Existerait-il un lien entre la prise de finastéride, principe actif d'un médicament anti-calvitie, et les troubles ressentis par trois hommes ? C’est ce que la justice est en train d’étudier, suite au suicide de l’un d’entre eux.
Une enquête est en cours sur les causes du suicide
Mardi, le tribunal de grande instance de Nanterre, saisi en référé par deux hommes et la famille d'un troisième, décédé en 1996, a demandé que ces expertises soient menées sous un "délai de huit mois à compter de l'avis de consignation", précisent les décisions dont l'AFP a obtenu copie.
Le collège d'experts devra notamment décider si “le dommage survenu et ses conséquences étaient probables, attendus et redoutés" chez ces patients, et s'il résulte du médicament consommé qui aurait porté atteinte “à l'intégrité physique et/ou psychique" de ces derniers.
Le laboratoire américain Merck Sharp & Dohme (MSD) qui commercialise le finastéride sous le nom de Propecia, ainsi que l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux, l'Agence nationale de sécurité du médicament et la Caisse primaire d'assurance maladie des Yvelines, avaient été assignés en juin par les demandeurs.
Perte de libido, troubles de la concentration et pensées suicidaires
Le finastéride, plus connu sous les appellations commerciales Propecia ou Proscar, est un médicament commercialisé depuis 1999 pour lutter contre la chute des cheveux ou pour soigner l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Concrètement, le principe actif du Propecia, le finastéride, a pour effet de bloquer l'action de la testostérone, hormone mâle qui accélère la calvitie chez les hommes qui y sont sujets.
Il bloque également l'effet de la testostérone sur la prostate en freinant la croissance de cette glande, qui conduit à l'adénome de la prostate et à un rétrécissement progressif des voies urinaires.
Le problème ? Ce médicament est accusé de provoquer d'importants troubles comportementaux et sexuels (baisse de la libido, impuissance, dépression, changements d’humeur) perdurant même après l'arrêt du traitement.
Chez le jeune homme qui s'est suicidé en 2016, ce traitement avait été prescrit d'abord par sa dermatologue puis par plusieurs médecins généralistes, afin de lutter contre sa calvitie. Très vite, il avait perdu sa libido, mais avait aussi souffert de troubles de l'érection, de la concentration et de la mémoire, tout en étant victime de pensées suicidaires. Ces idées noires l’avaient contraint à arrêter ses études. Il avait fini par se suicider en raison "des effets indésirables subis sans parvenir à les réduire", affirme l'assignation le concernant.
"Trois ou quatre" autres dossiers concernant le Propecia doivent être engagés devant la justice d'ici la fin de l'année et 78 autres sont en cours de constitution, a précisé le conseil à l'AFP.
Déjà en 2012 et en 2017, l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) avait publié des documents sur les effets indésirables de cette molécule.
Par ailleurs, il existe une association d’aide aux victimes du finastéride, l’AVFIN, qui mène une action en justice et réclame le retrait de ce médicament.
Sources
Il se suicide après avoir pris un médicament anti-calvitie : la justice veut savoir s'il y a un lien, 7sur7, 13 novembre 2019.