Contraception : 7 choses à savoir sur la stérilisation féminine©AdobeStockFotolia
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La stérilisation : possible pour toutes les femmes

La stérilisation volontaire féminine est légale en France depuis 2001, pour toute femme majeure, même si elle est nullipare*. "Théoriquement, toute femme peut demander une stérilisation. Mais il faut bien avoir à l’esprit que c’est définitif, qu’il n’y a pas de retour en arrière possible", souligne le docteur Odile Bagot, gynécologue. "Le plus souvent, les femmes qui choisissent la stérilisation ont plus de 35 ans, elles ont déjà des enfants et elles supportent mal la contraception hormonale ou veulent quelque chose de définitif. La démarche reste exceptionnelle chez des femmes plus jeunes", précise-t-elle. Mais dans tous les cas, "il faut prendre le temps de réfléchir et de discuter", insiste la gynécologue.

C’est la décision qu’a prise Alexandra, aujourd’hui âgée de 27 ans : "J'ai choisi la stérilisation à 24 ans, avant de vraiment le faire à 25 ans après un an de réflexion à peser le pour et le contre vis-à-vis des cicatrices, de l’anesthésie et de l’hospitalisation que l’intervention chirurgicale incluait", témoigne la jeune femme, qui n’a pas eu d’enfants avant sa stérilisation. "J'ai choisi ce mode de contraception parce qu'il est définitif et qu’il permet de se passer d'hormones contraceptives", précise-t-elle.

*Nullipare : qui n’a jamais accouché.

2 méthodes de stérilisation féminine : ligature et implants

Les deux méthodes les plus employées de stérilisation féminine sont la ligature des trompes et la pose d’implants Essure.

La ligature des trompes : "C’est la méthode la plus courante historiquement", nous révèle le docteur Bagot. Elle est réalisée par cœlioscopie, sous anesthésie générale. "Elle consiste à obstruer les trompes de Fallope pour empêcher le passage des spermatozoïdes vers l’ovule", décrit la gynécologue. L’occlusion se réalise par ligature, par électrocoagulation ou par fermeture au moyen d’un anneau ou d’un clip. La stérilité est immédiate, avec une efficacité proche de 100%.

Les implants Essure : Cette méthode, qui existe depuis 2002, consiste à insérer par voie naturelle (avec ou sans anesthésie locale ou générale) un petit filament de la forme d’un ressort dans chacune des deux trompes. "Ces ressorts génèrent dans les trompes une inflammation, puis une cicatrisation et une obstruction naturelle en trois mois, période pendant laquelle il faudra utiliser un autre contraceptif. Au terme de cette durée, la femme devra réaliser une consultation pour vérifier que les trompes sont bien fermées soit par une hystérographie soit par échographie", détaille Odile Bagot. Leur efficacité est de 99% trois mois après l’intervention. "Dans 2% des cas, le chirurgien en gynécologie ne parvient pas à placer les implants, pour des raisons anatomiques ; il faudra alors faire une ligature", précise la gynécologue. Enfin, ces implants sont contrindiqués aux femmes souffrant d’une allergie au nickel.

Les autres méthodes : dans certains cas, le médecin peut recourir à une hystérectomie (retrait de l’utérus) si la femme présente une indication médicale. Il existe aussi la salpingectomie (retrait des trompes), méthode plus rare pour laquelle a opté Alexandra : "j'ai choisi la salpingectomie pour éviter tout corps étranger et tout risque d'échec. Puisqu'on retire les trompes c'est efficace à 100% ".

Quel remboursement ? La Sécurité sociale rembourse la stérilisation volontaire, quelle que soit la méthode choisie. L’intervention doit pour cela avoir lieu dans un hôpital ou dans une clinique conventionnée.

4 mois de réflexion avant l’opération

La procédure de stérilisation inclut un délai de réflexion obligatoire de quatre mois.

- Une première consultation permet à la femme qui le souhaite de demander une stérilisation à visée contraceptive. Elle signe alors une première attestation.

- Quatre mois plus tard, le délai de réflexion écoulé, la femme se rend à une seconde consultation, pendant laquelle elle signera un consentement à la réalisation de la stérilisation. Elle pourra alors se rendre dans l’établissement de santé de son choix pour réaliser l’intervention.

"J'ai eu mon premier rendez-vous avec un gynécologue chirurgien au mois de mars 2016. J’ai alors signé le papier indiquant mon consentement. J'y suis retournée cinq mois plus tard, en août, pour confirmer mon envie de stérilisation et finaliser la signature de la procédure", témoigne ainsi Alexandra.

Et après l’intervention ? Les complications post-opératoires sont rares, et ne consistent souvent qu’en des douleurs abdominales passagères. Dans le cas de la méthode Essure, une visite médicale trois mois après l’intervention permet de s’assurer de son succès.

Dans le cas de la ligature ou de la salpingectomie par cœlioscopie, "aucun suivi médical particulier n’est nécessaire puisque les points sont résorbables, si ce n’est le suivi gynécologique habituel dont les frottis et les touchers vaginaux réguliers", raconte Alexandra. "Personnellement, j’ai dû consulter un généraliste car mes points de suture s’infectaient. J’ai aussi eu des désagréments pendant une semaine suite à la cœlioscopie (ventre gonflé et gaz dans les épaules) qui fait plus mal que la stérilisation en elle-même, mais je n’ai pas eu de complication, j’ai repris le travail 48 heures après l’intervention", confie-t-elle.

Une contraception totalement irréversible ?

La stérilisation féminine est très difficilement réversible, c’est pourquoi elle est considérée définitive. Il existe des opérations restauratrices, mais celles-ci sont lourdes et les résultats restent peu probants.

Bon à savoir : Dans certains cas, un recours à une fécondation in vitro (FIV) en cas de regret est envisageable mais des gynécologues ont récemment montré* que cela restait très rare : seules 0,08% de femmes ont demandé une FIV après une stérilisation Essure et 0,27% après une ligature des trompes entre 2006 et 2010 en France. Alexandra ne déroge pas à cette statistique : "Je ne regrette vraiment pas, même si je ne suis opérée que depuis deux ans", témoigne-t-elle.

*Fernandez H, et al. Tubal sterilization: pregnancy rates after hysteroscopic versus laparoscopic sterilization in France, 2006–2010. Eur J Obstet Gynecol (2014)

Des règles après la stérilisation ?

La stérilisation n’a pas d’effet sur l’équilibre hormonal, sur le désir ou le plaisir sexuel. Elle occasionne souvent le retour de règles "normales", régies par un cycle menstruel spontané. "Cela entraîne un risque de douleurs menstruelles et de règles plus abondantes que sous un cycle bloqué par une contraception hormonale, mais aussi une période ovulatoire plus favorable au désir", décrit le docteur Bagot.

Le conseil de la gynécologue : "La stérilisation fait retrouver aux femmes un cycle menstruel naturel auquel elles n’étaient plus habituées si elles étaient sous contraception hormonale. Cela peut signifier des règles abondantes, douloureuses et des troubles hormonaux. Pendant quatre mois avant l’intervention, je préconise aux patientes d’arrêter la contraception et de regarder comment elles se sentent."

Un médecin peut-il refuser de stériliser une femme ?

Légalement, le médecin n’a pas le droit de s’opposer à la stérilisation d’une femme. S’il refuse de pratiquer lui-même cet acte, il sera alors tenu d’orienter sa patiente vers un confrère compétent.

Bon à savoir : "Le deuil complet de la maternité n’est pas toujours simple dans la tête d’une femme. C’est pourquoi le médecin engagera le dialogue avec sa patiente pour aborder cette question", précise le docteur Bagot. La femme pourra aussi si elle le souhaite bénéficier d’un accompagnement psychologique. "Personnellement, la seule personne qui m’a fait des réflexions est l'anesthésiste qui a émis des réserves quant à mon âge – 25 ans à l'époque – et au fait que je n'avais pas d'enfants. Le plus drôle est que l’anesthésiste que l’on voit en rendez-vous n'est souvent pas celui présent le jour de l'opération", révèle Alexandra.

Que faire si le médecin refuse ? En cas de refus du médecin, sans orientation vers un confrère, la femme peut se tourner vers un autre médecin de son choix pour lui faire part de son désir. Il existe ainsi sur internet des listes de médecins ouverts à la stérilisation, par exemple sur le groupe Facebook "Stérilisation volontaire" et sur le site Gyn&Co. "Si les personnes ne sont pas renseignées et ne connaissent pas leurs droits, alors elles n'obtiennent pas gain de cause auprès de certains médecins qui s'octroient le droit de décider à notre place ce que l'on doit faire de notre corps. Les choses doivent changer", appuie Alexandra. "La connaissance c'est le pouvoir", ajoute-t-elle.

La stérilisation, une décision individuelle

"La loi confère à la seule personne concernée par l’intervention, la responsabilité du choix d’une stérilisation", écrit le Ministère de la santé.

Bon à savoir : "Le choix de la stérilisation peut poser problème dans certaines cultures ou dans certaines religions", avertit Odile Bagot, mais la femme signe seule son consentement, et elle seule décidera d’en parler ou non à ses proches. "J’en parle très facilement et les gens autour de moi savent que je suis opérée, d’autant que je suis activiste sur ce sujet puisque je suis responsable du groupe Facebook "Stérilisation volontaire", qui aide les femmes et hommes à trouver des médecins pour se faire opérer", témoigne Alexandra. "Mais je n’en parle pas à ma famille avec qui je ne suis pas en bons termes, car je ne vois pas l'intérêt de rajouter un sujet qui fâche", confie la jeune femme.

Sources

- Merci au docteur Odile Bagot, gynécologue à Strasbourg, auteur du livre Dico des nanas, Editions Hachette Pratique, 2016.

- Merci à Alexandra, jeune femme qui a choisi la stérilisation, responsable du groupe Facebook "Stérilisation volontaire".

- Livret d’information sur la stérilisation à visée contraceptive. Ministère de la santé, 2007

- Site internet Gyn&Co, liste de soignant(e)s féministes - gynandco.wordpress.com

- Fernandez H, et al. Tubal sterilization: pregnancy rates after hysteroscopic versus laparoscopic sterilization in France, 2006–2010. European Journal of Obstetrics and Gynecology (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.ejogrb.2014.04.043

mots-clés : gynécologue
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