Infarctus rénal : les symptômes à ne surtout pas laisser passerIstock
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L’infarctus rénal correspond à une destruction partielle ou totale du parenchyme rénal, partie du tissu rénal qui filtre le sang et produit l’urine.

C’est l’occlusion d’une artère rénale, ou d’une de ses branches, qui va causer l’infarctus. Loin d’être sans conséquence, il peut être à l’origine d’hypertension sévère, d’insuffisance rénale, voire de perte complète de la fonction du rein concerné.

En raison de l’absence de symptômes spécifiques, le diagnostic est parfois méconnu des médecins. Une autre pathologie abdominale (foie, intestin, pancréas, cœur) est alors souvent accusée, à tort.

Néanmoins, certains signes peuvent déceler l'infarctus rénal. Les patients "à risque" sont parfois identifiables. On fait donc le point avec le Dr Frank Martinez, néphrologue et médecin hospitalier du service de néphrologie et de transplantation rénale de l’hôpital Necker (Paris).

Les signes révélateurs de l’infarctus rénal

"Comme le cœur, le rein est un organe pourvu d’une vascularisation essentiellement terminale, ce qui le rend à risque d’infarctus", explique le praticien. Et pour cause, les organes dont la vascularisation est dite terminale sont nourris par une seule artère.

Lorsque l’infarctus survient, la vascularisation du rein s’arrête brutalement. "Il va y avoir une nécrose du tissu, décris le Dr Martinez. Elle va provoquer trois symptômes, non constants".

"En premier, je cite la douleur lombaire causée par la nécrose. On évoque alors une colique néphrétique, mais il n’y a pas de calcul. La douleur peut être inconstante et, de ce fait, laisser penser à une douleur musculaire ou à une lombalgie provenant de la colonne vertébrale. Et c’est un des pièges".

Par ailleurs, l’hypertension peut aussi révéler un infarctus rénal. "L’hypertension très sévère peut être un facteur de risque d’infarctus rénal, mais ce dernier peut, par lui-même, déclencher ou aggraver une hypertension préexistante", estime le Dr Martinez. Et pour cause, le rein est l’organe qui régule la tension artérielle. "Lorsqu’il se trouve nécrosé, une poussée hypertensive peut survenir, estime le docteur. La tension et le rein étant très liés. Si ce n’est pas une hypertension qui cause l’infarctus en question, ce dernier peut la provoquer".

Enfin, la présence de sang dans les urines peut être signe d’un infarctus rénal. "Quand l’organe se nécrose, cela génère ce que l’on appelle une hématurie, précise le Dr Martinez. Nécrosé par l’infarctus, le tissu rénal saigne et s’infiltre dans la voie urinaire, ce qui explique la présence de sang". Mais à ce stade, l’infarctus a déjà eu lieu depuis un moment. Si ce symptôme apparaît, il est donc déjà trop tard. "C’est en partie pour cette raison qu’il est si difficile de prévenir et diagnostiquer un infarctus du rein. Lorsque survient le symptôme le plus explicite, le mal est déjà fait", déplore le spécialiste.

Les causes de l’infarctus rénal

L’embolie cardiaque peut être une des causes de l’infarctus rénal : l’arythmie dont souffrira alors le patient peut provoquer l’infarctus, par un mécanisme embolique associée à l’irrégularité cardiaque. Un caillot se forme et s’immisce alors dans l’artère rénale "Il peut toucher un tiers d’un rein, un rein complet, voir les deux reins", poursuit le praticien. L’arythmie est une irrégularité qui favorise la formation de caillots dans le cœur, susceptibles de 'migrer' dans de nombreux viscères : cerveau (AVC), mésentère (infarctus digestif), ou ischémie d’une jambe.

"Les maladies de l’hémostase (sang trop coagulable) peuvent aussi être à l’origine d’un infarctus rénal, ajoute le Dr Martinez. Une hémostase déficiente traduit un trouble de la coagulation sanguine. Elle provoque un infarctus rénal spontanément en créant un caillot sanguin. Souvent, il s’agit d’anomalies génétiques perturbant le taux ou la qualité d’un ou plusieurs facteurs de coagulation. Comme d’autres veines ou artères, celles des reins peuvent donc se boucher".

Enfin, le praticien évoque les pathologies de l’aorte et des artères rénales parmi les causes de l’infarctus. "C’est un athérome (dépôts) très important de l’aorte (plaque occlusive et/ou ulcérée) et de ses branches : artères des reins en l’occurrence. Souvent dans ces cas, l’obstruction artérielle est progressive et silencieuse", décrit-il. L’artère rénale va se disséquer, se fendre en deux et se boucher, entraînant une nécrose du tissu rénal.

L’infarctus rénal : les conséquences peuvent survenir des années plus tard

"Il est souvent difficile de déceler un infarctus du rein à temps, alerte le Dr Martinez. En effet, le rein est un organe assez silencieux et les infarctus survenant dans cette zone ont tendance à être petits. Il est donc imaginable de passer à côté de certains infarctus rénaux". Les personnes à risques vont être les hypertendues, et les patients atteints de maladies cardiaques avec arythmie.

"Il arrive que certaines personnes subissent l’infarctus du rein, sans jamais s’en apercevoir et les conséquences surviennent des années plus tard : c’est la constitution d’une insuffisance rénale dite ischémique par défaut d’irrigation de l’organe rénal. L’insuffisance rénale peut même être sévère et impliquer une greffe ou dialyse. En effet, 10 % des malades dialysés le sont, sans doute, pour une pathologie athéro-embolique rénale.

"En outre, l’infarctus rénal peut tout autant accélérer le processus du vieillissement rénal". En effet, à partir de 50 ans, vous perdez 1 % de rein chaque année. "Donc, si en plus vous avez été victime d’un infarctus rénal, il est fort probable que vos reins vieillissent plus vite", estime le spécialiste.

Après le diagnostic, quelles sont les chances de survie ?

Des examens peuvent confirmer le diagnostic de l’infarctus. En tête de liste : l’échographie doppler. "Au-delà de la simple échographie, elle étudie les flux sanguins des veines et des artères des reins, ainsi que les zones non perfusées", précise le Dr Martinez.

"Les chances de survie sont relativement élevées, rassure le médecin néphrologue. Chacun de vous possède deux reins. Et en principe, l’infarctus rénal n’en touche qu’un seul. Vous pouvez très bien vivre avec un seul rein. En revanche, les choses se compliquent si l’infarctus concerne plus d’un rein…ou encore si vous possédez déjà un rein défaillant".

Le docteur met en garde les patients à tendance arythmique ainsi que les personnes souffrant d’un excès de coagulation du sang, non traitées par anticoagulants. "Le risque, si vous souffrez d’excès de thrombo-embolique élevé, c’est de ne pas traiter avant qu’une nécrose ou infarctus survienne, qu’il soit rénal ou qu’il touche un autre organe (parfois vital)".

Sources

Merci au Dr Frank Martinez, néphrologue et médecin hospitalier au service de transplantation rénale de l’hôpital Necker (Paris), auteur de D’autres reins que les miens, éd. Cherche Midi

Urofrance.org 

mots-clés : Rein, dialyse

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