Pour répondre aux inquiétudes des populations résidant à proximité des sites industriels, très nombreux, dans les Bouches-du-Rhône, l’Agence régionale de santé de la région Paca (Provence-Alpes-Côtes d’Azur) a présenté les données locales sur les cancers. Les travaux ont débuté en avril 2010 et ont été piloté en région par Santé publique France. Les premiers résultats ont été communiqués ce mercredi.

Le cancer de la vessie a fait plus de 2000 nouvelles victimes sur la période étudiée (2013-2016) au sein du département des Bouches-du-Rhône et de ses communes. À lui seul, ce département représente plus de 16 % des cas en France. Les taux d’incidence sont, en effet, supérieurs à ceux observé dans les autres départements français. Mais c’est à Marseille que les risques atteignent leur apogée : ils sont jusqu’à 50 % plus élevés chez l’homme et à 80 % chez les femmes.

Les 1er, 2ème, 3ème et 7ème arrondissement de Marseille plus impactés

Plus concrètement, l’étude a permis de décrire la répartition de trois cancers ciblés, à savoir le cancer de la vessie, mais aussi du rein et la leucémie aiguë de l’adulte, à l’échelle du département des Bouches-du-Rhône. "Les trois cancers ont été choisis en fonction de spécificités industrielles du département, des connaissances sanitaires issues d’étude nationales et locales et ressources allouées à l’étude", précise Santé Publique France.

Selon leurs résultats la prévalence de cancer du rein et des leucémies est la même dans cette région que dans le reste de la France Métropolitaine. En revanche, ce sont les chiffres liés au cancer de la vessie qui inquiètent, et ce, particulièrement à Marseille. En effet, pour un homme, le risque de développer un cancer de la vessie est de 50 % plus élevé dans cette ville (si l’on compare au niveau national). Pour les femmes, les chiffres sont encore plus alarmants : la différence est de 80 % ! "Ce sont certains arrondissements de Marseille, le 1er, 2ème, 3ème, et 7ème et une vingtaine de communes situées au Sud-Est vers la Ciotat" qui sont concernés selon Philipe Malfait, responsables de la cellule régionale Santé Publique France en Paca Corse, interviewé par France Bleu Bouches-du-Rhône.

La région Paca compte le plus grand nombre de fumeurs

Si cette étude ne permet pas d’identifier les facteurs exacts qui pourraient expliquer ce constat, elle soulève néanmoins l’influence du tabagisme, principal facteur de risque du cancer de la vessie. Un soupçon qui prend tout son sens, quand on sait que la région Paca compte le plus grand nombre de fumeurs. En effet, en 2017, la proportion de fumeurs quotidien chez les adultes était de 32,2 % contre 26,9 % dans le reste de la France, partageait une autre étude menée par Santé Publique France en début d’année 2019.

L’étude, qui a débuté en 2010, devrait se poursuivre et se pencher également sur les polluants retrouvés dans l’air. "La pollution de l’air est un facteur suspecté pour le cancer de la vessie", explique Laurence Pascal de Santé Publique France. Les prochaines recherches pourront donc s’orienter sur l’influence d’indicateurs d’expositions environnementales. En effet, le département des Bouches-du-Rhône, en exposant ses habitants à de nombreux sites industriels, peut aussi expliquer ce facteur de risque.

Cancer de la vessie : comment le tabac double le risque

Si l’on sait pertinemment que le cancer du poumon est très souvent lié au tabac, le cancer de la vessie l’est tout autant. En effet, selon le professeur Béatrice Fervers, directrice du département Cancer et Environnement du Centre Léon Bérard, "on estime que 35 % des cancers de la vessie sont attribuables au tabac". Et d’après le Pr Desgrandchamps, "fumer régulièrement double le risque de tumeurs de la vessie".

"Les substances carcinogènes mutagènes [qui provoquent des mutations, NDLR] du tabac passent dans le sang et sont filtrées par les reins puis éliminées dans les urines. Ces substances glissent donc dans l’uretère (canal qui conduit l’urine des reins à la vessie). Si les tumeurs au niveau de la muqueuse urinaire du haut appareil sont rares car le temps de contact avec ces substances n’est pas long, elles sont fréquentes au niveau de la vessie puisque là, le temps de contact est important."

Sources

Observatoire des cancers du rein, de la vessie et des leucémies aiguës chez l’adulte dans le département des bouches-du-rhône (revela13), Santé Publique France, juillet 2019

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