmoins, plusieurs éléments comme l’âge du patient, le diamètre de la tumeur, sa localisation dans l’œil, son extension éventuelle ou encore l’analyse histologique éventuelle doivent être pris en compte.

Lorsqu’un cancer de l'œil doit être traité, "l’une des préoccupations majeures est la préservation de la vue", indique l'Institut Curie. "Les traitements conservateurs, qui permettent de détruire ou d’enlever la tumeur en conservant le globe oculaire, sont essentiellement basés sur la protonthérapie et la curiethérapie."

La protonthérapie

"La protonthérapie est une radiothérapie utilisant un faisceau de protons à la balistique très précise", expliquent les chercheurs. "Elle est idéale pour traiter les tumeurs situées à proximité d’organes sains, comme c’est le cas des mélanomes de l’uvée, car elle permet de réduire leur irradiation. Elle est principalement proposée pour les tumeurs postérieures et à cheval sur l’équateur de l’œil."

D’après les scientifiques, cette méthode permet de conserver le globe oculaire, mais dans 90 % des cas, la vision est perdue. "Elle permet également un contrôle local de la tumeur dans 95 % des cas et le risque de récidive locale, inférieur à 5 % à dix ans, reste très faible."

Par ailleurs, "une endorésection (ablation chirurgicale du tissu tumoral cicatriciel) est parfois réalisée après la protonthérapie pour éviter les complications en particulier le glaucome néovasculaire."

La curiethérapie

Ce traitement est généralement indiqué pour traiter les petites tumeurs situées dans la partie antérieure de l’œil, tout en protégeant les paupières et la glande lacrymale.

"Les médecins placent directement au niveau de la tumeur, un disque en or d’un diamètre de 12 mm à 20 mm dans lequel sont incorporés des grains d’iode radioactif (iode 125)", indique l'Institut Curie. "Le contrôle local de la tumeur est obtenu dans 95 % des cas."

La chirurgie

Dans d’autres cas, une ablation de la tumeur, avec conservation du globe oculaire, peut être faite. Néanmoins, cela ne reste possible que pour certaines tumeurs. "Si celle-ci est trop volumineuse, en cas de récidive ou de complications majeures du traitement conservateur, une ablation chirurgicale de l’œil peut être envisagée", signalent les chercheurs de l’Institut Curie. "Les médecins installent alors un implant constitué d’une bille en corail sur laquelle sont greffés les muscles de l’œil."

Sources

https://theconversation.com/melanome-uveal-quand-le-cancer-frappe-notre-oeil-201431

https://curie.fr/dossier-pedagogique/melanome-de-luvee-les-traitements-disponibles

mots-clés : oeil, mélanome
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