un tunnel sombre menant à la lumière© Bisli - Fotolia.comFotolia
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Qu’est-ce qu’une expérience de mort imminente ?

Impression de décorporation, vision d’un tunnel, accès à une lumière, rencontre avec des proches décédés, revue rapide de toute leur vie… Certaines personnes qui ont survécu à un épisode pendant lequel leur vie a été menacée rapportent une expérience particulière, qui s’est produite alors qu’elles étaient inconscientes. C’est ce que l’on nomme une expérience de mort imminente (EMI) ou Near Death Experience (NDE).

Les témoignages recueillis montrent que ces expériences, bien que toujours différentes, ont des traits particuliers comme la perception de scènes précises depuis un point extérieur à son corps, l’impression de pénétrer dans une réalité transcendante, la perception d’une lumière-présence, une transformation de l’échelle des valeurs, la disparition de la peur de la mort… Le Dr Raymond Moody a ainsi distingué 15 étapes dans un modèle théorique.

10 à 20 % des survivants d'arrêt cardiaque ont vécu une EMI

On sait aujourd’hui que ces EMI (Expérience de Mort Imminente) sont assez fréquentes. Les différentes études sur des survivants d’arrêt cardiaque ont mis en évidence la survenue d’EMI chez 10 à 20% de ceux-ci.

Ces expériences ne sont pas toujours liées à l’imminence de la mort : "la proximité de la mort est seulement un des chemins qui peut mener à cette expérience" indique le Dr Sylvie Déthiollaz, Docteur en biologie moléculaire, et fondatrice de Noêsis, un centre d'études des états modifiés de conscience.

Ainsi, les EMI peuvent se produire pendant une anesthésie générale, au cours de maladies graves, lors d’un accident de la route… Plus rarement, elles peuvent être vécues par des personnes qui se reposent ou sont en train de se promener.

"Il faut donc plutôt parler d’expériences inhabituelles de la conscience", précise le Dr Jean-Pierre Postel, anesthésiste-réanimateur au centre Hospitalier à Sarlat et Président du Centre National d’Étude, de Recherche et d’Information sur la Conscience (CNERIC).

EMI : quelles sont les hypothèses scientifiques ?

Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer les EMI (Expériences de mort imminentes). Le premier modèle explicatif est d’ordre psycho-psychiatrique : cette expérience surviendrait dans le cadre d’un stress intense. Le cerveau réagirait à ce stress sur un modèle stéréotypé.

Des hypothèses neuro-biologiques ont aussi été avancées. Cette expérience serait due à un pic d’endorphines : lorsque le cerveau manque d’oxygène ou d’apport sanguin, il y a une libération d’endorphines, qui entraîne une sensation de bien-être. Mais l’EMI (Expérience de Mort Imminente) est également attribuée à d’autres neuromédiateurs situés dans le cerveau.

On a également évoqué des causes pharmacologiques : les EMI seraient provoquées par une réaction du cerveau à certains produits pharmaceutiques. Autre explication physiologique : un manque partiel ou total d’oxygène au niveau cérébral, en particulier dans les zones cérébrales occipitales.

"Ces hypothèses expliquent quelques aspects des EMI mais pas l’expérience dans sa totalité" souligne le Dr Déthiollaz, Docteur en biologie moléculaire. La question des EMI n’est donc pas élucidée aujourd’hui.

Une EMI entraine un changement de valeurs chez le patient

Les médecins s’intéressent ainsi aux changements de valeurs qu’entraîne cette expérience. De nombreux chercheurs s’accordent sur la composante transformatrice de l’EMI (Expérience de Mort Imminente). Les personnes qui ont vécu cette expérience n’ont plus peur de la mort et voient la vie différemment.

"Cela les transforme comme s’ils avaient fait un chemin spirituel", note le Dr Dudoit. Son projet de recherche ? La place et le rôle de cette expérience sur la modification et/ou la transformation des valeurs et des composantes de la spiritualité suite à une EMI.

Ce psychologue clinicien cherche à comprendre pourquoi cette expérience a transformé les personnes et à savoir s’il est possible d'en créer un chemin thérapeutique.

EMI : des enjeux médicaux et philosophiques

"Les NDE ont fait émerger de nouvelles conduites professionnelles" constate le Dr Postel, anesthésiste réanimateur. "Si un professionnel de santé, qui travaille en réanimation ou qui soigne des comateux, sait ce que'est une NDE, il aborde son patient de façon différente" ajoute-t-il. Ainsi, on sait aujourd’hui qu’il faut parler aux personnes dans le coma.

Une étude menée en 2008 sur 8 patients comateux a montré qu’ils étaient capables d’acquisition de la mémoire. De la même façon, des recherches menées sur les anesthésies ont montré que des patients endormis avaient mémorisé tout ce qu’ils avaient entendu. Si l’on prouve que la conscience est indépendante de l’activité cérébrale, il y aura des implications médicales : sur la prise en charge des patients dans le coma, en état de mort clinique ou en soins palliatifs.

"Si on arrive à mieux comprendre la conscience, la façon de soigner va changer : on soignera le patient dans sa globalité : corps et esprit", annonce le Dr Postel. "Nous pourrons peut-être mieux comprendre les maladies liées aux dysfonctionnements de la conscience, comme les maladies psychiatriques, la schizophrénie…", ajoute le Dr Dudoit, psychologue, clinicien.

Les recherches continuent. L’enjeu est important : "Bien-au-delà de savoir si la mort existe ou non, il s’agit au fond de comprendre ce que l’on est" conclut le Dr Sylvie Déthiollaz, docteur en biologie moléculaire.

EMI : Le cerveau ne serait pas le siège de la conscience…

Derrière le phénomène des expériences de morts imminentes (EMI), ce qui intéresse les chercheurs, c’est de mieux comprendre la conscience. Qu’est-ce que notre conscience ? D’où vient-elle ? On pense que la conscience est localisée dans le cerveau. Or des personnes en état de mort clinique vivent cette expérience alors que leur cerveau ne fonctionne plus.

"Si on a un modèle psychique avec une conscience délocalisée, peut-être que cela nous conduira à revisiter le lien corps-esprit et à poser de nouvelles cartographies de celle-ci", explique Eric Dudoit, psychologue clinicien, qui dirige l’Unité de soins et de recherche sur l’esprit, au centre hospitalier de la Timone à Marseille. "Peut-être que toutes les cellules du corps participent à la conscience ?", s’interroge le Dr Postel.

EMI : la preuve d'une 5e dimension ?

Les physiciens et mathématiciens proposent des théories de la conscience faisant intervenir la physique quantique, la physique des ondes et l’interaction entre les particules. Un médecin, le Dr Jourdan, Directeur de la recherche médicale IANDS en France, s’est lui intéressé aux modalités et particularités de la perception durant ces expériences.

Dans les récits d’EMI (Expérience de Mort Imminente), les patients relatent souvent des événements qui se sont produits autour de leur corps pendant leur inconscience, mais parfois aussi des faits qui ont eu lieu dans d'autres pièces auxquelles ils n’ont pas eu physiquement accès. Ils "voient" à travers les matériaux et les objets, sans le secours des sens. "Ce qui est perçu, c’est donc de l’information", indique le Dr Jourdan. "Des personnes dans un état où leur cerveau n’en était pas capable, ont acquis des informations et les ont mémorisées" explique-t-il.

Fort des témoignages qu’il a recueillis, le Dr Jourdan propose aujourd’hui un nouveau concept de "perception/acquisition globale d’information". La conscience accéderait à une "5ème dimension" dans laquelle une réalité plus vaste transcendant le temps, l'espace et la matière, engloberait la réalité ordinaire.

EMI : Comment vérifier l’existence de cette 5e dimension ?

Reste maintenant à prouver que la conscience, dans certains cas, accède à une cinquième dimension. "Nous cherchons à recueillir des témoignages sur les perceptions, dans les services de cardiologie et de réanimation" explique le Dr Jourdan. Un questionnaire pourrait être proposé aux personnes ayant eu un arrêt cardiaque ou ayant été dans le coma. Leurs déclarations devront être confrontées avec les dires de l’équipe soignante.

Le Dr Jourdan a mis au point un protocole qui vise à prouver la réalité de cette acquisition d’informations dans un mode que l’on ne connaît pas. L’idée ? Disposer une cible –un message, un dessin- dans une boîte ou une enveloppe scellée dans le service des urgences et dans des chambres de réanimation.

Ce protocole est aujourd’hui mis en place à l’hôpital de Sarlat, dans le service du Dr Postel. "Si une personne inconsciente réussit à voir la cible, ce sera forcément une acquisition d’information par un mécanisme que l’on ne connaît pas encore", avance ce dernier.

EMI : elles pourraient être utiles en psychothérapie

En plus des recherches sur le pourquoi et le comment des EMI, les scientifiques étudient la composante psychologique et psychothérapeutique des EMI. On pourrait les utiliser dans les traitements psychothérapiques.

"On peut envisager ces expériences sous un angle psychothérapeutique et soigner les personnes de problématiques anciennes", indique le Dr Déthiollaz, docteur en biologie moléculaire. "Si on étudie le contenu de ces expériences, on se rend compte que les contenus sont très révélateurs de la personne, de ses conditionnements, de son vécu intérieur ; des messages apparaissent sous forme de symboles comme dans les rêves" explique-t-elle. Cette expérience peut être le début d’un long travail personnel.

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