Définition : qu'est-ce qu'une pyélonéphrite?

La pyélonéphrite est une infection des voies urinaires hautes, autrement dit des reins et du bassinet rénal

Le mot « pyélonéphrite » est composé de deux termes :

  • le « pyélon », autre nom du bassinet rénal (réservoir collectant les urines provenant de toutes les parties du rein, en forme d'entonnoir),
  • et la « néphrite », qui désigne l’inflammation du rein.

La pyélonéphrite peut toucher les adultes comme les bébés / enfants, mais elle est plus fréquente chez les femmes âgées de 15 à 65 ans. Il s’agit d’une atteinte bactérienne des voies urinaires hautes et du tissu fondamental des reins que l’on appelle le parenchyme rénal. La bactérie Escherichia Coli étant généralement l’agent infectieux incriminé.

Chez le nourrisson et l'enfant, cette infection urinaire bactérienne touchant le rein peut être particulièrement grave. 

Pyélonéphrite et cystite : quelle différence ?

  • La pyélonéphrite est une infection de l’appareil urinaire haut (reins et bassinet)
  • La cystite  est une infection urinaire localisée à la vessie. Elle entraîne des brûlures lors de la miction 
  • La pyélonéphrite aigüe fait souvent suite à une infection urinaire ou cystite aigüe mal soignée ou récidivante. 
  • La pyélonéphrite est une infection plus grave qu'une cystite. Elle peut détruire le rein. Les complications de la pyélonéphrite sont la septicémie (infection dans le sang) et les cicatrices rénales (pouvant altérer le fonctionnement du rein)

Chiffres

Tout le monde peut être concerné par la pyélonéphrite, mais on constate :

  • que 6 % des femmes présentent des bactéries responsables de cette infection dans leur urine, sans même en avoir connaissance
  • que 1 à 2 % des grossesses donnent lieu à une pyélonéphrite chez la femme enceinte
  • que les jeunes enfants peuvent également être touchés, notamment les petites filles (la longueur réduite de leur urètre facilite la contamination) et les petits garçons de moins de 3 mois.

Le Dr Jean-Pierre Laugel, omnipraticien titulaire basé en Alsace, nous indique que 7 % des enfants de 2 à 24 mois qui connaissent une élévation inexpliquée de la température (pas d’affection ORL ou autres) se révèlent atteints de pyélonéphrite.

Symptômes de la pyélonéphrite du bébé et du jeune enfant

Symptômes de la pyélonéphrite chez le nourrisson (moins de 2 ans) : fièvre isolée, couleur des urines, vomissements, fatigue...  La pyélonéphrite n’est pas évidente à repérer chez les enfants en bas âge.

La pyélonéphrite chez le nouveau-né se manifeste généralement par :

  • une fièvre isolée et inexpliquée : Une très forte fièvre se situe entre 39 et 40°C alors que le nourrisson n’est pas touché par une maladie infantile ou par une autre pathologie susceptible d’être à l’origine de cette température élevée. Ce symptôme est particulièrement important, et doit inciter à consulter en urgence votre pédiatre ou médecin traitant !
  • des urines de couleur ou d’odeur différente, du sang dans les urines ou des pleurs lors de la miction
  • une perte d’appétit ou de poids
  • vomissements, douleurs abdominales, nausées, diarrhées...
  • une plus grande fatigue
  • Il ne tète pas suffisamment 
  • Il est grognon
  • Il est pâle

Attention, ces différents symptômes n’apparaissent pas forcément de façon simultanée.

Pyélonéphrite du bébé et du jeune enfant : quelles causes?

Pyélonéphrite du nourrisson : une bactérie en cause ?

La plupart du temps, la bactérie à l’origine de la pyélonéphrite est la Escherichia Coli.

La pyélonéphrite fait généralement suite à une infection urinaire basse, à savoir  la cystite, non diagnostiquée ou mal traitée.

Chez le nourrisson, la pyélonéphrite peut aussi être due à des anomalies rénales, comme :

  • un reflux vésico-urétéral (RVU) lié à l’immaturité du clapet (l’urine présente dans la vessie remonte dans les uretères, ce qui achemine des bactéries jusqu’au rein), c’est le cas pour 75 % des infections urinaires chroniques chez l’enfant,
  • ou encore un syndrome de la jonction pyélo-urétérale, à savoir un rétrécissement de l’uretère à la jonction du rein, qui perturbe le passage des urines vers la vessie.

À noter : Reflux vésico-urétéral (RVU) : une malformation des voies urinaires est la principale cause de pyélonéphrite chez le bébé. Cette malformation entraîne une remontée de l’urine depuis la vessie jusqu’aux reins. C’est ce que l’on appelle le reflux vésico-urétral. Si le problème ne disparaît pas spontanément après l’âge de 2 ans, ce qui est peu fréquent, une intervention chirurgicale peut être effectuée. Une fois soigné, le bébé ne présente généralement plus de pyélonéphrites à répétition.

Personnes à risque et facteurs favorisant la pyélonéphrite du bébé

La bactérie Escherichia Coli

La bactérie Escherichia Coli, qui se trouve naturellement dans l’intestin, peut aussi être présente autour de l’anus.

Photo : l'Escherichia coli ou colibacille et abrégée en E. coli, est une bactérie intestinale

La bactérie Escherichia Coli© Creative Commons

Crédit : Photo by Eric Erbe, digital colorization by Christopher Pooley, both of USDA, ARS, EMU. — ARS Image Gallery Image Number K11077-1 (highres) © CC/Domaine Publique - Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:E_coli_at_10000x.jpg

Comment essuyer son bébé ?

Les conseils du Dr Jean-Pierre Laugel :

« Le fait d’essuyer l’anus de votre bébé de l’arrière vers l’avant augmente le risque de faire passer la bactérie dans son urètre (le canal de sortie de la vessie), notamment s’il s’agit d’une petite fille. Mieux vaut l’essuyer de l’avant vers l’arrière. »

Pyélonéphrite du bébé et jeune enfant : quel sexe est le plus touché ?

Jusqu’à 3 mois, la pyélonéphrite se retrouve plus fréquemment chez les petits garçons, notamment s’ils ne sont pas circoncis.

Par la suite, ce sont les petites filles qui sont davantage confrontées à cette infection.

Durée de la pyélonéphrite chez le bébé

Cette infection urinaire peut continuer à empirer tant qu’elle n’est pas éliminée. Le traitement antibiotique, quant à lui, peut s’étaler sur plusieurs mois, en particulier s’il y a des anomalies rénales à corriger.

La pyélonéphrite du nourrisson est-elle contagieuse ?

La pyélonéphrite chez le bébé n’est pas contagieuse, à l’instar de la cystite. La bactérie Escherichia Coli, responsable de la plupart des infections urinaires, ne peut pas être transmise à une tierce personne et ne survit pas à l’air libre.

Qui, quand consulter ?

Vous avez constaté l’apparition d’un ou de plusieurs symptômes cités plus haut (et notamment une fièvre inexpliquée) chez votre nourrisson ? Rendez-vous au plus vite chez le pédiatre pour le faire examiner.

Complications de la pyélonéphrite chez le bébé

Cette infection urinaire bactérienne chez le bébé est grave et peut finir par provoquer :

  • des cicatrices rénales, voire la destruction du rein,
  • ou une septicémie – une infection généralisée potentiellement mortelle.

Diagnostic de la pyélonéphrite chez le bébé et le jeune enfant

Analyse d'urine : comment recueillir l’urine du nouveau-né ?

Une analyse d’urine doit impérativement être pratiquée afin de confirmer ou d’infirmer la présence d’une infection bactérienne.

Pour recueillir le « pipi » du bébé, il convient :

  • soit de le récupérer directement depuis le jet d’urine (pour éviter de fausser les résultats en analysant des bactéries concomitantes),
  • soit de disposer une compresse dans la couche, puis d’appliquer une bandelette spécifique sur la compresse dès que celle-ci est mouillée.

Photo : examen des urines grâce à une bandelette urinaire

Analyse d'urine : comment recueillir l’urine du nouveau-né ?© Creative Commons

Crédit: Grook Da Oger - Copyright: CC/Public Domain - Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Urine_trouble_-_BU_sang_nitrite_leucocyte.jpg

Test avec une bandelette, ECBU et antibiogramme

Une réaction positive de la bandelette traduit la présence de leucocytes et de nitrites.

Dans ce cas, il faut effectuer un examen cytobactériologique des urines (ECBU) afin de rechercher la présence dans les urines uniquement prélevées par le laboratoire:

  • d’une grande quantité de bactéries
  • de pus
  • de leucocytes en augmentation, c’est-à-dire une élévation du nombre de globules blancs

Un délai de 48 heures est habituellement nécessaire pour obtenir les résultats et tester l’effet des antibiotiques sur la bactérie, par antibiogramme. Le traitement antibiotique doit toutefois démarrer sans plus attendre. Il sera poursuivi ou corrigé en fonction des résultats de l’ECBU.

Focus sur l'examen cytobactériologique des urines (ECBU) : quel fonctionnement ?

  • En cas de résultat positif de l'ECBU, le laboratoire poursuit ses travaux de recherches afin d’identifier avec précision la bactérie responsable de l’infection ainsi que l’antibiotique le plus efficient contre cette bactérie. Quelques heures seulement après le prélèvement d’urines, si le tout-petit souffre de pyélonéphrite, il est placé sous antibiotiques. Le médecin prescrit donc au départ un traitement dit probabiliste afin que la prise en charge du jeune enfant soit immédiate.
  • 48 heures plus tard, lorsque le laboratoire a obtenu les résultats de la deuxième phase des analyses, le traitement est adapté par le médecin à l’antibiogramme, la bactérie ayant été clairement identifiée. Une hospitalisation est décidée lorsque l’état général du bébé ne s’améliore pas malgré les médicaments.
  • L’enfant est alors placé sous haute surveillance, et un traitement antibiotique continue de lui être administré, mais cette fois par voie intraveineuse.

Pyélonéphrite du bébé : quels traitements ?

Soigner la pyélonéphrite du bébé : prise d’antibiotiques par voie intraveineuse, puis par voie orale

  • Chez le nouveau-né de moins de 3 mois, le traitement antibiotique de la pyélonéphrite est délivré par perfusion. Il faut donc procéder à une hospitalisation de quelques jours.
  • À un âge plus avancé, et si le nourrisson est en bonne santé, le traitement peut démarrer par voie intraveineuse avant d’être poursuivi par voie orale.

Pyélonéphrite du nourrisson et résistance croissante des bactéries

Certaines bactéries, comme les bactéries Escherichia Coli, deviennent de plus en plus résistantes, et la communauté scientifique s’interroge sur la meilleure manière de lutter contre les infections urinaires chez l’enfant.

Comment prévenir la pyélonéphrite chez le bébé et le jeune enfant ?

Une échographie pour repérer les anomalies rénales

Après une pyélonéphrite chez le bébé, il est important de pratiquer une échographie en vue de repérer l’un des syndromes malformatifs précédemment évoqués.

Dépistage d'un reflux vésico-urétéral (RVU) et cystographie rétrograde

Afin de confirmer le diagnostic de reflux vésico-urétéral (RVU), le Dr Jean-Pierre Laugel précise que l'échographie des voies urinaires doit être suivie d’une cystographie rétrograde. Cet examen, qui dure généralement moins d’une heure au total, consiste à introduire un produit dans la vessie (via une sonde introduite dans l’urètre ou par injection). Des radios sont ensuite réalisées lors du remplissage de la vessie, puis lorsque l'enfant urine.

Le conseil du Dr Jean-Pierre Laugel : « il est également important de procéder à un dépistage anténatal de ces malformations, lors des échographies de la femme enceinte.

Guérison sous l’effet des antibiotiques ou intervention chirurgicale

En général, ces anomalies disparaissent d’elles-mêmes sous l’effet d’un traitement antibiotique à petite dose, maintenu sur plusieurs mois. Si ce n’est pas le cas, une intervention chirurgicale peut néanmoins s’avérer nécessaire.

Réduire les adhérences préputiales et soigner les phymosis

Par ailleurs, chez le petit garçon, des adhérences préputiales, des balanites (infections du prépuce) ou un phimosis peuvent être à l’origine d’infections urinaires fréquentes. Le Dr Laugel nous indique ainsi qu'une circoncision peut éventuellement être envisagée pour mettre un terme à ces infections.

Sites d’information et associations

Association française d'urologie : https://www.urofrance.org/

Sources

Assurance Maladie, comprendre la pyélonéphrite aigüe, 16 mai 2017 [consulté le 08/11/2019]

Vidal, Pyélonéphrite aiguë du nourrisson et de l’enfant, 22 octobre 2019 [consulté le 08/11/2019]

https://icd.who.int/browse10/2016/en#/N10 [consulté le 08/11/2019]

https://patient.info/doctor/pyelonephritis [consulté le 08/11/2019]