Qu'est-ce qu'un kyste pilonidal ?

Le kyste pilonidal, également appelé sinus pilonidal, est une cavité qui se forme sous la peau. Il est provoqué le plus souvent par la présence d'un ou de plusieurs poils sous le derme.

Agissant comme des corps étrangers, ces poils "incarnés" déclenchent une réaction inflammatoire. Le kyste s'infecte lorsque des bactéries l'atteignent. Cela risque alors d'entraîner la formation d’un abcès aigu et douloureux, libérant du pus.

Cette masse ressemble généralement plus à une toile d’araignée qu'à un kyste rond. Sa localisation la plus fréquente est la région du sacrum et du coccyx. C'est pourquoi, l’ancienne dénomination est kyste sacro-coccygien.

Le kyste pilonidal peut aussi être chronique en cas d’inflammation sans abcès. Les douleurs sont moins intenses que pour la forme aiguë. Il est toutefois possible de ressentir aussi des démangeaisons. Cette forme survient soit d’emblée ou après un kyste pilonidal aigu.

Photo : coupe d'un kyste pilonidal ou sinus généralement situé près du coccyx au sommet de la fente des fesses

Qu'est-ce qu'un kyste pilonidal ?© Istock

Quelle est la fréquence du kyste sacro-coccygien ?

Le kyste pilonidal est plus fréquent chez l'homme que chez la femme. Le risque est, en effet, deux fois plus important chez la gent masculine, et plus particulièrement le jeune adulte (75% des cas).

Avec près de 26 patients sur 100 000 chaque année, la prévalence du kyste pilonidal est relativement faible.

Quels sont les symptômes du kyste pilonidal ?

Le kyste pilonidal peut être asymptomatique et indolore. Toutefois, il est également possible qu'il s’infecte et entraîne une collection de pus. Il provoque alors de nombreux symptômes :

  • douleurs inflammatoires ;
  • durcissement de la peau sur la partie infectée ;
  • rougeur ;
  • écoulements de pus au niveau cutané en regard du kyste ;
  • démangeaisons ;
  • fièvre ;
  • difficulté à rester en position assise.

Quelles sont ses causes ?

Le kyste serait probablement congénital. L'inclusion serait embryonnaire, c'est-à-dire présente avant la naissance. Il serait probablement dû à la création d’une coque inflammatoire créée par le duvet et les poils frottant et irritant de part et d’autre du pli interfessier (un peu comme des poils incarnés).

Cette coque contenant des débris pileux migrant jusqu’au niveau du coccyx expliquerait le caractère très profond de ces kystes à l’âge adulte.

Photo : kyste pilonidal au niveau du sillon interfessier supérieur

Quelles sont ses causes ?© Creative Commons

Crédit : Jonathanlund - Licence CC BY-SA 4.0 : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/

Quels sont les facteurs de risque de sinus ?

Bien que les causes restent mal connues, plusieurs facteurs favorisent le développement d'un kyste pilonidal :

  • obésité : surcharge pondérale (IMC > 25) ;
  • antécédents familiaux ;
  • une pilosité marquée ;
  • une station assise prolongée ;
  • traumatisme suite à une opération chirurgicale dans la région sacro coccygienne ;
  • une peau grasse ;
  • un pli interfessier profond ;
  • un manque d’hygiène ;
  • des frottements répétés.

Quelles sont les personnes à risque ?

Les hommes âgés de 40 à 60 ans.

Quelle est la durée de la maladie ?

Les kystes pilonidaux ne causant ni symptôme, ni douleur peuvent ne jamais être retirés. Toutefois, lorsqu'ils s'infectent et deviennent douloureux, une chirurgie est nécessaire.

Selon le mode opératoire choisi, la durée de cicatrisation varie, allant de quelques semaines à plusieurs mois, mais l’inconfort de vie se limite en règle générale aux 3 premières semaines.

Cette pathologie est-elle contagieuse ?

Le kyste pilonidal n’est pas contagieux.

Qui, quand consulter ?

Il doit être pris en charge chez un médecin traitant ou un spécialiste de la chirurgie générale - viscérale.

Le docteur Nicolas Veyrie précise : "le médecin doit également assurer le suivi du traitement qui est nécessaire afin d'éviter toutes complications."

Quelles sont les complications ?

Le kyste sous cutané peut rester peu inflammatoire. Il est alors quasi invisible. Toutefois, il peut aller jusqu’à s’infecter. Dans ce cas, l’intervention chirurgicale est inévitable si l’abcès ne s’ouvre pas spontanément.

Les complications du traitement sont rares. Éventuellement, il arrive qu'une infection se déclare après fermeture de la plaie. Elle nécessite une réouverture par retrait des points de suture, et des antibiotiques.

Quant aux récidives, elles sont rares si l'excision a pu être complète.

Quels sont les examens et analyses à faire ?

À l'examen médical le médecin recherche des fossettes, de petits orifices (sinus), situés dans ou à proximité de la zone infectée (proche du sillon inter fessier).

Il recommandera en première mesure, de bien laver et sécher la zone infectée, puis une épilation afin de limiter toute complication bien que cela n’ait pas été démontré.

Cette prise en charge rapide permettra de distinguer la maladie pilonidale afin de ne pas confondre avec d’autres infections :

  • abcès purement cutané : furoncle ;
  • abcès de la marge anale : abcès situé en périphérie de l’anus et non dans le pli interfessier.

Quels sont les traitements du kyste pilonidal ?

Lorsqu'il n'y a pas d'infection :

La présence simple d’un kyste pilonidal qui ne s’est jamais compliqué ne nécessite pas de traitement chirurgical.

Seuls les kystes symptomatiques, donc infectés ou ayant amené à des infections à répétitions nécessitent une prise en charge chirurgicale.

Dans tous les cas, si le traitement chirurgical est nécessaire, on essaiera à chaque fois de réaliser l’intervention en dehors d’une poussée infectieuse.

Lorsqu'il a une infection :

  • En cas d’abcès volumineux (supracentimétrique) et d’absence de fistulisation spontanée (l’abcès se vide de son pus par les pores) : une intervention chirurgicale pour traiter l’abcès du sinus pilonidal sera nécessaire. Il est préférable dans un premier temps d’inciser simplement l’abcès pour ne pas faire d’ablation trop importante, puis de pratiquer l'ablation du kyste quelques jours plus tard, à distance des phénomènes inflammatoire.
  • En cas de petit abcès débutant : une antibiothérapie peut être tentée afin de "refroidir" momentanément l’infection et permettre dans un second temps rapproché de réaliser une chirurgie d'ablation définitive du kyste.

Cette chirurgie courte d’une vingtaine de minutes, sous anesthésie générale et sous couverture antibiotique à visée anti-staphylococcique, va enlever en totalité le kyste en passant à distance grâce à l'injection dans la masse problématique d'un colorant permettant de visualiser l’ensemble des ramifications du kyste.

Les différents types d'opération :

Plusieurs méthodes opératoires sont envisageables :

L’incision simple

Intervention la plus simple : vider le kyste abcédé sous une petite anesthésie locale, avec pose d’un drain ou d’une mèche pour évacuer tout le pus. Cette méthode fait disparaître la douleur, mais il persiste un risque de récidive tant que le kyste n’est pas ôté intégralement par voie chirurgicale.

L’incision-curetage

Elle consiste à inciser l'abcès puis à prélever tous les tissus infectés afin de soulager directement. Une mèche est alors positionnée dans la cavité.

L’excision large

Cette opération permet l’exérèse de tout le kyste et ses ramifications. Elle emporte en une seule pièce la peau et les tissus du kyste jusqu’à l’os et les zones adjacentes visualisées après injection de bleu de Méthylène dans le kyste.

L'incision pratiquée est donc de plus grande taille et impressionnante au début et nécessite des soins de pansement quotidiens, voire biquotidiens au début permettant, à terme, la cicatrisation et fermeture complète de la plaie.

La cicatrisation d'un kyste pilonidal

La plaie qui est profonde (jusqu’au contact du coccyx) n'est la plupart du temps pas refermée afin d'éviter une nouvelle infection et permettant le bourgeonnement de nouveaux tissus sains de la profondeur vers la superficie cutanée.

Le délai de cicatrisation peu allé de quelques semaines à plusieurs mois, mais l’inconfort de vie se limite en règle aux 3 premières semaines. Il faut donc attendre que les tissus se reconstituent, ce qui demande du temps parfois, et limiter au mieux l’appui fessier qui retarde la cicatrisation. Cette cicatrisation dirigée reste la prise en charge "gold standard".

Afin de diminuer les temps de cicatrisation, certaines techniques associent une fermeture, par suture directe de la peau, ou par un procédé plastique simple (transposition d’un lambeau cutané).

  • Un drainage aspiratif est laissé en profondeur, pour 4 à 7 jours.
  • Des antibiotiques sont prescrits pour quelques jours.
  • Des antalgiques sont donnés pour la douleur.
  • Les fils cutanés seront retirés vers le 12e - 15e jour.

Ces techniques de chirurgie sont-elles répandues ?

Réponses du Dr Nicolas Veyrie :

"Ces types de chirurgie exposent à des problèmes d’infection : les germes peuvent être enfermés dans la cavité refermée, donnant des abcès ou des cicatrisations cutanées précoces sans tissu sain bourgeonnant au-dessous et exposant à des réouvertures cicatricielles répétées. Pour ces raisons, ce type de chirurgie est de plus en plus fréquemment abandonné".

Traiter un kyste pilonidal au laser

La destruction du kyste par laser est une alternative, qui consiste à faire passer une petite sonde le long du trajet du kyste. L’extrémité de cette sonde est équipée d’un laser qui vient bruler la paroi du kyste.

Ce traitement est réalisé sous une courte anesthésie générale, habituellement dans le cadre d’une hospitalisation ambulatoire.

Traiter un kyste pilonidal au laser est-il fréquent ?

Réponse du Dr Nicolas Veyrie :

"le traitement du kyste au laser n'est pas réalisé et validé de façon commune."

Comment prévenir ces kystes ?

Pour prévenir toute récurrence du kyste pilonidal, plusieurs gestes sont recommandés :

  • L’élimination des poils (moins de bactéries) ;
  • Le choix des vêtements non "macérant" ;
  • Maintenir la zone propre et sèche ;
  • Des médecins spécialisés dans les maladies infectieuses recommandent des douches à la chlorhexidine deux fois par semaine, en laissant la chlorhexidine agir pendant une minute avant de rincer
  • Éviter de rester assis trop longtemps ;
  • Éviter de porter des vêtements qui causent un frottement, ou ne laissent pas passer l’air (jeans, vêtements serrés, strings, etc.).

Sites d’informations et associations

Société Nationale Française de Colo-Proctologie

Sources

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5278068/

https://www.chirurgien-digestif.com/zoom-sur-le-traitement-du-kyste-sacro-coccygien-sinus-pilonidal-par-laser