Qu'est-ce qu'un polype du côlon ou rectum ?

Un polype est une tumeur bénigne pédiculée (reliée à l'organisme par un cordon contenant des vaisseaux sanguins), développée aux dépens de la muqueuse interne du côlon ou du rectum. Elle peut mesurer quelques millimètres à quelques centimètres. Les polypes peuvent être isolés, ou multiples, parfois en grappes.

On peut classer les polypes en fonction de :

  • leur type histologique, sachant que les plus fréquents sont les polypes adénomateux. On observe également des polypes hamartomateux, hyperplasiques ou inflammatoires ;
  • leur taille : les gros polypes sont plus à risque de transformation cancéreuse ;
  • leur forme ;
  • leur nombre ;
  • leur caractère familial  ou non.

Quels sont les différents types de polyposes familiales ?

Il existe plusieurs variétés de polyposes familiales :

La polypose adénomateuse familiale ou polypose recto-colique familiale

La polypose recto-colique familiale est une maladie héréditaire rare, pouvant atteindre toutes les générations d'une même famille. Le côlon est envahi par des polypes par centaines. Le risque de dégénérescence cancéreuse est systématique. Le dépistage génétique est possible dans les familles atteintes. Le traitement nécessite une colectomie totale.

Photo d'une polypose adénomateuse familiale

La polypose adénomateuse familiale ou polypose recto-colique familiale© Creative Commons

Crédit : Samir, Licence : CC BY-SA 3.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Le syndrome de Gardner

Ce syndrome héréditaire est rare et ressemble à la polypose recto-colique familiale. Cependant, aux polypes s’associent des tumeurs osseuses bénignes, des kystes cutanés et des troubles dentaires et ophtalmologiques. Le risque de transformation en tumeur cancéreuse est particulièrement élevé.

Le syndrome de Peutz-Jeghers

Il s’agit d’une maladie rare associant des polypes intestinaux et des lésions pigmentaires situées autour de la bouche (lentiginose péri-orificielle). Cette affection est peu grave, car les polypes dégénèrent rarement en cancer. Une surveillance et un traitement symptomatique suffisent généralement.

La polypose juvénile

Cette pathologie très rare se complique moins souvent de cancer.

D’autres polyposes très rares sont également décrites.

Les polypes colo-rectaux sont-ils fréquents ?

Les polypes colo-rectaux sont très fréquents. Leur prévalence augmente avec l’âge : elle est d’environ 7% entre 45 et 49 ans, 15% entre 50 et 59 ans et de 20% entre 65 et 69 ans.

Après autopsies, on peut observer jusqu’à 33% de sujets atteints de polypes colorectaux entre 65 et 74 ans.

Les cancers colorectaux sont beaucoup plus rares que les polypes, même s’ils sont au premier rang des cancers pour les deux sexes.

La polypose adénomateuse familiale est responsable de 1% des cancers colorectaux.

Quels sont les symptômes des polypes au côlon ?

Les polypes colorectaux ne provoquent pas ou peu de symptômes. C’est pourquoi leur présence doit être recherchée, surtout chez les sujets à risque. Les symptômes que l’on peut parfois observer sont :

  • des saignements dans les selles ou rectorragies, plutôt peu abondants ;
  • des douleurs rectales ou des faux besoins ;
  • la présence de glaires dans les selles ;
  • leur perception au toucher rectal en cas de polypes rectaux.

D'où viennent les polypes colo-rectaux ?

Les polypes peuvent survenir de manière isolée ou dans le cadre d’une polypose familiale. Certaines anomalies génétiques peuvent aussi provoquer la formation de polypes colorectaux.

D’autre part, les facteurs alimentaires ont également un rôle dans la cancérisation des polypes. Il s'agit :

  • d’une alimentation trop riche en graisses animales ;
  • de la consommation de viandes trop grillées ;
  • d’une faible consommation de fibres végétales.

Quels sont les facteurs de risques de polypes colo-rectaux ?

Il existe plusieurs facteurs de risque de développer des polypes intestinaux :

  • avoir plus de 50 ans ;
  • avoir un parent au premier degré atteint d’un cancer colorectal ;
  • avoir un antécédent personnel de cancer colorectal ;
  • avoir un antécédent personnel de polypes intestinaux ;
  • faire partie d’une famille atteinte de polypose familiale ;
  • être atteint d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique ;
  • être en surpoids ou obèse ;
  • avoir une consommation chronique de tabac et/ou d’alcool ;
  • avoir une alimentation riche en graisses et pauvre en fibres ;
  • être trop sédentaire.

Quelles sont les personnes à risque de polypes colorectaux ?

Les sujets les plus à risque de développer des polypes colorectaux sont ceux issus d’une famille atteinte de polypose familiale, ceux qui ont déjà eu des polypes ou un cancer colorectal, ceux qui sont atteints d’une maladie intestinale inflammatoire et les sujets de plus de 50 ans.

Durée : combien de temps peut-on rester avec des polypes ?

Les polypes colorectaux ne disparaissent pas spontanément. S’ils ne sont pas enlevés, ils peuvent grossir et se transformer en tumeur cancéreuse. Après leur ablation, la surveillance reste nécessaire par coloscopie régulière, en raison du risque de récidive.

Un polype qui se transforme en cancer - par défaut de surveillance ou de dépistage - provoque les symptômes suivants :

  • présence de sang dans les selles ;
  • troubles du transit intestinal (diarrhée, constipation, ou alternance) ;
  • perte de poids ;
  • anémie ;
  • fatigue.

Le risque de voir un polype se transformer en cancer, augmente avec l 'âge, sa taille et son type histologique villeux (aspect velu ou non).

Contagion : les polypes sont-ils contagieux ?

Les polypes colorectaux ne sont pas contagieux.

Polypes colo-rectaux : qui, quand consulter ?

  • En cas de formes familiales, il est nécessaire d’avoir un suivi par un gastro-entérologue. Il organisera la réalisation régulière d’une coloscopie pour dépister et traiter les polypes.
  • Si des symptômes sont présents, que le sujet soit à risque ou non, il est indispensable de consulter son médecin. Et en particulier en cas de rectorragies (émission, plus ou moins abondante, de sang rouge par l'anus). Le docteur orientera le patient vers un spécialiste pour la réalisation des examens complémentaires.
  • Lorsqu'il existe un ou plusieurs membres de la famille ayant eu un cancer colorectal, un premier dépistage doit être réalisé entre 30 et 40 ans. Il est suivi d’une surveillance tous les 5 ans si le premier dépistage est négatif, et tous les ans si des polypes sont présents.

Polypes colo-rectaux : quelles sont les complications ?

La principale complication des polypes colorectaux est leur transformation en tumeur maligne. Environ 2-10% des polypes vont se transformer en cancer et la majorité des cancers est issue de la dégénérescence de polypes. Les sujets de plus de 50 ans, ayant des antécédents familiaux de cancer du côlon ou du rectum ont un risque très élevé de voir leurs polypes dégénérer en cancer.

Les polypes de grande taille peuvent gêner le passage des selles et provoquer des troubles du transit, voire une occlusion intestinale s’ils sont trop volumineux.

Les saignements provoqués par les polypes colorectaux peuvent provoquer une anémie chronique.

Cancer colorectal : plus de risques si vos parents proches ont des polypes

Une récente étude du Karolinska Institutet (Suède) et de l'Université de Harvard (États-Unis), et publiée dans le British Medical Journal, démontre un lien entre les polypes intestinaux chez des parents proches et le risque de développer un cancer colorectal.

Nous savions déjà que ce cancer est souvent précédé de polypes dans la muqueuse du côlon. Ces travaux se sont intéressés à la relation entre le cancer colorectal et le fait d'avoir un parent au premier degré (c'est-à-dire ses parents, son frère ou sa sœur) ayant un polype colorectal.

Les chercheurs ont étudié 68 060 patients atteints de cancer colorectal et 333 753 témoins sains. Ils ont constaté qu'environ 8,4 % des participants atteints d'un cancer colorectal avaient un frère ou un parent atteint de polypes colorectaux, contre 5,7 % dans le groupe témoin. "Le risque était deux fois plus élevé chez les personnes ayant au moins deux parents au premier degré atteints de polypes", précise Mingyang Song, premier auteur de l'étude. 

Ces résultats suggèrent qu'avoir un terrain héréditaire pour les polypes intestinaux augmentent de 40 % le risque de souffrir d'un cancer colorectal. 

Quels sont les examens et analyses à faire en cas de polype colo-rectal ?

La coloscopie

L’endoscopie (recto-sigmoïdoscopie ou coloscopie totale) est l’examen clé pour le diagnostic des polypes. Cet examen est réalisé grâce à l’introduction par l’anus d’une caméra qui va permettre de visualiser l’ensemble de la paroi interne du rectum et du côlon. Il est généralement réalisé sous anesthésie générale, après quelques jours de préparation par régime sans résidu et de laxatifs.

L’intérêt de la coloscopie totale est double :

  • La confirmation du diagnostic : visualisation des polypes et biopsies dans le même temps. Ils rendent possible l'étude histologique au microscope, qui est le seul examen permettant de poser un diagnostic de certitude. L’aspect macroscopique est évocateur mais insuffisant.
  • Le traitement des polypes puisque leur ablation peut être réalisée au décours de l’endoscopie s’ils ne sont ni trop volumineux ni trop nombreux.

Le lavement baryté

Le lavement baryté est un examen radiologique de deuxième intention, lorsque la coloscopie est contre-indiquée. Un liquide radio-opaque permet de visualiser l’aspect morphologique de la paroi intestinale. Cet examen ne permet pas de diagnostic de certitude ni d’ablation des polypes.

Faut-il faire une coloscopie en cas de sang dans les selles ?

Mon conseil de médecin généraliste : même si la cause la plus fréquente de sang dans les selles est la présence d’hémorroïdes, celle-ci ne doit jamais être prise à la légère et motiver la réalisation d’une coloscopie, surtout chez le sujet à risque.

Traitements : comment se soignent les polypes colo-rectaux ?

La découverte d’un polype colique ne doit pas rester sans surveillance ni traitement. La prise en charge la plus efficace consiste en l’ablation du ou des polypes, ou polypectomie.

La polypectomie

La polypectomie, ou ablation de polypes colo-rectaux, est généralement réalisée sous endoscopie. Elle est indiquée lorsque les polypes ne sont ni trop nombreux ni trop volumineux. Lorsqu’ils sont enlevés au cours de la coloscopie, les polypes sont ensuite analysés en anatomo-pathologie. Si aucune transformation cancéreuse n’est visible, une simple surveillance suffit. Dans le cas contraire, un traitement complémentaire peut être nécessaire.

Lorsque les polypes sont trop nombreux ou trop volumineux, une colectomie, ou ablation de tout ou partie du côlon, peut être indiquée en raison du risque élevé de complications, notamment cancéreuses.

Schéma d'une polypectomie

La polypectomie© Istock

Le traitement des polyposes familiales

Pour certaines polyposes familiales, le risque de transformation en cancer est très important, et pouvant nécessiter l’ablation complète du côlon. Une anastomose, c’est-à-dire le rétablissement de la continuité entre l’intestin grêle et le rectum peut être effectuée dans le même temps ou dans un second temps chirurgical. La pose d’une colostomie, ou anus artificiel, peut être parfois nécessaire, temporairement ou définitivement.

La surveillance

Après un traitement pour polypes recto-coliques, la surveillance est un élément essentiel, compte-tenu de la fréquence des récidives et du risque de transformation en cancer colique. Elle est réalisée par le biais d’une coloscopie annuelle. En cas de saignements ou d’autre symptôme évocateur, celle-ci pourra être réalisée plus précocement.

Prévention : comment éviter les polypes colo-rectaux ?

La prévention des polypes colorectaux et de leur risque de cancérisation, passe par la réalisation d’une coloscopie régulièrement  chez les sujets à risque.

Des études ont récemment montré que l'aspirine et les inhibiteurs de COX-2 pourraient éviter la formation de nouveaux polypes chez le patient qui en a déjà eu. Il reste à préciser le rapport bénéfice/risque d’un tel traitement au long cours en raison de ses effets secondaires potentiels.

Sites d’informations et associations

Des sites d’informations et des forums d’entraide sont consultables via internet ou par téléphone. Il s’agit de :

Sources

https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/polypes-colon-rectum

https://www.hopital-dcss.org/soins-services-hopital/informations-medicales/item/156-tumeurs-colon-rectum-polypes-cancers.html

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2013-07/referentieleps_format2clic_kc_colon-vfinale_2013-07-24_16-05-56_103.pdf

https://medicalxpress.com/news/2021-05-intestinal-polyps-relatives-colorectal-cancer.html