Covid-19 : les fumeurs ont 14 fois plus de risques de complicationsIstock
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Vous vous demandez si le tabagisme augmente les risques de développer une forme grave de Covid-19 ? La réponse est oui.

Fumer altère le système immunitaire, les bronches et les poumons

Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) explique sur son site que “le système immunitaire, l’arbre bronchique et les poumons des fumeurs sont profondément altérés”. Non seulement fumer augmente vos risques de contracter une infection respiratoire, mais “dès que vos bronches et vos poumons sont infectés, cette infection sera plus grave et plus longue que pour une personne qui ne fume pas”.

En outre, la toux liée au tabagisme augmente aussi les risques de contamination de vos proches, par les gouttelettes de salive expulsées. Tout comme le tabagisme passif augmente le risque d’infection respiratoire, y compris chez les plus jeunes.

Le directeur de la Santé britannique John Newton a d’ailleurs déclaré qu’à la lumière de la pandémie actuelle, “il n’y a jamais eu de moment plus important pour arrêter de fumer, non seulement pour votre propre santé, mais aussi pour protéger ceux qui vous entourent”.

14 fois plus de risques de complications pour les fumeurs

Public Health England - les autorités sanitaires britanniques - met notamment en avant une étude “petite, mais très percutante”, menée en Chine dans trois hôpitaux de Wuhan, et publiée dans le Chinese Medical Journal. Cette dernière a montré que les fumeurs atteints de Covid-19 sont 14 fois plus susceptibles de développer de graves complications.

Les chercheurs ont examiné les facteurs qui ont conduit à la progression de cette pneumonie chez des patients hospitalisés, entre le 30 décembre et le 15 janvier. Le tabagisme a été identifié comme l’un d'eux, au même titre que l’âge ou l’insuffisance respiratoire.

Une autre étude chinoise, publiée dans The New England Journal of Medicine, révèle que le risque de passage en réanimation et de décès passe de 5 % pour les non-fumeurs à 12 % pour les fumeurs. Une hausse plus faible que celle enregistrée dans l’étude précédente, mais qui reste toutefois très significative.

Public Health England ajoute également que le geste répétitif de la main à la bouche, adopté par les fumeurs, favorisent la contamination par le coronavirus.

Le tabagisme tue déjà 8 millions de personnes chaque année

En outre, si les fumeurs ne font pas partie des personnes les plus à risque de complications listés par la Haute autorité de santé, les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques sont, quant à elles, listées. Or, le tabagisme augmente fortement le risque de développer une maladie respiratoire chronique, telle que la BPCO ou le cancer du poumon.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le tabac tue environ la moitié de ceux qui en consomment. Plus concrètement, plus de 8 millions de personnes meurent chaque année à cause du tabagisme. Parmi elles, 7 millions sont des consommateurs ou d’anciens consommateurs, et environ 1,2 million sont des non-fumeurs, victimes du tabagisme passif.

Au regard des études évoquées précédemment, cette crise sanitaire sans précédent semble être le bon moment pour arrêter de fumer. Mais cela est malheureusement plus facile à dire qu’à faire, et particulièrement lorsqu’on est enfermé chez soi, et stressé par les mauvaises nouvelles égrenées par les médias. Alors comment faire ? On vous donne quelques pistes, page suivante.

Comment arrêter de fumer ?

Comment arrêter de fumer ?© Istock

Selon le site Tabac Info Service, il faudrait procéder par étapes. La première consiste en un bilan sur sa motivation. Qu’attendez-vous précisément de l’arrêt du tabac ? Quelles sont vos craintes et, à l’inverse, votre degré de confiance ? Toutes ces questions vous aideront à déterminer si vous êtes vraiment prêt à faire une croix sur la cigarette.

Ensuite, faites le point sur votre consommation actuelle de cigarettes et vos habitudes de vie. Combien de cigarettes fumez-vous chaque jour, et combien cela vous coûte-t-il tous les mois ? Observez également vos habitudes alimentaires, votre activité physique et votre consommation d’alcool ou d’autres substances.

Patchs, médicaments, TCC... Choisissez la méthode qui vous convient

Toutes ces réflexions préalables, que vous pouvez, par exemple, noter dans un carnet, vous aideront à adopter la stratégie qui vous convient le mieux, pour arrêter de fumer. Substitut nicotinique, traitement médicamenteux, thérapie cognitive et comportementale… Les solutions sont nombreuses, aussi, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin traitant. Un bon accompagnement est d’ailleurs essentiel pour mettre toutes les chances de votre côté - que ce soit par votre entourage ou par un professionnel de santé.

Tabac Info Service recommande également d’anticiper les éventuelles difficultés que vous pourriez rencontrer, afin d’être prêt, le cas échéant. Manque, stress, prise de poids, déprime… Faites le point sur vos craintes et listez des solutions pour éviter d’y être confronté.

Enfin, choisissez une date pour arrêter de fumer, et organisez votre emploi du temps en conséquence. Évitez les rendez-vous stressants cette semaine-là, prévoyez quelques activités pour vous détendre, et parlez-en à vos proches, pour vous assurer de leur soutien. Dans votre logement, nettoyez les draps et rideaux et remisez les cendriers… à la poubelle !

Quels sont les avantages de l’arrêt du tabac ?

Quels sont les avantages de l’arrêt du tabac ?© Istock

L'élimination du monoxyde de carbone de l'organisme fait partie des avantages immédiats de l'arrêt du tabac : au bout de 8 heures, le taux dans le sang a diminué de moitié. Très vite, les poumons éliminent le mucus et autres débris de tabac. La respiration devient également plus facile, car les bronches commencent à se détendre dès les premières 72 heures, et que la circulation sanguine s’améliore. L’ex-fumeur récupère rapidement du souffle, ce qui rend plus facile la pratique d’activité physique, dans les 12 semaines qui suivent l’abandon de la cigarette.

Un an après la dernière cigarette, le risque d’infarctus du myocarde a diminué de moitié. Au bout de cinq ans, le risque d’AVC est le même que celui d’un non-fumeur ; tandis que le risque de cancer du poumon est divisé par deux au bout de dix ans. L’espérance de vie d’un fumeur redevient la même que celle d’un non-fumeur environ quinze ans après la dernière cigarette.

Économies, teint frais, dents blanches… les atouts sont nombreux

Outre les bienfaits évidents sur la santé, l’arrêt du tabac possède aussi des atouts économiques. À l’heure actuelle, certains paquets de cigarette coûte une dizaine d’euros. Un fumeur qui consomme un paquet par jour pourra donc économiser environ 300 € par mois, et 3 600 € par an.

Arrêter de fumer est aussi très bénéfique pour la peau (moins de rides, teint plus clair…) et la santé bucco-dentaire (dents plus blanche, haleine agréable…). Cela permet aussi de réduire son niveau de stress, de préserver son intérieur (fini les murs jaunis !) et de protéger sa famille contre l’exposition non-désirée à la fumée.

Sources

Analysis of factors associated with disease outcomes in hospitalized patients with 2019 novel coronavirus disease, Chinese Medical Journal, 28 février 2020. 

Clinical Characteristics of Coronavirus Disease 2019 in China, NEJM, 28 février 2020. 

Le tabagisme aggrave les risques liés au coronavirus, CNCT. 

J'arrête de fumer, Tabac Info Service. 

Tabac, OMS, 26 juillet 2019. 

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