Coronavirus : l’ivermectine, nouvelle chloroquine ? Istock
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Après l’engouement suscité par l'hydroxychloroquine dans le traitement de la Covid-19, c’est maintenant l’ivermectine qui porte un vent d’espoir. Ce médicament bon marché, utilisé pour traiter les infections parasitaires, serait parvenu à inactiver le coronavirus en moins de 48 heures lors de tests in-vitro menés par des chercheurs australiens.

L’ivermectine, capable d'inactiver le coronavirus en 48 heures

Commercialisée en France sous l’appellation Stromectol, l’ivermectine est utilisée depuis des décennies contre les infections parasitaires humaines, telles que la gale, la filariose, l’anguillulose ou encore certaines rosacées (pour ne citer qu’elles). Cette molécule a également été introduite dans l’usage vétérinaire dans les années 1970.

Selon un rapport publié en ligne, dans la revue Antiviral Research, le médicament a rapidement empêché la réplication du SARS-CoV-2 en laboratoire (in-vitro). Si sa version définitive n’est pas encore disponible, l'étude australienne a tout de même été relue par un comité d’experts et acceptée pour publication.

Une "réduction significative" du virus dès le premier jour

Les chercheurs de Melbourne (Australie) ont infecté des cellules avec le nouveau coronavirus, puis les ont exposées au médicament. “Nous avons montré qu'une seule dose d'ivermectine pouvait tuer(pour un virus, on devrait plutôt dire “inactiver”, ndlr) la Covid-19 dans une boîte de pétri en 48 heures, ce qui suggère une puissante activité antivirale”, explique le Dr David Andrew Jans, co-auteur de l'étude et professeur de biochimie et de biologie moléculaire, à nos confrères du DailyMail, le 3 avril 2020.

Plus encore, “il y a eu une réduction vraiment significative" du virus au bout de seulement 24 heures, ajoute le Dr Kylie Wagstaff, responsable de l’étude et chercheuse au sein du Biomedicine Discovery Institute, dans un communiqué. Des tests complémentaires restent néanmoins nécessaires pour savoir si ces résultats peuvent être répliqués chez l’homme, et à quel dosage.

Cette molécule décuple l’efficacité du système immunitaire

"Nous pensons que l’ivermectine fonctionne principalement en ciblant une molécule clé de nos cellules qui, selon nous, aide le virus à proliférer”, rapporte le Pr Jans. "En arrêtant ce processus, le virus se réplique plus lentement. Notre système immunitaire a donc une meilleure chance de développer une réponse antivirale et d’éliminer le virus".

Les chercheurs estiment que “l’administration précoce de ce médicament, ou de tout autre antiviral, donne à l'organisme les meilleures chances de combattre l’infection”. Ils ont d’ailleurs montré, dans de précédentes études, que ce médicament pouvait agir contre la dengue et limiter des infections comme le virus du Nil occidental, qui possède des similitudes avec la Covid-19.

Un autre avantage non négligeable de ce médicament est qu’il est "utilisé à des doses relativement élevées, largement disponible et plutôt bon marché", ajoute le scientifique. L'étape suivante va donc consister à poursuivre ces recherches, afin de déterminer la meilleure dose pour lutter contre la Covid-19. Ce n’est qu’ensuite que les chercheurs pourront commencer les tests chez l'Homme.

Ivermectine : n’essayez pas de vous automédiquer

Attention : ces premiers résultats prometteurs ne doivent pas vous inciter à courir à la pharmacie pour vous procurer de l’ivermectine. “Personne ne devrait essayer de se soigner par lui-même”, mettent en garde les chercheurs. Et pour cause, les précédents résultats prometteurs sur la chloroquine ont mené à une hausse de l’automédication… et à un certain nombre d'accidents !

L’automédication à la chloroquine a entraîné de nombreux incidents

“Nous avons été informés par des centres hospitaliers de la survenue d’une dizaine de cas graves de troubles du rythme cardiaque en relation avec une automédication par hydroxychloroquine associée à un antibiotique, l’azithromicine”, avait rapporté le Dr Gilles Auzemery, conseiller médical du directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, lors d’une conférence de presse le 30 mars dernier.

La semaine précédente, un sexagénaire était mort aux États-Unis après avoir ingéré du phosphate de chloroquine (un additif notamment utilisé pour nettoyer les aquariums), tandis que sa femme s’était retrouvée hospitalisée pour la même raison. Le couple avait eu cette idée après avoir entendu le président Donald Trump vanter les vertus de la chloroquine.

L’ivermectine ne doit être utilisée que sur ordonnance médicale

Aussi, les chercheurs qui travaillent actuellement sur l’ivermectine veulent éviter cet écueil. "Il est important de souligner que personne ne devrait essayer de s'automédiquer avec des versions de l’ivermectine à usage vétérinaire ou indiquées dans le traitement des poux", indique le Dr David Jans.

Il précise que la prise de ce médicament n'est sûre que dans le cadre d’une prescription médicale ; à condition de respecter l’indication pour laquelle il a été prescrit et sa posologie.

Le Dr Danielle Roux-Sitruk, docteur en pharmacie, rappelle que l’ivermectine a quand même des effets indésirables, en particulier au niveau de la fonction hépatique. Mal dosé ou utilisé trop longtemps, il peut endommager le foie. Elle est aussi totalement contre-indiquée chez la femme enceinte et allaitante.

La spécialiste précise également que ce médicament est à l’état de recherche clinique. "Son utilisation contre le coronavirus est un mésusage, c'est-à-dire une utilisation autre que son indication classique", explique-t-elle.

Les patients sous ivermectine, moins à risque d'attraper la Covid-19 ?

Toutefois, le Dr Roux estime que l'emploi de l'ivermectine, comme celui de l'hydroxychloroquine, contre la Covid-19, est une piste intéressante, qui gagnerait à pouvoir être exploitée par les médecins généralistes.

"Il serait intéressant de savoir si les patients qui prennent actuellement de l'ivermectine contre la gale, par exemple, ont été hospitalisés pour la Covid-19". Cela permettrait d’avoir une première idée de l’efficacité de ce traitement contre la maladie. Si aucun patient sous ivermectine n'a eu le coronavirus, cela pourrait donner quelques preuves de son efficacité sur l'Homme.

Sources

The FDA-approved Drug Ivermectin inhibits the replication of SARS-CoV-2 in vitro, Antiviral Research, avril 2020. 

Parasite Drug Shows Early Promise Against COVID-19, WebMD, 7 avril 2020. 

mots-clés : Covid-19, médicament
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