Définition : qu’est-ce que l’occlusion intestinale ?

L’occlusion intestinale se définit comme un arrêt partiel ou total et persistant du transit intestinal normal. Elle est secondaire à un obstacle au niveau du côlon ou l’intestin grêle. Elle provoque une interruption progressive ou brutale des selles et des gaz.

L’obstacle peut être mécanique ou fonctionnel. Il y a un grand nombre de causes possibles à ce trouble. Cette affection est une urgence médicale absolue qui nécessite une intervention chirurgicale.

À noter que l'occlusion se distingue de la sub-occlusion qui évolue sur un mode plus atténué : il y a des douleurs, mais pas d'arrêt du transit. Dans ce cas, la chirurgie est évitée. 

Chiffres : quelle est la fréquence de l’occlusion intestinale ?

L’occlusion intestinale est une affection fréquente. Représentant en moyenne 25% des admissions, elle est le second motif le plus rencontré d’urgence chirurgicale digestive (derrière l’appendicite). Elle est à l'origine de 10 à 20% des douleurs abdominales aiguës de l’adulte.

Les occlusions mécaniques sont les plus courantes, à commencer par celles localisées dans l’intestin grêle (65 à 75% des occlusions mécaniques). Cette pathologie est commune chez les personnes âgées, mais peut survenir à tout âge. Certains antécédents (comme une pathologie ou une chirurgie digestive) prédisposent à développer la maladie.

Quels sont les symptômes de l’occlusion intestinale ?

L’intensité et l’ordre d’apparition des symptômes de l’occlusion intestinale dépendent du tableau clinique :

Les occlusions par obstruction

Elles se manifestent par :

  • des douleurs et spasmes abdominaux progressifs et intermittents ;
  • des ballonnements diffus ;
  • un arrêt progressif des gaz et des selles ;
  • une lutte intestinale ("bruits de ventre") ;
  • des vomissements en cas de Syndrome d’Occlusion Distale de l’Intestin (SODI). Lorsqu'il persiste depuis longtemps, les vomissements peuvent prendre l’apparence de matières fécales ;
  • des diarrhées intermittentes notamment en cas de SODI.

Les occlusions par strangulation

Elles se caractérisent par :

  • des douleurs abdominales intenses, permanentes et de survenue brutale ;
  • des ballonnements limités à certaines parties du ventre ;
  • un arrêt brutal des gaz et des selles.

Les occlusions fonctionnelles hautes

Les signes de ces troubles (localisés dans le duodénum ou l’intestin grêle) sont

  • des vomissements précoces suivis d’un arrêt du transit plus tardif ;
  • une diarrhée de vidange (sans gaz) est parfois observée ;
  • des douleurs abdominales intermittentes ;
  • des signes de déshydratation (soif, fatigue, vertiges…).

Les occlusions fonctionnelles basses (dans le côlon ou le rectum)

Elles se caractérisent par :

  • un arrêt du transit et des douleurs intenses précoces ;
  • des vomissements plus tardifs.

Quelles sont les causes de l’occlusion intestinale ?

"L’occlusion intestinale recouvre des étiologies extrêmement variées, il serait vain d’en dresser une liste exhaustive. Certaines sont d’origine mécanique tandis que les autres sont fonctionnelles", selon le Docteur Vianna Costil, gastro-entérologue.

Les occlusions d’origine mécanique   

"Dans ce type d’occlusion un obstacle empêche le transit intestinal normal. Ce blocage est consécutif à une obstruction ou une strangulation", indique la spécialiste.

Les occlusions par obstruction

Elles recouvrent différents cas de figure :

Un blocage du canal digestif (occlusion "endoluminale")  du à :

  • un calcul biliaire  ou iléus biliaire : ce dernier provoque une inflammation de la vésicule biliaire à l’origine d’une fistule (canal communiquant) entre cette dernière et le duodénum. Le calcul biliaire passera alors dans le tube digestif pour le bloquer. "Cette cause reste rare", ajoute l'experte ;
  • un corps étranger : lorsqu’un objet a été introduit dans le rectum et que le patient ne parvient plus à le ressortir. "Généralement, il n’y a pas de symptôme à cette intrusion sauf en cas de perforation ou d’occlusion, le patient souffrant se rend alors aux urgences". Nous estimons que 80 à 90 % des corps étrangers s'évacuent spontanément via le tube digestif, 10 à 20% ont recours à un traitement non chirurgical et un peu moins de 1% nécessitent une extraction chirurgicale ;
  • un fécalome : c’est-à-dire une masse pathologique de matières fécales durcies dans le rectum. Cette cause est relativement fréquente chez les personnes âgées ;
  • un SODI (Syndrome d’Occlusion Distale de l’Intestin) : l’intestin est obstrué par l’accumulation de selles épaisses : la surproduction d’un mucus épais se combine avec les selles et adhère à la paroi intestinale. Ce syndrome est associé à plusieurs pathologies (mucoviscidose, fibrose kystique…). 

Un épaississement de la paroi du tube digestif (occlusion "pariétale") lié à :

  • un cancer ou une tumeur inflammatoire : cette occlusion évolue aux dépens de la paroi intestinale (ou du côlon) atteinte. L’imagerie révèle un épaississement de cette dernière. Il peut s’agir de tous les cancers susceptibles de se propager à l’abdomen et tout particulièrement les cancers de l'estomac, colorectal, de l'i ntestin grêle, de l’utérus, de la prostate, de la vessie et de l'ovaire ;
  • une sténose inflammatoire : c’est-à-dire un rétrécissement important de l’intestin. "Elle peut notamment résulter d’une maladie inflammatoire de l’intestin telle que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique".

Une compression par un élément voisin du tube digestif (occlusion "extraluminale") comme par exemple :

  • un lymphome (cancer du système lymphatique) : il peut entraîner une adénopathie (gonflement ganglionnaire) intra-abdominale très volumineuse et susceptible de bloquer "la lumière" du tube digestif ;
  • une carcinose péritonéale : en cas de cancer très avancé, un risque à craindre est l’envahissement par des cellules cancéreuses de tout ou partie du péritoine à l’origine d’une occlusion.

Photo : radiographie d'un volvulus (torsion) intestinal  

Les occlusions par obstruction © Creative Commons

© James Heilman, MD - Travail personnel - Licence CC BY-SA 3.0 : https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

Les occlusions par strangulation

Les causes sont extrêmement diversifiées :

  • la hernie étranglée : "c’est une cause fréquente d’occlusion intestinale et une urgence absolue". Elle a pour origine une hernie ombilicale, inguinale ou crurale. L'intestin se retrouve bloqué hors de sa cavité naturelle. Il peut alors emmener avec lui une partie du colon, de l’appendice et de l’ovaire (chez la femme). Elle est détectée lors de la palpation de la paroi abdominale ;
  • le volvulus de l’intestin grêle : il résulte d’une torsion de l’intestin grêle qui ne laisse alors plus passage aux aliments. Chez l’enfant, il résulte souvent d’une malformation congénitale. Chez l’adulte, il peut être la conséquence d’une constipation chronique, d’une opération chirurgicale ou d’une alimentation trop fibreuse ;
  • le volvulus du côlon sigmoïde : la torsion du côlon sigmoïde sur lui-même est rare. Elle survient le plus souvent chez les personnes qui présentent une anse sigmoïdienne longue (80 cm) et mobile, remontant dans l'abdomen (elle est située normalement dans le petit bassin). Cette affection est favorisée par des facteurs génétiques, une alimentation pauvre en protéines et trop riche en fibres, la maladie de Chagas ou une constipation chronique ;
  • le volvulus du cæcum(cause rare) ;
  • la bride post-opératoire : tout patient opéré est susceptible de développer des adhérences et des brides dans le ventre. Une "bride" est une cicatrice interne anormale entre les intestins, souvent séquelle d’une opération. Elle coince l’intestin et bloque le transit ;
  • l’invagination intestinale aiguë : elle consiste en l’invagination d’une partie de l’intestin dans l’autre. Elle survient surtout chez l’enfant. Rare chez l’adulte, elle peut révéler un cancer.

Les occlusions fonctionnelles

Elles sont appelées "iléus paralytique" : "les intestins et le colon sont comme paralysés. Leur mise au repos n’est pas liée à un blocage, elle est une pathologie fonctionnelle. Elles sont prises en charge par un gastro-entérologue et non en chirurgie". On distingue :

  • les occlusions réflexes : elles sont consécutives d’une chirurgie ou liées à une douleur intense due à certaines pathologies (pancréatite aiguë, colique néphrétique);
  • les occlusions d’origine métabolique et endocrinienne : syndrome d’Ogilvie, insuffisance rénale, hypothyroïdie, troubles électrolytiques (hypokaliémie, hypocalcémie) …
  • les occlusions liées à la prise de médicaments : neuroleptiques, antidépresseurs, diurétiques, antiacides, anticoagulants (risque d'hématome pariétal), antalgiques opiacés…
  • les occlusions liées à une inflammation comme l’appendicite, la péritonite, la diverticulite, un abcès intra-abdominal…

Quels sont les facteurs de risques de l’occlusion intestinale ?

Les facteurs de risques de l’occlusion intestinale sont :

  • un calcul biliaire ;
  • une constipation chronique ; 
  • une maladie associée au Syndrome d’Occlusion Distale de l’Intestin ;
  • un cancer susceptible de se propager à l’abdomen ;
  • une maladie inflammatoire de l’intestin (MICI) ;
  • une hernie digestive ;
  • une alimentation trop riche ou au contraire pauvre en fibres ;
  • une chirurgie digestive ;
  • une invagination intestinale ;
  • une inflammation de l’intestin (péritonite, appendicite…) ;
  • une pathologie digestive très douloureuse (pancréatite, colique néphrétique…) ;
  • des troubles électrolytiques, métaboliques ou endocriniens ;
  • la prise de certains médicaments (antidépresseurs, neuroleptiques, anticoagulants, antalgiques opiacés…).

Quelles sont les personnes à risque d’occlusion intestinale ?

L’occlusion intestinale peut survenir à tout âge et quel que soit le sexe de l'individu, bien qu’"elle constitue souvent une complication rencontrée par les personnes âgées", précise la praticienne. Les services hospitaliers de gériatrie sont sur leur garde. Les personnes les plus exposées sont les personnes :

  • constipées chroniques ;
  • atteintes de fibrose kystique ou de mucoviscidose (risque de SODI) ;
  • ayant un cancer susceptible d’atteindre l’abdomen ;
  • touchées par la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique ;
  • entretenant un régime trop ou au contraire pas assez fibreux ;
  • ayant subies une chirurgie digestive ;
  • présentant des calculs biliaires, une hernie digestive ou une invagination intestinale ;
  • atteintes d’une inflammation intestinale (péritonite, appendicite…) ;
  • atteintes de troubles métaboliques, endocriniens ou électrolytiques ;
  • atteintes d'un maladie digestive très douloureuse (pancréatite aiguë, colique néphrétique) ;
  • sous certains médicaments (neuroleptiques, anticoagulants, antidépresseurs…).

Combien de temps dure l’occlusion intestinale ?

L’occlusion intestinale se met en place de façon progressive et insidieuse (en quelques semaines) ou au contraire de façon aiguë et brutale. Une fois le blocage total, elle constitue une urgence absolue engageant drastiquement le pronostic vital. "La plupart du temps, il faut opérer. Sans intervention, la survie ne dépasse pas quelques semaines".

L’occlusion intestinale est-elle contagieuse ?

L’occlusion intestinale n’est pas une maladie contagieuse.

Qui, quand consulter en cas d'occlusion intestinale ?

En cas de symptômes aigus (douleurs abdominales et vomissements notamment) et de survenue brutale, il convient se rendre au service des urgences. Si le diagnostic d’occlusion intestinale est constitué, une intervention chirurgicale peut être nécessaire.

Si les symptômes évocateurs sont d’évolution progressive (constipation, douleurs intermittentes…), il convient de consulter son médecin traitant ou un spécialiste dans les plus brefs délais.

Les complications de l’occlusion intestinale 

Elle peut avoir des conséquences graves. Les complications de l’occlusion intestinale sont : 

Une déshydratation profonde qui peut générer :

  • des troubles électrolytiques : hyponatrémie, alcalose hypokaliémique, élévation de l’hématocrite, des protides et de l’urée (liée à l’hémoconcentration)… ;
  • une insuffisance rénale aiguë avec oligurie (insuffisance de la quantité d’urine émise) ;
  • un choc hypovolémique (baisse de la tension artérielle liée à une baisse de la quantité de sang).

Un syndrome infectieux par translocation, nécrose ou perforations (péritonite) des anses intestinales. Exceptionnellement, on relève des cas de chocs septiques à Bactéries à Gram Négatif (BGN).

À noter que ces complications se dépistent au moyen d’une prise du sang. 

Quels sont les examens et analyses de l’occlusion intestinale ?

"Après un examen clinique préalable (palpation abdominale, interrogatoire) les examens d’imagerie permettent de poser le diagnostic" :

  • la radiographie d’abdomen sans préparation (ASP) est indolore et rapide. Elle permet de poser le diagnostic en donnant orientant sa localisation.
  • le scanner abdominal permet de localiser et de visualiser le blocage. Il est aussi le témoin d’éventuelles complications.

Quels sont les traitements de l’occlusion intestinale ?

L’occlusion intestinale est une urgence médicale absolue. Elle donne systématiquement lieu à une hospitalisation. Elle peut nécessiter une endoscopie préalable (insertion d’une sonde dans le nez jusque dans l’estomac) afin d’aspirer le contenu accumulé qui fait pression sur l’intestin. La suite dépend de la nature de l’occlusion :

  • en cas de strangulation : intervention chirurgicale d’urgence sans même pratiquer d’endoscopie préalable (sauf en cas de volvulus sigmoïdien) ;
  • en cas d’obstruction : la chirurgie s’impose ;
  • en cas d’occlusion fonctionnelle : il faut alors traiter la cause de l’occlusion. "Elles sont prises en charge par les médecins et non par les chirurgiens", précise la doctoresse.

Comment prévenir l’occlusion intestinale ?

En dehors de pathologies associées à l’occlusion intestinale, il n’est pas possible d’envisager son éventuelle survenue. Il n’est pas non plus possible de prévenir l’occlusion intestinale. Toutefois, il est recommandé d’avoir un régime alimentaire équilibré avec le juste apport en fibres. En outre, les personnes atteintes de constipation chronique ne doivent pas hésiter à consulter.

J’ai une constipation chronique, dois-je craindre l’occlusion intestinale ? 

Réponse du Dr. Costil, gastro-entérologue : "il s’agit de deux choses différentes. La constipation chronique n’est qu’un facteur de risque indirect de l’occlusion. La constipation est qu’un blocage des selles, il n’y a pas d’arrêt du transit".

Sites d'informations et associations

SNFGE- association de patients

AFA- vaincre la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique

Fibrose kystique canada

Sources

Entretien avec le Docteur Vianna Costil, gastroentérologue en cabinet libéral

Les chiffres sur : Occlusion mécanique, pièges diagnostics et éléments clés du compte rendu, EM consult, P. Taourel and al. 2013

Les fondamentaux des pathologies digestives, chap 15: l'occlusion intestinale,  Editions Elesevier-Masson - Octobre 2014