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Les corticoïdes, surtout par voie topique

Les corticoïdes, surtout par voie topique© FotoliaQu'ils soient donnés par voie orale ou par voie topique, les corticostéroïdes (comme la cortisone) pris de manière prolongée peuvent induire une cataracte, soit une baisse progressive de la vision pouvant aller jusqu'à la cécité si elle n'est pas opérée. "Et, surtout lorsqu'ils sont utilisés par voie topique (sous forme de collyres ou d'injections au niveau des yeux), ils peuvent entraîner une augmentation de la tension oculaire et un glaucome chronique, sans symptôme jusqu'à une perte sévère et irréversible de la vision" ajoute le Pr De Smet, ophtalmologiste et membre de la Société française d'ophtalmologie. Le risque existe également avec les corticoïdes par voie orale, mais surtout si le traitement dure plusieurs mois.

Pour éviter la perte totale de vision, il faut arrêter le médicament et si nécessaire recourir à un traitement ou une chirurgie afin de stopper l'évolution du glaucome selon son avancée. Les personnes les plus à risque sont celles qui présentent déjà un glaucome ou des facteurs de risques (âge, hypertension oculaire...). En parallèle de ces traitements, la surveillance de la pression oculaire doit être régulière (une fois par mois). Et il ne faut jamais utiliser un collyre antiallergique à base de corticoïdes sans avis médical.

Certains traitements de l'arthrite

Certains traitements de l'arthrite© FotoliaLa chloroquine et l'hydroxychloroquine (Plaquenil®), prescrits autres autres pour la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus erythémateux, peuvent entraîner une atteinte de la rétine, avec des symptômes réversibles mais aussi parfois une perte de vision qui peut être définitive. "La sensibilité est très variable d'une personne à l'autre mais le plus souvent, le problème survient lorsque les doses prescrites sont élevées ou lorsque l'usage est prolongé, avec une prise pendant plus de 5 ans" précise le Pr De Smet.

En prévention, un suivi chez l'ophtalmologiste dès le début du traitement et un contrôle annuel (ou plus fréquent dans certains cas particuliers) est obligatoire en parallèle du traitement, pour être sûr de l'arrêter à temps en cas d'atteinte oculaire.

Attention : "Ces traitements sont également prescrits pour la prévention et le traitement de la malaria. Dans ce cas, il faut bien veiller à ce que l'hydroxychloroquine ne dépasse pas 6,5 mg par kilo de poids et par jour pour une personne non obèse, et 1000 g au total sur toute une vie", ajoute le spécialiste.

Des médicaments pour le cœur parfois responsables d'une neuropathie

Des médicaments pour le cœur parfois responsables d'une neuropathie© FotoliaL'amiodarone et d'autres anti-arythmiques prescrits en cas de troubles cardiaques peuvent entraîner des problèmes oculaires tels qu’une vue qui se trouble, une altération de la vision des couleurs (un halo bleu-vert autour de points lumineux) ou des infiltrations dans la cornée. Le plus souvent, ces symptômes sont réversibles avec l'arrêt du médicament. "Mais, de manière beaucoup plus rare, jusqu’à 2% des patients sous amiodarone notent une perte progressive de la vision des deux yeux durant la première année du traitement. Celle-ci est causée par une neuropathie au niveau du nerf optique, souvent irréversible si elle est décelée tardivement" prévient l’ophtalmologiste. L’arrêt du médicament permet à la vision de récupérer, bien que lentement. Cependant, il ne faut arrêter de tels médicaments que suite à un examen complet et sur avis de ses médecins car ils sont parmi les médicaments les plus prescrits pour des arythmies du cœur en raison de leur efficacité.

Les médicaments pour les troubles érectiles à hautes doses

Les médicaments pour les troubles érectiles à hautes doses© FotoliaLes médicaments prescrits pour favoriser l'érection (Viagra®, Cialis®, Lévitra®), lorsqu'ils sont utilisés à des doses supérieures à 200 mg, peuvent assez fréquemment créer une vision bleutée, généralement transitoire et qui disparaît au bout de 4 heures environ. "Un possible risque de neuropathie ischémique avec une circulation sanguine interrompue au niveau du nerf optique, entraînant une perte définitive de la vision, a également été évoqué, même s'il n'est pas démontré clairement à l'heure actuelle" précise l'ophtalmologiste.

Si on prend ce type de médicament, il vaut mieux utiliser la dose efficace la plus faible et si l'on note une modification ou une baisse de la vision qui dure plus de 4 heures, consulter en urgence un ophtalmo.

Certains antidépresseurs et anxiolitiques

Certains antidépresseurs et anxiolitiques© FotoliaCertains antidépresseurs (Effexor®, Cymbalta®, Zoloft®...) et anxiolytiques (comme le Lexomil®) peuvent causer un glaucome aigu, avec une augmentation rapide de la tension oculaire, et le risque serait plus élevé dans les premières semaines d'utilisation. Il se manifeste par des halos lumineux, une vision qui se brouille, des nausées et des douleurs. "Celui-ci est réversible si on arrête immédiatement le médicament en cause et que l'on suit un traitement anti-glaucomateux. En revanche, s'il n'est pas traité, l'oeil finit par s'y habituer, il ne fait plus mal. Si la tension oculaire reste élevée, celle-ci peut mener à la cécité au bout d'un certains temps. D'où l'importance de consulter en urgence" rappelle le Pr De Smet.

Les antituberculeux

Les antituberculeux© Fotolia"Certains médicament utilisés dans le traitement de la tuberculose (INH®, Ethambutol®...) peuvent causer une neuropathie touchant le nerf optique et entraînant une perte de vision qui peut être irréversible si les doses sont très élevées, en usage prolongé, ou si le médicament n'est pas arrêté assez tôt" explique le Pr De Smet. L'effet est aléatoire et on considère qu'environ 10% des patients auront ce type de symptômes. Ce risque augmente chez les personnes diabétiques, souffrant de maladies rénales et chez les plus de 60 ans. Un suivi renforcé par un ophtalmologiste, tous les 6 mois à un an (selon les indications de l'infectiologue), est donc indispensable lorsqu'on prend ce type de traitement.

D’autres médicaments aussi risqués…

D’autres médicaments aussi risqués…© FotoliaLa liste énoncée ci-dessus ne fait mention que d’un certain nombre de médicaments en usage courant. D’autres peuvent affecter la vision, en particulier les médicaments utilisés dans le traitement des cancers. Les agents biologiques qui servent dans le traitement des maladies rhumatoïdes et immunologiques sont également impliqués. La notice fournie avec le médicament contient une liste des effets secondaires : en cas de doute, un ophtalmologue peut vérifier que l'on ne souffre pas d'un de ces effets secondaires.

Prudence avec tout nouveau traitement, dont les génériques !

Prudence avec tout nouveau traitement, dont les génériques !© Fotolia"Les problèmes oculaires ne sont pas rares avec les médicaments, qu'ils aient des effets indésirables au niveau de la vision, de la rétine, de la cornée ou du nerf optique. Heureusement, le problème est la plupart du temps transitoire et réversible mais il peut aussi y avoir des pertes de vision définitives. Les médicaments les plus dangereux étant ceux qui entraînent des neuropathies ou atteignent la zone maculaire. Certains de ces effets sont connus mais il faut être particulièrement prudent lorsqu'on utilise de nouveaux médicaments ou de nouvelles molécules" estime le Pr Marc de Smet, ophtalmologiste. Il est donc important, lorsqu'on entame un nouveau traitement et que l'on constate des changements dans la vision, de le mentionner immédiatement à son médecin et de consulter rapidement un ophtalmologiste en lui précisant quels médicaments on prend, ainsi que la dose et la durée du traitement. Certains effets indésirables n’apparaissent que lorsque des génériques sont introduits, il est donc important de signaler également toute substitution.

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