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Asthme, BPCO, insuffisance respiratoire... les maladies pulmonaires, ou pneumopathies, sont nombreuses et sévissent partout dans le monde. Si le tabac, la pollution ou encore certains virus et bactéries en sont des facteurs de risque, les médicaments également. C'est ce sur quoi des chercheurs anglais se sont penchés, au travers d'une synthèse d'études publiée le 15 octobre 2018 dans le Journal of Clinical Medicine, affirmant que les risques pulmonaires de certains traitements pourtants communs sont négligés.

Maladie pulmonaire : des médicaments contre les rhumatismes et des antibiotiques pointés du doigt

Lorsqu'une maladie affecte le tissu pulmonaire et qu'elle est d'origine médicamenteuse, on parle de pneumopathie interstitielle médicamenteuse. Les chercheurs ont passé en revue la littérature scientifique à ce sujet (156 études au total) qui rapportait plus de 6000 cas. Trois à 5% des pneumopathies interstitielles seraient d'origine médicamenteuse et chaque année dans le monde, entre 4,1 et 12,4 millions de personnes seraient concernées.

Ces maladies englobent l'asthme, la fibrose interstitielle ou encore l'épanchement pleural. Parmi les médicaments les plus susceptibles de les entraîner : des anticancéreux tels que la bléomycine, la gemcitabine et les inhibiteurs de mTOR, des traitements contre les rhumatismes tels que le méthotrexate et le léflunomide, l'amiodarone (antiarythmique) et certains antibiotiques comme la nitrofurantoïne et la daptomycine. L'étude révèle que les pneumopathies interstitielles médicamenteuses ont été fatales dans 25% des cas.

Des risques sous-estimés par les médecins

S'il est important de noter que ces médicaments sont fondamentalement utiles et que les risques pulmonaires qui y sont liés ne semblent être présents que lorsque le traitement est pris sur une longue durée, les chercheurs souhaitent tout de même que les médecins en soient plus conscients : "Bien que les recherches manquent dans ce domaine, nous pouvons dire que les effets secondaires des médicaments sur les poumons sont beaucoup plus répandus qu'on ne le pensait, affirme l'un des auteurs de l'étude John Waterton. Nous savons que cela touche un nombre considérable de personnes, c'est pourquoi nous souhaitons développer de meilleures techniques d'imagerie pour détecter les problèmes pulmonaires avant qu'ils ne deviennent graves. Il est important de souligner que les patients peuvent continuer leurs traitements sans risque, mais il est également important que les médecins contrôlent et évaluent attentivement leurs effets secondaires sur les poumons."

Maladie pulmonaire : au moins 150 médicaments peuvent en être responsables

D'autres médicaments non mentionnés dans cette étude sont connus pour augmenter les risques de maladie interstitielle pulmonaire. C'est notamment le cas de l'aspirine, de la minocycline (antibiotique), de la bromocriptine (antiparkinsonien), ou encore de la carbamazépine (antiépileptique). Le Manuel MSD affirme qu'au total, "plus de 150 médicaments ou catégories de médicaments ont été signalés comme responsables d’une maladie pulmonaire" et a publié sur son site la liste de ceux-ci.

Sources

"Drug-Induced Interstitial Lung Disease: A Systematic Review". Journal of Clinical Medicine. 15 octobre 2018.

"Les maladies interstitielles pulmonaires". European Lung Foundation.

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