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La campagne de vaccination française contre la COVID-19 a débuté le 27 décembre 2020 après l’approbation du vaccin du laboratoire allemand Pfizer puis celle du vaccin américain Moderna. Les deux références seront bientôt rejointes par un troisième produit : l’anglais AstraZeneca.

La Haute Autorité de santé (HAS) a en effet, donné son feu vert pour l'utilisation de ce produit sur le territoire, le 2 février 202. Toutefois, les Français n’ont pas la possibilité de choisir le vaccin qui leur est injecté. Mais quelles sont leurs différences ?

Différence de conception et d'efficacité entre les 3 vaccins

Lors de sa venue sur le plateau de BFMTV le 7 janvier dernier, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a confirmé l'impossibilité de choisir son vaccin en expliquant "Aujourd'hui, nous avons deux vaccins validés, deux vaccins à ARN messager (...) avec la même efficacité, les mêmes indications. Il n'y a pas lieu de poser la question du choix".

En effet, le vaccin Pfizer - tout comme le vaccin Moderna - est conçu grâce à une technologie de pointe : la "rupture à base d'ARN messager".

Concrètement, ce "messager" va transmettre à nos cellules des instructions génétiques. Les cellules fabriqueront ensuite elles-mêmes un antigène du coronavirus, afin de déclencher une réponse du système immunitaire. Un avantage donc et pas des moindres, puisque c'est l'organisme qui fait le travail.

Le vaccin du laboratoire AstraZeneca, conçu avec l'aide de l'Université d'Oxford, s’appuie sur un procédé différent. C’est un vaccin à vecteur viral recombinant. La séquence codant les protéines virales est menée à la cellule par un virus modifié non pathogène pour combattre le Covid-19. Le “transporteur” est ici un adénovirus de chimpanzé.

Des efficacités proches

Si les conceptions des doses divergent quelque peu, elles ont des taux d’efficacité assez semblables. Selon les études menées, il est de 95% pour le vaccin Pfizer/BioNTech et de 94,1% pour Moderna.

Le vaccin anglais présente des résultats un peu inférieurs. La HAS indique dans son avis du 2 février qu'AstraZeneca présente après 3 essais cliniques "des résultats tout à fait satisfaisants qui vont de 62 à 70 % d’efficacité".

Toutefois, en raison du faible effectif de participants âgés de 65 ans et plus au cours des travaux menés, il n’est pas possible connaître avec certitude l’efficacité vaccinale de ce vaccin chez les seniors. L'organisation préconise ainsi de ne pas l'utiliser avec cette population.

En revanche, elle recommande "d’utiliser le vaccin AstraZeneca chez les personnes de moins de 65 ans en commençant par les professionnels du secteur de la santé ou du médico-social quel que soit leur âge et les personnes âgées de 50 à 64 ans et qui présentent des comorbidités".

Par ailleurs, faute de données sur la tolérance et sur l’efficacité au cours de la grossesse pour les 3 vaccins, la HAS estime que la vaccination des femmes enceintes est à "envisager uniquement dans les cas où le médecin et sa patiente estiment que les bénéfices potentiels semblent l’emporter sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus". Il n’est pas conseillé non plus de vacciner pendant l’allaitement.

Vaccins anti-covid : prix et logistique

Si le vaccin d’Oxford-AstraZeneca semble avoir une efficacité inférieure aux premières références proposées sur le sol français, il est en revanche le premier produit dont les résultats d'efficacité ont été validés par la revue scientifique, The Lancet. Il a été jugé “sûr”.

Par ailleurs, il a deux avantages par rapport à ses deux autres concurrents :

  • Son prix : sa dose unique coûte seulement 2,50€.
  • Sa facilité de stockage : le vaccin doit être stocké entre 2 et 8 degrés. Il est ainsi facile de le transporter et de l'entreposer.

De plus, il se conserve au réfrigérateur 48h après la première injection prélevée et jusqu’à 6 mois avant ouverture du flacon.

Des atouts importants par rapport aux vaccins allemands et américains. Leur acheminement s’est révélé être un défi, en effet. Les doses Pfizer doivent être conservées entre –70 et –80 °C, et celles de Moderna à –20 °C. Par ailleurs, elles sont plus onéreuses. Leurs tarifs à l’unité sont de 12€ et 14,68€ respectivement.

Les différents effets secondaires des 3 vaccins

Plusieurs études ont été menées sur les effets secondaires des vaccins. Les patients qui ont reçu des piqûres Pfizer, ont indiqué avoir eu une réaction autour du point d'injection (douleurs, gonflements, rougeurs - 84,1%), de la fatigue (62,9%), des maux de tête (55,1%), des douleurs musculaires (38,3%), des frissons (31,9%), des douleurs articulaires (23,6%) et de la fièvre (14,2%).

L’ANSM précise “la fréquence des réactions systémiques, et particulièrement de la fièvre, de la fatigue et des maux de tête, est plus importante lors de l’administration de la 2ᵉ dose par rapport à la 1ʳᵉ dose”.

Les effets secondaires après avoir reçu une dose Moderna sont assez similaires. Les personnes vaccinées ont souffert de douleurs au site d'injection (92,0%), fatigue (68%), de maux de tête (63 %) ou encore de douleurs musculaires (60%), de douleurs articulaires (44,8 %) et de frissons (43,4 %).

Par ailleurs, attention aux réactions allergiques. Une étude américaine, réalisée par les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), a révélé qu’une personne sur 100 000 a fait un choc anaphylactique après avoir reçu une dose du vaccin de Pfizer-BioNTech. “En moyenne, cela représente un taux de 11,1 chocs anaphylactiques par million de doses administrées” avait alors précisé Nancy Messonnier, responsable de cette agence des USA. Les autorités sanitaires estiment que ces données pouvaient être étendues au vaccin Moderna, car il utilise la même technologie d’ARNm.

En raison de ce risque relevé, les personnes recevant le vaccin doivent être surveillées pendant au moins 15 minutes après la vaccination.

Selon l'article paru dans la revue The Lancet, le vaccin AstraZeneca (Oxford), est sûr. Les effets secondaires sont très rares. Toutefois, l’étude qui suivait 23 754 volontaires, a été retardée après par la survenue d’un effet indésirable grave chez un des participants susceptible d’être lié à l'injection. Il a développé une myélite transverse (une atteinte neurologique rare). Deux autres personnes ont présenté des effets indésirables sérieux pendant l’essai clinique. Néanmoins, ils n’ont pu être attribués explicitement au vaccin. "Ces trois participants sont guéris ou en voie de l’être", assurent les responsables.

Covid-19 : et, qu’en est-il du vaccin russe Spoutnik V ?

La Russie est - de son côté - rentrée dans la lutte contre la COVID-19 avec un vaccin, baptisé Spoutnik V. Les résultats des essais, menés sur ce produit et publiés dans la revue Lancet, indiquent qu’il est efficace à 91,6%.

Ces conclusions préliminaires proviennent de l'analyse des données recueillies lors d’un essai de stade 3 réunissant près de 20 000 participants. Les trois quarts d’entre eux ont reçu le vaccin tandis que les autres avaient un placebo.

Spoutnik V est un vaccin "à vecteur viral" comme son homologue britannique. L’étude précise qu’il a été utilisé en forme liquide, ce qui nécessite un stockage à -18 °C. Toutefois, une conservation à 2-8°C a également été approuvée.

Les chercheurs ont également fait le point sur les effets indésirables rapportés. Plus de 9 sur 10 (94) étaient bénins. Ils comprenaient des symptômes pseudo-grippaux, des réactions au niveau du site d'injection, des maux de tête et de l'asthénie (faiblesse physique ou faible énergie).

Par ailleurs, 4 décès ont été enregistrés pendant l’expérience : 3 au sein du groupe vaccin et un dans le groupe placebo, mais aucun lié à la vaccinatio n. "Dans le groupe vacciné, un décès a été associé à une fracture. Les deux autres défunts avaient des conditions sous-jacentes et ont développé des symptômes de la COVID-19 4 à 5 jours après la première dose du vaccin", précisent les auteurs. "Sur la base de la période d'incubation de la maladie, les deux participants ont dû être infectés avant leur inclusion dans l'essai, malgré un test PCR négatif", supposent-ils.

Alors que le vaccin est déjà distribué en Russie, Argentine et en Algérie, plusieurs spécialistes appellent Bruxelles à évaluer le produit. "Le développement du vaccin Spoutnik V a été critiqué pour sa précipitation, le fait qu'il ait brûlé des étapes et une absence de transparence. Mais les résultats rapportés ici sont clairs et le principe scientifique de cette vaccination est démontré", assurent les professeurs britanniques Ian Jones et Polly Roy dans un commentaire joint à l'étude de la revue scientifique Lancet.

Sources

Safety and efficacy of an rAd26 and rAd5 vector-based heterologous prime-boost COVID-19 vaccine: an interim analysis of a randomised controlled phase 3 trial in Russia, Lancet, 2 février 2021

AstraZeneca : la HAS recommande son utilisation chez les professionnels de santé et les personnes de 50 à 64 ans, HAS, 2 février 2021

Covid-19 : vaccin Pfizer contre vaccin Moderna, quelles différences entre les deux ?, Sud-Ouest, 17 novembre 2020.

Vaccin contre le Covid-19 : la France livrée en doses Pfizer... et Moderna ?, 17 novembre 2020, L'Internaute.

Coronavirus : le vaccin de Moderna devrait coûter entre 50 et 60 dollars, Les Échos, 29 juillet 2020.

Covid-19. Pfizer, Moderna, Sanofi : six questions pour s’y retrouver parmi ces vaccins prometteurs, Ouest-France, 18 novembre 2020.

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