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La stéatose hépatique c'est quoi ?

La stéatose hépatique c'est quoi ? © Adobe StockCirrhose Nash, maladie du soda, stéatohépatite... Tant de qualitifications pour cette maladie encore très peu connue du grand public. La stéatose hépatique est pourtant en phase de devenir la maladie du siècle, si ce n'est pas déjà le cas. "C'est une pathologie émergente dont on s'est rendu compte de la fréquence il y a seulement quelques années, explique le professeur Patrick Marcellin, Hépatologue et directeur d'équipe de recherche INSERM à l'hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine).

Comment elle se développe ? C'est une forme de cirrhose, mais qui ne se contracte pas par excès d'alcool même s'il peut y participer. On peut être atteint sans jamais avoir bu une goutte d'alcool. "Il s'agit d'une surcharge de graisses autour du foie qui altère son fonctionnement. Le foie étant le filtre de l'organisme, si son rôle est altéré toutes sortes de maladies peuvent en découler. Il en existe deux formes :

- La forme la moins grave : une surcharge de graisse dans le foie qui peut disparaître si on améliore son mode de vie (alimentation et sport).
- La forme la plus sévère : la stéatose hépatique évolutive ou NASH, celle qui, malgré tout effort, bien qu'ils soient nécessaires aussi à la survie du patient, entraîne des complications comme la fibrose, la cirrhose et le cancer du foie.

Qui elle touche ? "Plusieurs études américaines rapportent que 20% de la population là-bas a un foie trop gras, déclare le spécialiste. Parmi ces derniers, un tiers sont touchés par la version sévère. En France on estime qu'une personne sur 5 est touchée par cette pathologie et ce sont principalement les plus de 40/50 ans."

Jusqu'à maintenant on pensait que le foie trop gras était bénin, mais depuis une dizaine d'années il y a une véritable prise de conscience sur les complications entraînées par ce trouble.

Vous consommez trop d'aliments sucrés

Vous consommez trop d'aliments sucrés© Adobe StockSi la stéatose hépatique est aussi fréquente, c'est parce qu'elle est liée à notre mode de vie et en particulier à notre alimentation. "Elle est surnommée "la maladie du soda", non pas parce que ce sont ces boissons qui en sont particulièrement responsables, mais parce que cette qualification représente symboliquement le régime américain enrichi en sucre", déclare le pr Patrick Marcellin. C'est bel et bien le sucre le principal vecteur de cette accumulation de graisse.

Pourquoi ? "Le foie régule la glycémie dans le sang nécessaire pour le cerveau et les muscles, explique le spécialiste. Si on mange trop de sucre, le foie le stocke sous forme de graisses appelées les triglycérides. En cas de baisse de la glycémie, le foie va transformer les triglycérides en sucre pour pallier au manque, mais si on en consomme trop sans faire assez d'exercice alors, le sucre est stocké." C'est ainsi qu'on accumule une dose de graisses au niveau du foie. "L'image de cette pathologie est typiquement celle du mets préféré des repas de Noël : le foie gras, explique l'hépatologue. On gave les oies et les canards avec du sucre pour obtenir cet amas graisseux. Chez l'homme la mauvaise alimentation a le même effet."

Les aliments à éviter ? "Les principaux responsables ce sont les féculents remplis de sucre à absorption lente comme le pain. Ceux avec du sucre à absorption rapide comme les gâteaux, les sauces, les produits industriels ne sont pas en reste non plus", explique l'hépatologue. Le spécialiste pointe du doigt une addiction aux sucres cachés "dont la population n'est même pas consciente". "Il faut être gourmand ça n'est pas interdit, mais avec modération et en faisant du sport", ajoute-t-il.

A savoir : même si elle est surnommée "cirrhose non alcoolique", la stéatose hépatique, contrairement à la véritable cirrhose du foie n'est certes pas uniquement affectée par l'excès d'alcool, mais en consommer alors qu'on est atteint de stéathose hépatique multiplie le risque de complications en cancer du foie.

Une sensation de fatigue intense et une pesanteur

Une sensation de fatigue intense et une pesanteur© Adobe StockAfin d'éviter les formes d'aggravation les plus sévères de la pathologie, il est nécessaire de dépister la stéatose hépatique le plus tôt possible. Le problème avec cette pathologie, c'est que version bénigne, comme évolutive, elle est dans la plupart des cas : asymptomatique.

"On peut quand même noter une forme de fatigue intense", explique le Pr Patrick Marcellin, hépatologue. Le foie étant responsable, entre autre, de la circulation du sang et de la répartition de l'énergie dans le corps, s'il est engorgé, sa fonction est altérée, d'où l'impression de fatigue. Additionné à cet épuisement général, on peut également ressentir "une sensation de pesanteur du côté gauche en haut à droite de l'abdomen". Encore, une fois cette gêne est causée par l'altération de la fonction du foie due à l'engorgement. Il n'assure plus son rôle de filtre pour l'organisme et se laisse envahir par les toxines et il gonfle, d'où cette sensation de pression.

Diagnostic : regarder les Gamma GT lors d'une prise de sang

La stéatose hépatique étant généralement sans symptôme d'alerte, elle est diagnostiquée le plus souvent lors d'un bilan sanguin. "Si on multiplie les facteurs de risque (hypercholestérolémie, diabète, surcharge pondérable...), il ne faut pas hésiter à demander soi-même à son médecin un bilan hépatique", alerte le spécialiste.

Si les résultats révèlent une perturbation, "même une simple augmentation discrète des gamma GT et des transaminases, cela veut dire que le foie souffre", ajoute notre interlocuteur. Il faut donc éliminer toutes les causes possibles, une par une afin d'identifier pourquoi. Les médecins n'étant pas suffisamment formés, ni incités à dépister la NASH il faut demander des examens plus poussés, selon le spécialiste.

Dans le cas d'une stéatose, pas de panique. Le niveau de perturbation n'est pas proportionnel à la gravité de la maladie. L'étape suivante consiste à pratiquer une échographie pour observer le foie. S'il est trop gras, il apparaîtra très brillant pendant l'examen. "Le problème c'est que cette échographie ne permet pas de distinguer s'il s'agit d'un foie gras bénin ou d'une version évolutive, car dans le premier cas la fonction hépatique se poursuit, dans l'autre non ce qui représente un danger", ajoute le Dr Patrick Marcellin.
Pour savoir s'il s'agit d'une version sévère ou non, on pratique un examen appelé fibroscan qui permet de calculer la quantité de graisse dans le foie et d'établir s'il y a une fibrose ou pas. "Si c'est le cas, c'est sûrement qu'il s'agît du NASH évolutive", commente le spécialiste. Au moindre doute, le médecin fera effectuer une biopsie au patient afin d'établir le stade de la maladie.

Facteurs de risque : tour de taille trop élevé, cholestérol...

Facteurs de risque : tour de taille trop élevé, cholestérol...© Adobe StockLa stéatose hépatique est une maladie liée au mode de vie. C'est principalement une alimentation trop riche en graisse et en sucre associée à un manque d'exercice qui la favorise. "La surcharge du foie en graisse, et plus particulièrement la NASH, sont la manifestation hépatique du syndrome métabolique", explique l'Assurance maladie.
Le syndrome métabolique c'est quoi ? les personnes atteintes sont en obésité abdominale (avec un tour de taille supérieur à 94cm pour les hommes et supérieur à 80cm chez les femmes) associée à au moins un de ces facteurs :
- diabète (même faible)
- hypercholestérolémie (même faible)
- hypertension
- taux élevé de triglycérides

Toutes personnes multipliant ces facteurs de risque et présentant des signes de fatigue ou douleurs au niveau du foie devraient insister auprès de son médecin pour réaliser des tests sanguins afin de savoir où en est l'état de son foie.

Changer son mode de vie : une solution compliquée

"La stéatose hépatique est une maladie de société, explique le Pr Patrick Marcellin, hépatologue. On pourrait croire qu'elle est plus facile à éliminer qu'un virus puisque les facteurs dépendent de notre volonté, mais ça n'est pas le cas." Dans le cas d'une stéatose bénigne, tout peu revenir à la normale si on adopte un mode de vie sain. Il faut reprendre son alimentation en main et faire un peu de sport et le bilan hépatique devrait se stabiliser après quelques mois. L'ennui, c'est que changer de vie c'est difficile. "Avec mon expérience de clinicien je peux me permettre de dire que sur 100 malades, la moitié n'arrivent pas à perdre du poids, malgré l'aide des nutritionnistes et des médecins", se désole notre interlocuteur. Le stress, le manque de temps, le quotidien ... font que changer son mode de vie est très compliqué de nos jours.

Dans le cas d'une Nash évolutive, il n'y a pas encore de traitement. "Il existe quelques médicaments qui vont apparaître bientôt, mais ils ne sont pas encore assez efficaces", explique le spécialiste. La aussi les recommandation sont les mêmes, il faut améliorer son hygiène de vie au maximum afin de ralentir la pathologie et éviter qu'elle n'évolue en cirrhose ou en cancer du foie.

Sources

Merci au Pr Patrick Marcellin, Hépatologue et directeur d'équipe de recherche INSERM à l'hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine). 

Vidéo : Foie malade ? Les vrais signes !

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