Coronavirus : 4 soins auxquels nos morts n’ont plus le droit

La pandémie de COVID-19 n’a pas impacté uniquement notre vie quotidienne. Elle a aussi affecté les soins apportés à nos défunts. Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a publié le 24 mars 2020 son avis sur les modalités de prise en charge des corps des personnes décédées pour éviter de possibles contaminations. 

Un délai d’inhumation prolongé 

Dans son avis du 24 mars, le HCSP rappelle que la prise en charge d’une personne décédée doit se faire en conformité avec les règles d’hygiène et des mesures de distance physique contre le SARS-CoV-2. Il faut également respecter “les différentes pratiques culturelles et sociales existantes autour du corps d’une personne décédée”.

Malheureusement, ces coutumes qui permettent à chacun de trouver du réconfort dans le deuil, ne sont pas vraiment compatibles avec les gestes barrières, et encore moins avec le confinement.

Autre problème le manque de places en crémation et / ou le creusement à réaliser dans les cimetières. Pour le résoudre, les autorités ont allongé le délai d’inhumation de 6 à 21 jours.

Dans certains cas précis comme le transport à l’étranger rendu impossible ou un caveau non encore réalisé, il est même envisageable - avec l'accord du préfet de repousser l'enterrement ou la crémation jusqu’à 6 mois. Néanmoins, pour obtenir cette autorisation, le corps doit être placé dans un cercueil hermétique qui sera lui-même dans un dépositoire ou un caveau provisoire jusqu'à la date des obsèques. 

Les dispositifs légaux ne sont pas les seuls éléments à avoir évolué. Les soins apportés aux défunts ont également dû être modifiés. Ces changements sont présentés dans notre diaporama.

Un équipement pour le personnel des services funéraire 

Par précaution, les autorités recommandent au personnel s’occupant des personnes décédées du COVID-19, de s’équiper d’une tenue de protection adaptée (lunettes, masque chirurgical, tablier anti-projection, gants à usage unique) pendant les différentes étapes de la préparation du défunt.

Toutefois, Florence Fresse, Déléguée générale de la Fédération Française des Pompes Funèbres (FFPF), prévient : “si nous avions les équipements nécessaires au début de l’épidémie, les pénuries de masques, de combinaisons, de housses sont de plus en plus fréquentes. Nous n’avons toujours pas reçu de nouveaux équipements et nous ne faisons pas partie des métiers prioritaires lors des distributions. Notre métier devient de plus en plus difficile”.

Malade du COVID-19 décédé : risque d’infection ?

Les malades sont-ils encore contagieux après leur décès ? En l'absence d’étude scientifique éprouvée, la question fait débat. Le HCSP estime que “le risque infectieux ne disparaît pas immédiatement avec le décès d’un patient infecté ; mais les voies de transmission sont réduites, et en particulier la voie respiratoire, qui constitue le mode principal de transmission du SARS-CoV-2”. De son côté, l’OMS se veut rassurante “la plupart des agents infectieux ne survivent pas longtemps dans un corps humain après la mort”.

Toutefois, les interrogations sur la contagiosité des défunts reviennent en lumière. Des scientifiques thaïlandais assurent avoir identifié le premier cas de contamination post mortem après le décès d’un médecin légiste du COVID-19.

Florence Fresse, réagit à ces écrits : “il faut se montrer très prudent avec cet article. Un seul cas ne permet pas de généraliser. D’autant plus que ce médecin légiste a pu être contaminé par une source non identifiée en dehors du travail. À l’heure actuelle, aucune étude scientifique sérieuse ne permet de dire combien de temps un corps est contagieux”. Mais, elle reconnait : “en attendant des réponses, le principe de précaution prévaut”. 

Ces incertitudes sur la transmission sont au cœur des mesures prises sur les soins apportés aux personnes décédées.


La mise en bière ne peut plus attendre

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Un décret pris le 1er avril, demande que les défunts atteints ou probablement atteints du COVID-19 au moment de leur décès fasse “l'objet d'une mise en bière immédiate”.

“Cela ne veut pas forcément dire que les personnes décédées sont enfermées dans leur cercueil dans l’heure. Elles doivent être dans un cercueil fermé lorsqu’elles sont déplacées. Par exemple, en quittant l'hôpital”, explique Florence Fresse, délégué général de la Fédération Française des Pompes Funèbres (FFPF).

Les familles ne peuvent-elles donc pas voir une dernière fois leur proche ?

“Cela dépend du lieu du décès. Si l’hôpital a une salle mortuaire et le matériel permettant l'accueil des proches, rien ne s’oppose à ce qu’ils voient leur être cher avant la mise en bière. Par contre, dans les Ehpad où la venue de personnes extérieures est interdite, c’est plus compliqué”, reconnaît la professionnelle.

Si les installations offrent la possibilité et que les équipes donnent leur accord, la famille est alors autorisée à voir le visage du défunt. Elle doit toutefois respecter les gestes barrières ainsi qu’une distance d’un mètre avec le corps. 

Pas de toilette mortuaire

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Pour protéger les personnels de santé et des services funéraires d’une hypothétique contamination - pas uniquement via le défunt lui-même, mais également via ses effets personnels - le décret interdit la pratique d’une toilette mortuaire sur les personnes décédées du COVID-19 

Cette toilette comporte plusieurs gestes comme le lavage du corps ou l’habillage du défunt. 

“Il est aussi recommandé de ne pas le faire pour les autres décès - au cas d’une contamination inconnue au COVID-19. Toutefois, certains services disposant des protections nécessaires peuvent le faire. Cela dépend des établissements”.

Les soins de conservation du corps interdits pour tous les décès

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Les personnes décédées ne peuvent plus bénéficier des soins de thanatopraxie. Ces soins post-mortem consistent entre autres à remplacer le sang par des produits chimiques comme des formaldéhydes. Ils ont pour but de préserver le corps.

“Depuis la publication du décret du 1er avril, ils sont interdits que la personne soit décédée du COVID-19 ou pas jusqu'au 30 avril.”

Cette mesure a également été prise pour protéger le personnel des pompes funèbres.

Pas de “grand enterrement”

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Les grandes réunions sont interdites. Ainsi, la cérémonie funéraire ne peut réunir que vingt personnes maximum, les employés des pompes funèbres compris. Le cercueil doit être fermé.

“Certaines communes ont pris des arrêtés plus drastiques interdisant la présence des proches, car elles ne sont pas en mesure de s’assurer que les gestes barrières sont respectés pendant la cérémonie”, ajoute notre experte.

Elle reconnaît que “les gestes d’accompagnement et de réconfort lors d’un deuil sont si ancrés dans notre culture qu’il est difficile de respecter ces règles. Si vous voyez votre mère s’écrouler pendant l’enterrement, il est impossible de ne pas la prendre dans vos bras”.

Voir la suite du diaporama
Sources

Merci à Florence Fresse, Déléguée générale de la Fédération Française des Pompes Funèbres (FFPF)

Coronavirus SARS-CoV-2 : prise en charge du corps d’un patient cas probable ou confirmé COVID-19, HCSP, 24 mars 2020

Décret n° 2020-384 du 1er avril 2020, paru dans le Journal Officiel du 2 avril 2020

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