4 médicaments courants qui peuvent vous tuer !Istock
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Certains médicaments courants pris en surdose ou à mauvais escient, peuvent s’avérer mortels. Le doliprane, le levothyrox, les psychotropes ou encore le Kardégic en font partie.

Le Doliprane

Le Doliprane© Istock

Le Doliprane, composé de paracétamol, arrive en tête des médicaments les plus consommés en France.

Il s’en vend plus de 245 millions de boîtes par an (groupe Sanofi) pour un chiffre d'affaires de plusieurs centaines de millions d'euros.

Le Doliprane est utilisé chez l’adulte et chez l’enfant, dès le plus jeune âge, pour le traitement des douleurs, de la fièvre et du rhume.

À la différence de l’aspirine et de l’ibuprofène, le paracétamol n’est pas anti-inflammatoire. Il soulage donc moins bien que ces deux médicaments les douleurs de ce type. Par contre, il a l’avantage de ne pas irriter l’estomac.

Pourtant, malgré toutes ces qualités, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a demandé aux industriels en juillet 2019 de faire figurer sur toutes les boîtes contenant du paracétamol un logo et des informations pour limiter la surconsommation de doliprane en France, qui a des conséquences mortelles.

Quelle posologie ?

Chez l’adulte et l’enfant de plus de 50 kg, la posologie usuelle est de 1 comprimé à 1000 mg maximum par prise, à renouveler au bout de 6 à 8 heures. En cas de besoin, la prise peut être répétée au bout de 4 heures minimum. Il n’est généralement pas nécessaire de dépasser la dose de 3000 mg de paracétamol par jour, soit 3 comprimés par jour. Il ne faut jamais prendre plus de 4000 mg de paracétamol par jour.

Par ailleurs, les comprimés et les gélules ne sont pas adaptés à l'enfant de moins de 6 ans. En effet, ils risquent d'obstruer les voies respiratoires si l'enfant déglutit mal et que le comprimé ou la gélule passe dans la trachée.

Doliprane : quelle est la dose mortelle ?

Selon le Dr Anne-Christine Della Valle, “le doliprane peut tuer car il peut provoquer des atteintes hépatiques mortelles à partir d’une dose équivalente à 8 grammes, ingérée en une seule fois. Soit, 2 boîtes”.

Au-delà de 4 grammes par jour chez l’adulte et l’enfant de plus de 50 kilos, le paracétamol est en effet connu pour entraîner des lésions graves du foie, parfois irréversibles et mortelles.

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) explique d’ailleurs que “la mauvaise utilisation du paracétamol est la première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse en France”.

Une étude publiée le 2 septembre dernier dans le Medical Journal of Australia confirme ces propos : entre 2007 et 2017, 95 668 admissions à l’hôpital suite à un diagnostic d’intoxication au paracétamol ont été enregistrées en Australie.

Une hausse de 44,3% a ainsi pu être observée entre ces deux périodes et le nombre de personnes souffrant de lésions au foie à cause d’une prise trop importante de paracétamol a augmenté de 108%. Au final, plus de 200 morts sont à déplorer.

Interactions du Doliprane avec d'autres substances

En cas de traitement par un anticoagulant oral et par du paracétamol aux doses maximales (4 g par jour) pendant au moins 4 jours, une surveillance accrue du traitement anticoagulant sera éventuellement nécessaire.

Quelles précautions ?

Lisez toujours attentivement la notice. Des cas particuliers existent qui obligent à modifier les doses maximales, chez les personnes âgées par exemple.

Restez également prudent et demandez systématiquement conseil à votre médecin et/ou pharmacien notamment si vous avez déjà un traitement en cours et que vous envisagez de prendre du paracétamol pour traiter une douleur passagère.

Dans tous les cas, la prise de l’antalgique doit cesser dès que la douleur a disparu. Si elle persiste ou réapparaît malgré la prise d’antalgiques, il est indispensable de ne pas recommencer de traitement et de consulter son médecin traitant.

Le Levothyrox

Le Levothyrox© Istock

Le Levothyrox, utilisé par 3 millions de patients en France, contient une hormone qui appartient à la famille des hormones thyroïdiennes.

Pour mieux comprendre à quoi sert ce médicament, rappelons que les hormones thyroïdiennes agissent sur de nombreuses fonctions de l’organisme (énergie, rythme cardiaque, poids, digestion, mémoire, peau et cheveux, sommeil, humeur, etc.).

Un déséquilibre de ces hormones peut entraîner des t roubles plus ou moins importants.

Ces dysfonctionnements thyroïdiens touchent près de 10% de la population française.

Or, la prise d’hormones thyroïdiennes de synthèse, telles que la lévothyroxine, permet de pallier le défaut de production d’hormones par la thyroïde et de rétablir un “équilibre”.

Cette insuffisance de sécrétion, ou hypothyroïdie, peut être due à la thyroïde elle-même ou à l'insuffisance d'une autre glande qui commande la sécrétion thyroïdienne (maladie ou ablation de l'hypophyse). Il est également utilisé lorsque l'on veut freiner l'action excitatrice de l'hypophyse sur la thyroïde, notamment dans certains goitres.

Problème : le Levothyrox fait l'objet d'une controverse qui enfle depuis plusieurs années.

Commercialisé par Merck, ce médicament fait polémique à la suite du changement de formule intervenu fin mars 2017. Pas moins de 32 000 signalements d’effets indésirables ont été déclarés (très grande fatigue, des maux de tête, des crampes, état dépressif sévère…).

L'ANSM a constaté qu'au fil du temps les comprimés de l'ancienne formule n'avaient plus la même teneur de substance active (la lévothyroxine) à cause du lactose, présent dans le médicament.

Cet excipient a été remplacé par du mannitol, une substance chimique parfois utilisée comme additif alimentaire, dans les chewing-gums ou les bonbons sans sucre par exemple. Toutefois, les experts manquent de recul pour déterminer quelle substance est inoffensive ou ne l’est pas.

Quelle posologie ?

Ce médicament doit être pris le matin à jeun, au moins une demi-heure avant le petit déjeuner, car il est mieux absorbé de cette manière. Les comprimés doivent être avalés avec un grand verre d'eau.

La posologie dépend de l'intensité de l'hypothyroïdie, de l'âge et de la tolérance individuelle. La dose est habituellement augmentée par paliers successifs. Des analyses de sang régulières permettent d'adapter la posologie : suivez-la strictement et ne l'augmentez pas de vous-même.

Levothyrox : quelle est la dose mortelle ?

Selon l’experte, “le Levothyrox peut être dangereux en cas de surdosage, de même que l'insuline peut entraîner la mort par hypoglycémie en cas de surdosage”.

En cas de prises répétées de doses suprathérapeutiques, les signes suivants d'hyperthyroïdie ont été observés et, dans les cas les plus sévères, ils peuvent entraîner la mort :

  • Troubles digestifs : vomissements, douleurs abdominales, diarrhées, appétit augmenté, amaigrissement.
  • Troubles cardiovasculaires : tachycardie, arythmie par fibrillation auriculaire ou extrasystoles, hypertension, douleurs thoraciques, angor, insuffisance cardiaque congestive, collapsus cardiogénique.
  • Troubles généraux : fièvre, rougeur de la peau, sueurs.
  • Troubles neurologiques : irritabilité, insomnie, céphalées, agitation, confusion, mydriase, convulsions chez des patients prédisposés, troubles de la conscience, coma, accès de psychose aiguë.

Interactions du Levothyrox avec d'autres substances

Les médicaments qui contiennent des sels de fer ou de calcium, de la colestyramine, du kayexalate, du sucralfate et les pansements digestifs peuvent diminuer l'absorption de ce médicament. Il est donc nécessaire de respecter un délai de 2 heures entre la prise de ces médicaments.

Informez par ailleurs votre médecin si vous prenez un anticoagulant oral, un antiépileptique ou un médicament contenant un barbiturique, de la griséofulvine, de la rifabutine, de la rifampicine, de la chloroquine, du proguanil ou des compléments alimentaires contenant du soja.

Quelles précautions ?

L'utilisation de ce médicament dans le traitement de l'obésité sans hypothyroïdie est dangereuse et illégale.

Le remplacement d'un médicament contenant de la lévothyroxine à un autre peut entraîner un déséquilibre thyroïdien à l'origine de symptômes inhabituels.

C'est pourquoi une surveillance médicale comprenant un dosage de la TSH entre 6 et 8 semaines après l'instauration du nouveau médicament est indispensable afin d'ajuster la dose si nécessaire (sauf dans certains cas particuliers nécessitant une surveillance plus étroite).

Si vous présentez des symptômes inexplicables ou des signes d'hyperthyroïdie ou d'hypothyroïdie, consultez votre médecin. Dans tous les cas, le traitement ne doit pas être interrompu ou modifié sans avis médical.

Le Kardégic

Le Kardégic© Istock

Ce médicament contient de l'aspirine, qui possède, entre autre, la propriété de fluidifier le sang. Cet effet persiste 4 à 8 jours après l'arrêt du traitement.
Il est utilisé pour prévenir :

  • les récidives de maladies cardiovasculaires provoquées par un caillot de sang dans une artère (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral...) ;
  • les complications après un pontage coronarien.

Quelle posologie ?

Le contenu du sachet doit être dissous dans un verre d'eau. Ce médicament peut être pris avant, pendant, ou entre les repas, en 1 prise quotidienne.

Dans les situations d'urgence cardiologique (phase aiguë de l'infarctus du myocarde, angor instable…) le traitement sera entrepris le plus rapidement possible après l'accident, à doses élevées et de préférence avec une forme d'absorption rapide.

La posologie recommandée est de 200 à 330 mg le premier jour, soit 2 sachets de KARDEGIC 160 mg par jour, à débuter le plus précocement possible. Le traitement sera ensuite poursuivi à la posologie d'entretien.

Dans les situations d'urgence neurologique, dans les 48 heures suivant l'installation des signes d'infarctus cérébral, le traitement pourra être instauré à la posologie de 1 sachet par jour et de préférence avec une forme d'absorption rapide.

Kardégic : quelle est la dose mortelle ?

Selon le Dr Anne-Christine Della Valle, il faut être très prudent : “le kardégic par ses propriétés antiagrégantes plaquettaires (molécules ayant pour but de lutter contre l'agrégation des plaquettes dans le sang, ndlr) peut être à l'origine d'hémorragies s'il n'est pas suivi correctement”.

L’aspirine augmente en effet les risques de saignement, même à de très faibles doses, et ce même lorsque la dernière prise de ce médicament date de plusieurs jours.

Prévenez votre médecin traitant, votre chirurgien, l’anesthésiste ou votre dentiste de la prise de ce médicament, dans le cas où une opération, même mineure, est envisagée.

Des cas d'intoxication chez les très jeunes enfants ou un surdosage thérapeutique chez les sujets âgés peuvent se présenter. Dans ce cas, vous rencontrerez différents symptômes :

  • Intoxication modérée : bourdonnements d'oreille, sensation de baisse de l'acuité auditive, céphalées, vertiges…
  • Intoxication sévère : chez l'enfant, le surdosage peut être mortel à partir de 100 mg/kg en une seule prise. Les symptômes sont : fièvre, hyperventilation, cétose, alcalose respiratoire, acidose métabolique, coma, collapsus cardiovasculaire, insuffisance respiratoire, hypoglycémie importante...

Un œdème pulmonaire non cardiogénique peut survenir en cas de surdosage aigu et chronique avec l'acide acétylsalicylique (substance active de nombreux médicaments aux propriétés antalgiques).

Interactions du Kardégic avec d'autres substances

Ce médicament peut interagir avec d'autres médicaments, notamment :

  • les anticoagulants et les antiagrégants plaquettaires (PLAVIX...) : augmentation du risque hémorragique ;
  • les médicaments contenant de la benzbromarone ou du méthotrexate.

Informez par ailleurs votre médecin ou votre pharmacien si vous prenez un corticoïde ou un médicament contenant de la pentoxifylline ou de l'interféron alfa.

Quelles précautions ?

Le Kardégic n'est pas un médicament anodin.

Vous ne devez donc pas prendre du Kardégic (75 mg), en même temps que d’autres médicaments contenant de l’aspirine ou un médicament de la même famille (les AINS comme par exemple l’ibuprofène), sans en parler à votre médecin ou à votre pharmacien.

L’association de ces médicaments pourrait entraîner un surdosage et augmenter ainsi le risque d’effets indésirables, notamment les saignements.

Par ailleurs, des précautions sont nécessaires en cas d'antécédent d'ulcère de l'estomac ou du duodénum, même ancien, d'asthme, de goutte, d'insuffisance rénale ou hépatique modérée et chez la femme qui porte un stérilet.

Évitez également de prendre ce médicament pendant la semaine qui précède une extraction dentaire ou une opération (risque d’hémorragie).

Les psychotropes

Les psychotropes

Il y aurait en France 3,8 millions de consommateurs réguliers de médicaments psychotropes et 8,9 millions de consommateurs occasionnels.

L'alcool, le tabac, la caféine, le cannabis sont par exemple quelques célèbres psychotropes "naturels". Mais d'un point de vue médical, le terme renvoie plus généralement à une famille de médicaments, les psychotropes.

On distingue cinq grands groupes de psychotropes :

  • Les antidépresseurs
  • Les neuroleptiques (dits aussi antipsychotiques)
  • Les anxiolytiques (ou tranquillisants)
  • Les hypnotiques (ou somnifères)
  • Les stabilisants de l’humeur (dits aussi régulateurs de l'humeur, thymorégulateurs ou parfois normothymiques).

Concrètement, chez un individu normalement constitué, les neurones synthétisent des substances appelées neuromédiateurs comme la dopamine, la sérotonine et la noradrénaline.

Ces neuromédiateurs interviennent dans le fonctionnement des neurones.

Mais on observe parfois une perturbation de ces neuromédiateurs dans certains troubles, comme les troubles dépressifs, les troubles bipolaires, les troubles anxieux ou les troubles schizophréniques.

Les médicaments psychotropes ont donc pour but d’agir sur ces neuromédiateurs pour lutter contre les troubles psychiques.

Ils ont également des effets autres que psychiques, ce qui explique d’ailleurs certains de leurs effets indésirables.

Des médicaments dits correcteurs sont d’ailleurs parfois utilisés avec certains psychotropes, dans le but de corriger certains effets indésirables.

Quelle posologie ?

Le médecin, psychiatre ou généraliste, après avoir identifié les symptômes d’un trouble psychique, peut prescrire, si besoin, un traitement par médicament psychotrope.

Il propose un accompagnement psychologique et médical pendant la durée du traitement.

Psychotropes : quelle est la dose mortelle ?

“Les psychotropes peuvent être dangereux en cas de surdosage. Le plus souvent, les patients vont augmenter la dose de leur médicament pour espérer avoir une plus grande efficacité ou êtes soulagé plus rapidement, d'où le surdosage”, met en garde la généraliste.

Les patients atteints de pathologie mentale ont en effet un risque accru de morbidité et de mortalité par rapport à la population générale, avec une espérance de vie réduite de 20 %, en rapport avec des évènements cardiovasculaires précoces.

Selon le Dr Nicolas Schaad, professeur de pharmacologie, “les antidépresseurs peuvent induire des idées suicidaires ou augmenter l’anxiété au début du traitement. Pourtant ils continuent à être prescrits très facilement et les patients restent mal informés”.

En fonction des réponses biologiques de chacun, les psychotropes auraient dans certains cas des effets néfastes sur le cerveau. Dans ces cas-là ils seraient dangereux, voire même mortels.

Interactions des psychotropes avec d'autres substances

Les psychotropes peuvent avoir des graves conséquences s’ils sont pris avec d’autres substances médicamenteuses.

Par exemple, du côté des antidépresseurs, il est important de limiter au strict nécessaire les associations avec d’autres médicaments sédatifs (qui entraînent une somnolence et une diminution des réflexes, ndlr) : hypnotiques, tranquillisants (benzodiazépines et autres), antiépileptiques, neuroleptiques, dérivés de l’opium...

De nombreux médicaments peuvent provoquer ou aggraver des troubles psychotiques, une dépression ou une anxiété, et interférer avec un traitement neuroleptique.

Par exemple, ces troubles peuvent notamment être provoqués ou aggravés par certains médicaments utilisés, par exemple : des antibiotiques, des anti-inflammatoires, des médicaments contre la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, des médicaments à visée cardiaque...

De nombreux médicaments peuvent aussi provoquer ou aggraver des dépressions et des idées suicidaires : antiépileptiques ; médicaments contre la maladie d’Alzheimer ; antibiotiques ; antiviraux ; médicaments à visée pulmonaire, dermatologique, urologique, cardiaque ; des traitements hormonaux ; anti-inflammatoires dérivés de la cortisone ou non...

Quelles précautions ?

La prise de psychotropes exige certaines précautions.

Outre le fait qu’il est impératif de prévenir le médecin et le pharmacien de la préexistence de certaines pathologies (l’épilepsie et le Parkinson, par exemple) sur lesquelles les psychotropes peuvent avoir un effet néfaste, il est préférable d’éviter certaines substances, pendant le traitement.

Si vous consommez des drogues récréatives (cannabis etc.), vous risquez d’amplifier l’effet sédatif du psychotrope que vous prenez, de subir des crises de panique, et de retomber dans l’état qui a nécessité la prise initiale du médicament. La consommation d’alcool peut provoquer la somnolence et un sentiment d’angoisse. Le tabac, quant à lui, diminue l’efficacité de certains médicaments.

Du côté des femmes enceintes ou des femmes qui allaitent, il est plus prudent de vérifier avec un professionnel de santé l’absence d’éventuels effets nocifs pour la grossesse ou l’enfant à naître.

Les personnes âgées sont également particulièrement sensibles aux effets indésirables des médicaments, ce qui justifie souvent des posologies plus faibles que celles utilisées chez l’adulte.

Sources

"Les médicaments psychotropes", Psycom, septembre 2018. 

"État des lieux de l’utilisation de la Lévothyroxine en France", ANSM, Octobre 2013.

"Kardégic", Vidal, 17 septembre 2019.

"Doliprane", Vidal, 17 septembre 2019. 

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