Psychiatrie : Comment reconnaître un malade dangereux?
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Existe-t-il un profil type?

Non. Il n'y a pas un 'portrait-robot' du malade mental potentiellement dangereux. Toutefois il existe un certains nombre de facteurs qui, combinés entre eux, peuvent augmenter les risques de violence. Des risques qui, 'par rapport à la population générale sont multipliés par 3 à 10 chez les schizophrènes et 3 à 5 chez les personnes souffrant de dépression', comme le souligne le Pr Jean-Louis Senon, psychiatre au CHU de Poitiers.

Par ailleurs la synthèse de la Haute Autorité de Santé sur la dangerosité en psychiatrie (1) notait que les actes violents étaient plus souvent rencontrés chez les hommes de moins de 40 ans, vivant seul, ayant subi des violences durant l'enfance et qu'ils surviennent souvent après des accidents de la vie (chômage, divorce, agression...).

(1) 'Dangerosité psychiatrique: étude et évaluation des facteurs de risque de violence hétéro-agressive chez les personnes ayant des troubles schizophréniques ou des troubles de l’humeur'. Recommandations de bonnes pratiques de la Hautre Autorité de Santé après l'Audition publique présidée par le Pr Jean-Louis Senon.

Téléchargeable sur www.has-sante.fr/

Quels signes peuvent alerter?

On a tous en tête des exemples de comportement 'bizarres' observés chez des personnes croisées dans le métro ou dans la rue: monologue, tenue inadaptée, geste inquiétant.

Faut-il toujours être sur ses gardes? Dans ses recommandations, la Haute Autorité de Santé liste quelques signes d'alerte: 'des idées de persécution, de grandeur, de mission à remplir pour des instances supérieures', un discours où apparaîtraient des références au 'meurtre, à la vengeance, à l'agression, des menaces envers autrui'.

Comment agir face à malade qui semble en en crise?

Lorsque, malgré tout, une personne dont vous savez ou vous soupçonnez qu'elle souffre d'une maladie psychiatrique semble soudain menaçante, mieux adopter la bonne attitude.

La Haute Autorité de Santé donne pour ces circonstances, quelques conseils: 'se tenir à distance physique et mettre les tiers, notamment s'il s'agit d'enfants, à l'abri, ne pas tenter de geste qui pourrait paraître intrusif ou menaçant, ne pas fixer dans les yeux ce qui pourrait être pris pour une provocation, ne pas hésiter à exprimer son angoisse'.

Une addiction à la drogue et à l'alcool peut être un signe

Si l'immense majorité des personnes souffrant de troubles psychiatriques ne fera jamais la une des faits divers, l'un des facteurs de risques majeurs du passage à l'acte violent, est 'la consommation de substances psychoactives comme l'alcool et la drogue', rappelle le Pr Jean-Louis Senon, psychiatre au CHU de Poitiers.

Le risque est présent qu'il s'agisse d'un abus ponctuel ou d'une consommation régulière et addictive.

Une première agression est-elle toujours suivie de récidive?

Contrairement à une idée trop communément admise, les personnes souffrant de troubles psychiatriques sont bien plus souvent victimes de violence qu'elles n'en sont actrices. 'On constate qu'elles sont 7 à 17 fois plus souvent victimes d'agression ou de viol que l'ensemble de la population', relève le Pr Jean-Louis Senon, psychiatre au CHU de Poitiers.

Et lorsque violence il y a, elle est plus souvent tournée vers elles-mêmes puisqu'on compte 12 à 15% de suicides chez les personnes schizophrènes ou souffrant de troubles bi polaire contre 16 pour 100 000 pour l'ensemble de la France (2).

(2) Rapport de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) sur la mortalité par suicide en France téléchargeable sur www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/er702.pdf

Ce que dit la loi : l'irresponsabilité totale

Depuis le droit romain, pour qu'un criminel soit condamné, il faut qu'il soit responsable de ses actes. Or la psychose se caractérise notamment par une perte de réalité et un faussement du jugement.

Le nouveau code pénal français, dans l'article 122-1 réformé en 2008 estime que lorsque la personne, 'était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement', elle 'n’est pas pénalement responsable'. Mais elle peut être internée d'office en hôpital psychiatrique sur décision de la chambre d'instruction après avis des experts. D'autres mesures de sûreté peuvent être prises (interdiction de rencontrer certaines personnes, éloignement, retrait du permis de conduire à vie, interdiction d'activités bénévoles par exemple).

Ce que dit la loi : l'irresponsabilité partielle

L'article 122-1 du nouveau Code pénal de 1992, introduisait un nouveau concept : l'irresponsabilité partielle. Lorsque la personne 'était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes', elle 'demeure punissable; toutefois, la juridiction tient compte de cette circonstance lorsqu’elle détermine la peine et en fixe le régime'.

Dans la pratique, s'il pouvait s'agir dans l'esprit d'une circonstance atténuante, dans les faits, les cours d'assise ont tendance à prononcer une peine plus importante pour les prévenus correspondant à cette définition.

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