Conjoint dépressif : quelle est la bonne attitude à avoir ?
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Ne pas lui faire de reproches

"Tout le monde a des problèmes", " Secoue toi un peu". Les nerfs peuvent être mis à rude épreuve face à une personne dépressive, mais il faut réussir à garder son calme. "La personne dépressive éprouve un important sentiment de culpabilité", explique Jérôme Palazzolo, psychiatre. De telles paroles risquent d'accentuer ce mal-être.

L'attitude à avoir : Il faut lui faire comprendre qu'il/elle est malade et que la culpabilité fait partie d'un symptôme de la dépression. Il/elle ne doit pas culpabiliser pour une faute grave passée ou un malheur qui ne touche que lui/elle.

Ne pas le brusquer

Vie au ralenti, fatigue excessive, isolement… On peut parfois avoir envie de secouer une personne dépressive pour l'aider à s'en sortir mais la thérapie de choc n'apporte rien de bon ! Pousser un malade au-delà de ses limites risque de l'inscrire "dans une dynamique d'échec", selon Jérôme Palazzolo, psychiatre. Ce qui aura pour effet d'accentuer les symptômes de la maladie comme la fatigue ou l'agressivité. Un vrai cercle vicieux !

L'attitude à avoir : "Votre rôle consistera justement à accompagner votre proche dans sa dynamique de reconstruction. Sans le brusquer ni lui fixer des objectifs trop difficiles" écrit le psychiatre dans son livre Aider vos proches à sortir de la dépression.

Ne pas le brusquer

Ne pas le laisser s'isoler

Vous prenez soin de votre partenaire dépressif(ve), c’est bien. Mais cet assistanat permanent provoque un sentiment d’inutilité ou de diminution et renforce l'isolement. Le malade se sent jugé, il a l'impression d'être seul dans cette situation. Pour l'aider à garder la tête hors de l'eau il ne faut surtout pas le/la laisser se renfermer sur lui/elle même socialement.

L'attitude à avoir : "Votre conjoint(e) ne doit surtout pas avoir peur d'exprimer sa vulnérabilité et ses émotions", explique Jérôme Palazzolo. Si vous sentez que vous n'êtes pas à la hauteur dirigez-le/la vers un groupe de paroles organisés. Ce sont des associations ou des personnes dépressives qui évoquent ensemble leur ressentis face à la maladie.

Partager son enthousiasme quotidiennement

Dépressif(ve), votre conjoint(e) broie du noir toute la journée, il/elle n'a plus confiance en lui/elle ? Qu'à cela ne tienne, vous aurez de la joie pour deux ! Même si au quotidien cela peut devenir pesant, minimisez un maximum les commentaires négatifs. Quitte à éloigner votre conjoint(e) de certains proches qui peuvent renforcer son attitude pessimiste.

L'attitude à avoir : Partager votre enthousiasme ! "Vous pourrez l'aider en montrant le côté positif de chaque chose et en le/la rassurant sur ses capacités personnelles" écrit Jérôme Palazzolo dans son livre.

Ne pas le/la laisser s'en sortir seul

Même si vous l'aimez, vous n'êtes pas habilité à guérir votre conjoint(e) de sa dépression. Consulter un médecin peut aboutir à une prescription de tranquillisants ou antidépresseurs qui le/la calmeront un temps. Mais cela ne suffit pas ! Une dépression nécessite un suivi psychologique par un professionnel.

L'attitude à avoir : Un dépressif n'a probablement pas conscience de sa maladie. L'admettre pourrait être un choc violent. C'est pourquoi il faut doucement suggérer l'idée d'aller consulter un spécialiste et lui faire comprendre qu'il l'aidera à mettre un nom sur son mal-être.

Ne pas le/la laisser s'en sortir seul

Réagir face au risque de suicide

Dans la majorité des cas, un comportement suicidaire est un appel au secours. "Une partie de lui/elle-même veut vivre, et une autre partie souhaite moins la mort que la fin de ses souffrances”, explique Jérôme Palazzolo. Dans le cas d'une dépression, il ne faut surtout pas l'ignorer.

L'attitude à avoir : S'il vous fait part d'une envie suicidaire c'est que votre conjoint(e) sait que vous vous souciez de lui. "Restez naturel. Apportez-lui/elle le soulagement de ne plus être seul" ajoute le psychiatre. Expliquez-lui que vous n'êtes pas formé pour le soigner et faites appel à un professionnel sans attendre.

La rupture avec un conjoint suicidaire : Dans son ouvrage, Aidez un proche à surmonter la dépression, Jérôme Palazzolo est ferme ! "Une relation ne peut être basée sur la crainte que le proche se suicide". Maintenez votre décision, ne restez pas prisonnier(ère) ! Face au chantage celui qui peut passer à l'acte en est le seul responsable. Pour minimiser les risques, faites appel à un psychiatre ou un médecin voire envisagez une hospitalisation.

Ne pas tomber soi-même dans la dépression

Plus de sorties, plus de vie sociale... Accompagner une personne dépressive dans la maladie demande beaucoup d'énergie et de force mentale. L'assistanat quotidien relève plus de la relation mère-enfant et l'on peut perdre l'impression de la relation de couple. C'est pourquoi il faut apprendre à garder une distance adéquate.

Sortez, voyez vos amis, il ne faut pas se laisser isoler. Il existe des associations de personnes qui côtoient un proche dépressif et qui partagent leurs émotions ensemble pour traverser cette épreuve. Vous aussi vous avez besoin de soutien moral.

État passager ou maladie ?

Cet état est-il normal, passager ou bien s'agit-il d'une réelle maladie ? Pour le psychiatre Jérôme Palazzolo, c'est "la seule question à se poser lorsqu'un proche se retrouve plongé dans les affres de la douleur morale". L'expression "dépression" est utilisée à tord et à travers, les définitions s'embrouillent, si bien qu'on a l'impression que dès que quelqu'un va mal il est dépressif. Pour définir une dépression, les médecins utilisent un système de classification standardisé qui regroupe tous les symptômes de la maladie.

Une personne dépressive souffre des symptômes suivants pendant 2 semaines ou plus :

  • Perte d'intérêt à faire des choses habituellement agréables
  • Sentiment de tristesse ou de vide
  • Crises de larmes fréquentes sans raison
  • Ralentissement ou agitation
  • Sentiment d'inutilité
  • Perte d'appétit ou nutrition compulsive
  • Pensées suicidaires
  • Difficultés à réfléchir ou à se concentrer
  • Difficultés pour prendre des décisions
  • Troubles du sommeil
  • Sensation de fatigue continuelle
  • Absence de réaction émotionnelle
Sources

Merci au Dr Jérôme Palazzolo psychiatre et auteur du livre Aider vos proches à sortir de la dépression aux éditions Mon petit éditeur, 2012 .

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