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La taille moyenne des femmes françaises se situe autour de 40-42 et pourtant, les magazines ne montrent pas souvent ce type de corps à la une. Il en est de même dans les publicités et sur les réseaux sociaux, où les photos sont souvent retouchées. Pour la diététicienne Sophie-Marion Tentillier, auteure du livre Pourquoi tous ces kilos ?, il existe deux facteurs qui expliquent pourquoi le poids travaille autant notre société.

La minceur, un standard de beauté

« Beaucoup d’entre nous sont sensibles à leur apparence et souhaitent correspondre aux standards de notre société qui valorise la minceur», analyse la spécialiste. « Ce souci de l’apparence en général, qui frise parfois l’obsession, et cette quête de minceur en particulier, s’appuient sur le désir d’être aimé(e), reconnu(e), admiré(e), ou encore respecté(e), en croyant que notre apparence a le pouvoir d’engendrer tout cela ».

Ainsi, de nombreuses personnes redoublent d’efforts pour donner une image d'elles-mêmes qu'elles jugent satisfaisante aux yeux de leur entourage.

Surpoids et obésité : des pathologies de plus en plus traquées

Selon la diététicienne, la seconde raison tire son origine dans l'univers médical. « On dispose de nombreuses études qui établissent clairement le lien entre surpoids, obésité et diverses pathologies. Cela amène les médecins à être de plus en plus vigilants quant au poids de leurs patients, quitte à les alerter régulièrement pour leur demander d’y prendre garde. Ce qui n’était pas ou peu un sujet il y a une cinquantaine d’années en est devenu un, qui plus est récurrent ! D’autant plus que les méthodes employées pour y remédier ne donnent pas beaucoup satisfaction », analyse-t-elle.

Ces différentes pressions peuvent parfois jouer sur la prise de poids et ou sa perte. Trois éléments psychologiques sont également susceptibles de venir perturber la perte de poids, selon Sophie-Marion Tentillier.

Perte de poids : le corps n'est pas une machine

De nombreux facteurs psychologiques entrent en ligne de compte et participent chacun à leur manière à l'échec de la perte de poids. « Il n’en demeure pas moins que certains éléments ont plus d’impact que d’autres », avance la diététicienne.

Il ne suffit pas d'arrêter de manger pour maigrir

« Le champion toutes catégories consiste à se considérer comme une machine et à croire qu’il suffit de s’empêcher de manger pour maigrir, comme si c’était une simple affaire de volonté. Cela peut fonctionner à court terme pour certains, mais seulement à court terme. Pour les autres, il n’est tout simplement pas possible de s’empêcher de manger. ». La privation entraîne souvent des comportements compulsifs ensuite. Communément appelé « l'effet yo-yo », la perte de poids rapide liée au régime trop stricte entraîne une prise de poids toute aussi rapide après.

Ne pas sous-estimer le lien corps-esprit

« Il n'y a pas de cloison entre le corps et l'esprit, plutôt une forme d'interdépendance et un besoin de soutien mutuel », explique Marie-Sophie Tentillier dans son livre. « Si nous n'intervenons qu'au niveau physique, cela revient à nous considérer comme une machine, en oubliant nos dimensions émotionnelle, psychologique, etc ». En agissant ainsi, « les ennuis reviennent périodiquement, en s'amplifiant » détaille la spécialiste avant d'ajouter que « tous les dysfonctionnements du corps ont une origine dans l'esprit ». Pour réussir à perdre du poids, il est donc nécessaire de « cultiver un état d'esprit idéal ». Cela passe par d'abord par « l'acceptation de la situation actuelle » et le fait d'y croire, « une condition sine qua non pour pouvoir maigrir ».

Surpoids : se laisser envahir par la culpabilité

« Le second facteur est le sentiment de culpabilité que beaucoup ressentent vis-à-vis d’eux-mêmes. Un sentiment qui va non pas créer, mais entretenir les troubles du comportement alimentaire », explique la diététicienne.

"Cessez de vous flageller"

Dans son livre Pourquoi tous ces kilos ?, la thérapeute accorde une place importante au sentiment de culpabilité, tant il est délétère dans la perte de poids. « Le respect et la bienveillance envers vous-mêmes sont indispensables ».

Elle avance plusieurs expressions telles que « j'aurais dû » ou « j'aurais pu », à bannir absolument du vocabulaire. « Les 'j'aurais dû' et 'j'aurais pu' essaient de vous faire croire que les choses auraient pu être différentes. Il n'en est rien : au moment où vous avez agi, vous l'avez fait au mieux de ce que vous pouviez à ce moment-là. Le regard que vous portez aujourd'hui sur le passé ne tient pas compte du contexte de l'époque : si vous aviez pu faire autrement, vous l'auriez fait ».

La diététicienne et hypnothérapeute recommande d'utiliser une expression plus bienveillante envers soi-même, telle que « dans une situation semblable, à l'avenir, je souhaite agir autrement et je vais faire ce qui est utile et nécessaire pour y parvenir ».

Maigrir oui, mais pour quelle raison ?

Pourquoi voulez-vous maigrir ? Selon la spécialiste, il est important de commencer par se poser cette question. « Si vous souhaitez maigrir pour plaire aux autres, ce sera beaucoup plus difficile que de le faire pour vous ». Cela risque, en effet, de créer un manque et une déception en cas de non-retour de leur part.

Marie-Sophie Tentillier met également en garde contre la perte de poids liée à un problème d'acceptation de soi. « Si vous croyez que vous vous accepterez plus facilement en ayant maigri, vous vous leurrez », prévient-elle. Par contre, « si vous désirez maigrir pour vous sentir mieux dans votre corps, retrouver de la mobilité et de la légèreté, vous êtes en phase avec votre corps et cette harmonie sera utile pour maigrir ».

Ne pas être trop rigide sur l'objectif de poids à atteindre

Quand on a décidé de perdre du poids, on espère avoir des résultats très rapides. Mais vouloir contrôler la perte de poids, « en décidant du nombre de kilos et de la date à laquelle ils devront être perdus, sans tenir compte ni du rythme du corps, ni de celui de l’esprit » n'est pas une approche pérenne pour la diététicienne. Cela peut fonctionner un temps, mais tôt ou tard, l'esprit ne pourra plus supporter des contraintes trop strictes. « Qui plus est, l'énergie que vous dépensez à exercer cette pression n'est pas disponible pour vous aider à maigrir ».

Sophie-Marion Tentillier conseille donc de rester souple sur le poids à atteindre, aussi parce que votre poids idéal, dans lequel vous vous sentez bien, ne correspondra peut-être pas à l'objectif initial. « En évitant toute rigidité au moment de fixer votre objectif pondéral, vous évitez la charge mentale correspondante : vous êtes plus détendu et vous avancez plus facilement ».

Éviter les dates butoirs

« Plutôt qu'une date, vous pouvez vous fixer comme objectif d'avoir maigri quand vous y serez prêt, quand ce sera juste pour vous ». Il est, en effet, difficile de prévoir combien de temps votre corps peut avoir besoin pour maigrir. Cela peut être plus ou moins long selon les individus et il est important de respecter votre rythme pour y parvenir.

Pour terminer, la spécialiste insiste sur l'importance de traiter les origines du problème de poids. « Croire que l’on peut maigrir durablement sans traiter la ou les raisons pour lesquelles on a grossi ou pour lesquelles on mange ainsi est une illusion très fréquente ». L'aide de spécialistes est alors parfois nécessaire, afin de réaliser un travail sur soi plus en profondeur.

Sources

Merci à Sophie-Marion Tentillier, diététicienne et hypnothérapeute.

Elle a également écrit le livre Pourquoi tous ces kilos ? aux éditions Grancher

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