Définition

L’herpès est une infection virale provoquée par deux types de virus : l’Herpès Simplex 1 (HSV1) et l’Herpès Simplex 2 (HSV2). Les localisations sont variées : bouche, organes génitaux, doigts, œil, méninges…

L’herpès génital, lui, est quasiment exclusivement dû au virus Herpès Simplex 2. « C’est une maladie sexuellement transmissible fréquente, très contagieuse, qui se transmet presque exclusivement par voie sexuelle (rapports sexuels génitaux, anaux ou bucco-génitaux) », explique le docteur Brice Njomgang, gynécologue-obstétricien. L’herpès génital, comme l’herpès oral, est la plupart du temps asymptomatique.

« Mais une fois dans l’organisme, le virus reste à vie dans le corps. Après ce qu’on appelle la primo-infection (c’est-à-dire la première manifestation de l’infection), il peut ensuite se manifester sous forme de poussées », explique le médecin. Ainsi, des lésions vésiculaires ou ulcéreuses et douloureuses peuvent apparaître sur la zone infectée, par poussées. « Ces symptômes sont pénibles et récidivants, ce qui peut perturber la vie sexuelle des patients », précise-t-il.

Chiffres

L’herpès génital provoqué par le HSV-2 est un problème mondial, selon l’OMS. En se basant sur les chiffres de 2012, elle estime que 417 millions de personnes âgées de 15 à 49 ans sont touchées par une infection à HSV-2, principalement responsable de l’herpès génital. Mais en ajoutant les chiffres de l’herpès génital causé par le HSV-1, les chiffrent révèlent d’un demi-milliard de personnes dans cette tranche d’âge sont touchés par une infection génitale (provoquée par le HSV-1 ou le HSV-2).

L’OMS estime que sa prévalence (cas d'une maladie dans une population à un moment donné) « est la plus élevée en Afrique (31,5%), puis dans les Amériques (14,4%) ».

La fréquence de la maladie augmente avec l’âge, et plus de femmes que d’hommes sont infectées par le HSV-2. En effet, la transmission est plus efficace de l’homme à la femme que l’inverse.

En France, l'herpès génital touche environ 20 % de la population sexuellement active.

Symptômes

L’herpès génital est, la plupart du temps, asymptomatique. Ainsi, l’OMS estime que seul 10 à 20% des patients touchés par le HSV-2 ont eu un diagnostic d’herpès génital. « Il existe de nombreuses formes asymptomatiques d'herpès génital, ce qui fait que la moitié des sujets infectés ne présentent aucun signe », explique le gynécologue. Il faut donc savoir que le virus peut être présent de manière intermittente sur les muqueuses, même chez une personne a priori saine.

Quels sont les signes d'une primo-infection ?

Lors des poussées, des lésions peuvent apparaître sur la zone infectée. On appelle la primo-infection la toute première poussée, qui débute de 7 à 21 jours après le contact sexuel infectant.

« On distingue la primo-infection, c’est-à-dire la première poussée et les récurrences », explique le gynécologue. En effet, « la première poussée est généralement plus violente. Elle est souvent précédée ou accompagnée de maux de tête, de fièvre, de fatigue, de douleurs musculaires et voir de ganglions », explique-t-il. Dans les 24 à 48 heures, après ces signes avant-coureurs, il y a l’apparition de vésicules au niveau des organes génitaux. Ils peuvent mettre deux fois plus longtemps à guérir en cas de primo-infection, soit deux semaines. Ensuite, 50 à 70% des patients ne feront pas de récidives d’herpès génital.

Comment reconnaître les poussées d’herpès génital ?

Si elles sont assez facilement reconnaissables pour le médecin, les patients peuvent facilement confondre les symptômes de l’herpès génital avec d’autres infections moins grave. Ainsi, ces lésions se présentent de la même manière en cas d’herpès génital chez les femmes et chez les hommes :

  • « Une poussée de vésicules douloureuses, comme des cloques transparentes, apparaissant en "bouquet" sur les parties génitales », décrit le médecin.
  • Elles peuvent aussi apparaître sur les zones anales, voire parfois les cuisses, le vagin ou le col de l’utérus pour l’herpès génital chez les femmes, ou encore l’urètre chez l’homme. Ces poussées peuvent parfois rendre la miction douloureuse, si l’urine rentre en contact avec les plaies.
  • En cas d’herpès génital chez l'homme, l’infection entraîne une balano-posthite (inflammation du gland et du prépuce) avec urétrite (inflammation de l'urètre).
  • L’herpès génital chez la femme entraîne une vulvo-vaginite aiguë fébrile (inflammation de la vulve et du vagin) avec méatite ou cervicite (atteinte du méat urinaire ou du col utérin).
  • « Lorsque ces vésicules vont se rompre, elles vont former des ulcères très vifs. Ceux-ci vont ensuite faire des croûtes et commencer à guérir », explique le docteur.

En temps normal, ces vésicules mettent quelques jours à guérir, et ne laissent généralement pas de cicatrices.

Photo : virus herpès simplex

Comment reconnaître les poussées d’herpès génital ?© Creative Commons

Crédit : CDC/Dr. Erskine Palmer © CC - Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Herpes_simplex_virus_TEM_B82-0474_lores.jpg

Causes

L’herpès génital se transmet par contact direct avec une personne infectée. Ainsi, entrer en contact directement avec les lésions lors d’une poussée démultiplie les chances de contracter le virus. Mais on peut aussi, plus rarement, l’attraper en dehors des poussées, car le virus est toujours présent à la surface de la peau.

Une fois contracté, le virus de l'herpès va coloniser les ganglions nerveux sensitifs et rester latent pendant une période plus ou moins longue.

Puis, il va parfois réapparaître, en cas de stress ou de baisse de l’immunité, toujours dans la zone où il a été contracté. À noter que si le HSV-2 est responsable de l’herpès génital dans la majorité des cas, le HSV-1 peut également être transmis dans la zone génitale lors des rapports oro-génitaux.

Facteurs de risques

Il n’y a pas de facteur de risque pour attraper le virus de l’herpès, puisque n’importe-qui peut être porteur. « En effet, environ 20% de personnes porteuses du virus ne vont pas avoir les symptômes et 60% ont les symptômes tout en ignorant qu’elles sont porteuses et contagieuses. Seuls 20% des personnes savent qu’elles en souffrent », précise le docteur. La personne n'étant pas au courant, elle va le transmettre à son/ses partenaire(s). Néanmoins, certains facteurs environnementaux peuvent favoriser la poussée d’herpès chez les personnes contaminées :

  • Le stress, l’angoisse, la fatigue, le surmenage ou le décalage horaire.
  • Des plaies à la zone de contamination au virus.
  • Une infection (grippe, angine, fièvre…) entraînant une fièvre ou une baisse du système immunitaire.
  • La consommation d’alcool.
  • Les règles chez les femmes.
  • Le soleil ou encore le froid.

Personnes à risque

L’herpès génital est plus fréquent chez les personnes âgées de 25 à 35 ans, et est plus présent chez les femmes, car la transmission est plus efficace de l’homme à la femme que l’inverse.

Mais la maladie peut être plus grave chez certaines personnes, comme les patients immunodéprimés ou les personnes touchées par le VIH : les symptômes sont plus sévères lors de la primo-infection et les récidives plus fréquentes et plus longues. Il y a également un plus grand risque de complications.

Enfin, un herpès génital chez une femme enceinte doit amener le médecin à prendre de nombreuses précautions lors de l’accouchement pour éviter la transmission au nouveau-né.

Durée

En général, une poussée d’herpès dure huit jours. Elle débute par des démangeaisons et brûlures fugaces à l’endroit où vont apparaître les lésions, 24 à 48 heures avant.

Les vésicules apparaissent, puis vont éclater quelques jours après et former de petites érosions suintantes douloureuses. Enfin, lorsque qu’apparaissent des croûtes, cela signifie que la fin de la crise est presque là.

Contagion

L'herpès génital est-il contagieux ?

Le virus de l’herpès est très contagieux, c’est pourquoi 70% des personnes ont contracté l’une des deux formes en France. Il faut savoir que, si cette infection est plus contagieuse lorsqu’on entre en contact directement avec les lésions, il peut aussi se transmettre également en l’absence de symptômes.

Il faut toujours être vigilant lorsqu’on est touché par l’herpès génital et toujours porter un préservatif (même en dehors des poussées) pour ne pas contaminer son partenaire. « Et lorsqu’il y a des signes précurseurs des poussées, il faut éviter d’avoir des rapports génitaux, anaux et buccaux, pour être certain de ne pas le transmettre », précise le gynécologue.

L'herpès génital se transmet-il de la mère au bébé ?

Le risque le plus grave est la transmission du virus au nouveau-né à l’accouchement, lorsque la femme enceinte est infectée, ce qui peut être très grave pour la santé de l’enfant. Cette situation est cependant rare : environ 3 cas pour 100 000, soit 20 cas par an en France, estime l’Assurance Maladie. En effet, dès que la femme enceinte a prévenu son gynécologue des symptômes, celui-ci peut agir en prévention pour réduire le risque de transmission.

Qui, Quand consulter ?

Dès le moment où une personne commence à avoir les premiers symptômes, elle doit consulter son médecin. Pour l’herpès génital, il vaut mieux consulter son gynécologue ou son urologue, qui saura donner des conseils spécifiques pour bien vivre avec la maladie.

Illustration : herpes Simplex Virus 2

Qui, Quand consulter ?© Creative Commons

Crédit : Victoramuse - Own work © CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/

Complications

« Généralement, chez les personnes en bonne santé, il n’y a pas de conséquences sérieuses à un herpès génital », indique le médecin. Mais chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli, cela peut être plus grave et les poussées peuvent durer un peu plus dans le temps. « Dans de rares cas, l’herpès génital peut être à l’origine d’une méningite. De plus, ces symptômes peuvent isoler les patients, entraîner une baisse de confiance ou une asocialité », ajoute le médecin. Il faut également être vigilant en cas de suspicion de conjonctivite : « Cela peut être en réalité un herpès oculaire, pouvant entraîner des lésions de la cornée et même une cécité ».

Herpès génital et VIH

Chez les personnes vivant avec le VIH, ou qui sont immunodéprimés, l’herpès génital est souvent plus sévère et les récidives plus fréquentes. De plus, il a été démontré qu’il y a une influence mutuelle entre le HSV-2 et le VIH, comme le rappelle l’OMS. « L’infection à HSV-2 multiplie presque par trois le risque de contracter une nouvelle infection à VIH. De plus, ceux qui ont simultanément les deux infections ont une probabilité plus grande de transmettre le VIH », précise l’Organisation mondiale de la Santé.

Examens et analyses

Le diagnostic de l’herpès, génital, comme labial, se fait cliniquement : « On n’a pas besoin d’examen, lorsque la malade va présenter tous les signes, on reconnaît le virus à l’œil nu », explique le docteur Brice Njomgang. « Si on veut une preuve, on va faire un prélèvement du liquide qui sort de la vésicule au niveau de la lésion, qui pourra confirmer qu’il s’agit bien d’une lésion herpétique », ajoute-t-il.

Il est également possible de faire une sérologie (prise de sang pour rechercher la présence du virus dans le sang), mais si on fait ce prélèvement et qu’il est positif, on saura que la personne est porteuse et a déjà été infectée, mais cela ne veut pas dire qu’elle fait une poussée d’herpès, puisque de nombreuses formes sont asymptomatiques. Enfin, si le patient fait des récidives fréquentes, guérissant mal ou ne répondant pas aux antiviraux, une recherche d’immunodépression (VIH) sera faite.

Traitements

Comment guérir de l’herpès génital ?

« Une fois qu’on a attrapé le virus de l’herpès, on ne s’en débarrasse plus. On peut traiter les symptômes avec des médicaments antiviraux mais, après l’épisode initial, ils peuvent récidiver », explique le docteur. À savoir que les récurrences de l’herpès génital à HSV-1 sont en général beaucoup moins fréquentes que pour le HSV-2. Le traitement du virus de l’herpès génital aidera donc à réduire l’intensité et la durée des poussées, mais ne permet pas de guérir complètement l’infection. Ainsi, les médicaments antiviraux les plus efficaces contre l’herpès génital pour la femme et l’homme sont l’Acyclovir, le Famciclovir et le Valacyclovir, le plus souvent par voie orale. Ces traitements doivent être pris le plus tôt possible après l’apparition des symptômes. « Comme dans toute infection sexuellement transmissible, il faut penser à traiter le(s) partenaire(s) », rappelle également le docteur.

Que faire en cas d’herpès génital à répétition ?

« Si les symptômes sont très douloureux, on peut également se faire prescrire un antalgique pour lutter contre la douleur », ajoute le gynécologue. Dans les cas plus rares, chez les personnes ont des poussées d’herpès plus de 6 fois par an, un traitement prophylactique peut être prescrit : le Valaciclovir 500 mg. Le patient devra en prendre un par jour pendant 6 à 12 mois pour espacer la fréquence des poussées.

Herpès génital : quelles sont les erreurs à ne surtout pas faire ?

Réponse du docteur Njomgang Brice :

"Lorsqu’on est touché par un herpès génital, il faut éviter d’appliquer des crèmes à base de cortisol, d’antibiotique ou encore de l’alcool. Ces produits ne vont que ralentir la cicatrisation et irriter la lésion. Il faut également éviter de toucher la poussée : à partir du moment où les lésions ont éclatés, elles vont guérir toutes seules, et former une croûte. Si le patient les manipule, cela va ralentir la cicatrisation."

Prévention

S’il n’y a pas vraiment de prévention possible à l’herpès génital, étant donné qu’une grande partie de la population serait porteuse d’un des deux types de virus, il faut toujours se protéger lors des rapports. « De plus, lorsqu’on fait face à des poussées d’herpès génital, il est préférable de s’abstenir complètement d’avoir des rapports sexuels le temps de la guérison », explique le docteur, « puisque il peut y avoir des lésions en dehors de la zone couverte par le préservatif, comme les cuisses », rappelle-t-il. En effet, ce sont les lésions les plus contagieuses. Il faut également savoir que ces lésions font encourir plus de risque de contracter d’autres Infections Sexuellement Transmissibles (VIH, Hépatite B…).

Sites d’informations et associations

Sites d'informations :

Site de l’Organisation mondiale de la santé

Site de l’Assurance Maladie

Site d’Info-IST

Associations :

SOS Herpès

Sources

Site de l’Assurance maladie, , page sur les maladies sexuellement transmissibles, consultée le 10/12/2019 : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/mst/ist/maladies-infections-sexuellement-transmissibles

Site de l'Organisation Mondiale de la Santé, page sur l'herpès, consultée le 10/12/2019 : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/herpes-simplex-virus