Définition : qu’est-ce que l’appendicite ?

Il s’agit d’une inflammation très douloureuse de l’appendice iléo-caecal, c’est-à-dire de l’extrémité de la première partie du colon. Ce « cul de sac », entre le petit et le gros intestin, mesure de 6 à 12 cm de long pour 5 mm de diamètre. L’appendicite se manifeste lorsque l’appendice est obstrué et s’infecte.

Cette pathologie abdominale s’accompagne de fortes douleurs, de symptômes gastro-intestinaux variables, comme des vomissements, et d’une fièvre parfois légère. L’appendice doit être retiré au cours d’une opération chirurgicale dès que le diagnostic est confirmé. L’appendicite peut toucher aussi bien les adultes que les enfants, même si ces derniers, de même que les personnes jeunes, sont statistiquement plus concernés.

Qu’est-ce qu’une appendicite chronique ?

Pour le Pr Denis Collet, la notion d’appendicite chronique n’est aujourd’hui plus vraiment d’actualité. L’appendicite est forcément aigüe : des symptômes se manifestent, et ils réclament une intervention rapide.

« C’est une appendicite ou c’est autre chose », résume le spécialiste. Le diagnostic d’appendicite chronique était autrefois parfois posé à la suite d’une appendicectomie, lorsque l’analyse de l’appendice ne révélait par grand-chose d’anormal. Une légère inflammation pouvait être mise en évidence, sans que l’on puisse en réalité vraiment en connaître l’origine.

L’utilisation de l’imagerie médicale pour le diagnostic a quasiment éliminé les appendicectomies dites inutiles, et cette notion d’appendicite chronique a pratiquement disparu.

Cette inflammation est-elle fréquente ?

L’appendicite est une affection courante qui atteint une personne sur 15. En France on opère globalement beaucoup. La France se situe au huitième rang sur 22 pays en ce qui concerne la fréquence des interventions chirurgicales, avec 83 400 appendicectomies comptabilisées en 2012. Elle est cependant en forte décroissance, puisque l’on dénombrait 162 700 interventions en 1997, et encore 92 000 en 2009.

Ces progrès sont dus à l’utilisation des techniques d’imagerie médicale pour confirmer le diagnostic et réduire considérablement les opérations non-justifiées.

Symptômes : comment savoir si on a l’appendicite ?

Les symptômes de l’appendicite peuvent varier d’une personne à l’autre et se manifester avec des intensités différentes, si bien qu’il n’est pas toujours aisé de les différencier d’autres problèmes médicaux. Ces signes peuvent parfois être confondus avec ceux d’une gastro-entérite, notamment chez l’enfant, d’une maladie de Crohn ou encore d’une rectocolite hémorragique.

Le principal symptôme de l’appendicite reste cependant une forte douleur dans la partie basse de l’abdomen, sur la droite, qui s’aggrave à la pression et à l’effort. Elle peut s’accentuer progressivement pendant plusieurs heures. La douleur est souvent accompagnée d’autres symptômes comme des nausées, accompagnées ou non de vomissements, une constipation, une perte d’appétit, ainsi qu’une faible fièvre qui ne dépasse pas habituellement 37,8 à 38,2 °C.

Prendre garde aux symptômes des personnes âgées...

Le conseil du Pr Denis Collet, spécialiste en chirurgie oesogastrique et endocrinienne :

« L’appendicite se présente différemment chez les personnes âgées. Les symptômes sont souvent atténués, avec parfois seulement de vagues douleurs, alors que l’infection peut être déjà évoluée. »

Que faire en cas de crise d’appendicite ?

Une douleur vive et persistante au bas de l’abdomen, près du nombril ou plus à droite, accompagnée de fièvre ou de vomissements doit alerter et il faut se rendre aux urgences. Il est conseillé d’éviter de donner à manger ou à boire à la personne qui présente des symptômes, et ce dès leur apparition.

En cas de doute, il est aussi possible d’appeler le 15 : le médecin régulateur saura prodiguer tous les conseils nécessaires et jugera de l’urgence de la situation.

Appendicite : à quel âge est-elle la plus fréquente ?

Les sujets jeunes sont les plus fréquemment touchés. L’appendicite se produit le plus souvent entre 10 et 15 ans, et entre 25 et 34 ans. Elle est plutôt rare avant l’âge de 5 ans, et exceptionnelle avant 3 ans. Il faut cependant garder en tête que personne n’est à l’abris, et que l’appendicite peut toucher n’importe qui et à n’importe quel âge.

De quel côté se situe la douleur de l’appendicite ?

Une crise d’appendicite commence le plus souvent par des douleurs abdominales près du nombril. Elle évolue ensuite graduellement vers la partie inférieure droite de l’abdomen, la fosse iliaque droite, qui se situe juste au-dessus du pli de l’aine. C’est à cet endroit que se loge l’appendice chez la plupart des gens. Il peut cependant être situé ailleurs, comme au milieu de l’abdomen, sous le gros intestin, ou sous le foie. On parle alors d’appendicite rétro-caecale et d’appendicite sous-hépatique.

Certaines personnes présentent également l’appendice à gauche, en raison d’une rotation interne inverse de l’intestin. Il s’agit toutefois de cas rarissimes.

Schéma ancien représentant le système de vascularisation de l'appendice humain

De quel côté se situe la douleur de l’appendicite ?© Creative Commons

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Quelles sont ses causes de l’appendicite ?

L’appendicite est une infection qui se manifeste par une inflammation. À l’origine de ce phénomène, on trouve une obstruction de l’appendice qui peut avoir plusieurs causes. La plus fréquente est une accumulation de r ésidus de matières fécales, ou encore la présence d’un corps étranger. Parfois évoquée, la présence d’un parasite intestinal (Ascaris) est très rare.

Quels sont ses facteurs de risques ?

Il n’existe pas de facteur connu qui puisse augmenter les risques de présenter une appendicite.

Quelles sont les personnes à risques ?

Le seul fait certain est qu’elle concerne plus souvent les enfants et les jeunes adultes. De même, les hommes seraient légèrement plus à risque que les femmes.

Combien de temps dure l’appendicite ?

L’appendicite doit être prise en charge au plus tôt. L’opération en elle-même dure environ 30 minutes, et l’hospitalisation se prolonge entre 2 et 6 jours, en fonction du patient et de la technique opératoire utilisée.

Est-elle contagieuse ?

L’appendicite résulte d’un phénomène d’obstruction qui n’a rien de contagieux.

Qui, quand consulter pour une appendicite ?

Une douleur vive et persistante en bas de l’abdomen, près du nombril ou plus à droite, accompagnée de fièvre ou de vomissements, doit amener à se rendre à l’hôpital en urgence ou à appeler le 15.

Comment se déroule le diagnostic ?

Le diagnostic de l’appendicite peut s’avérer compliqué à établir, car les symptômes sont peu spécifiques et peuvent varier d’un cas à l’autre. La démarche diagnostique commence par un examen clinique, pratiqué par un médecin dans un cabinet de médecine générale, ou directement à l’hôpital.

L’abdomen ne semble pas ballonné et respire normalement. Une palpation douce fait apparaître une douleur constante et vive accompagnée d’une légère défense au niveau du point de Mac Burney, c’est-à-dire sur une ligne qui part du nombril pour aller jusqu’à l’épine iliaque antérosupérieure. La douleur devient plus vive si le médecin fait lever au malade la jambe droite tendue.

L’examen clinique s’accompagne d’une prise de sang et, dans presque tous les cas, d’un scanner qui permettra de confirmer le diagnostic. L’hospitalisation est alors nécessaire en vue d’une intervention chirurgicale.

Complications et évolution de l’appendicite

L’appendicite doit être traitée rapidement, sans quoi l’appendice pourrait se rompre et l’infection se propager. Cette situation est la principale complication de l’appendicite : la péritonite.

Il s’agit d’une infection du péritoine, la mince paroi qui entoure la cavité abdominale et qui contient les intestins. La péritonite se manifeste par une douleur abdominale violente qui diffuse à tout l'abdomen. Les muscles du ventre deviennent durs et le patient présente de la fièvre.

Les signes d’une péritonite sont beaucoup plus bruyants que ceux d’une appendicite non compliquée, et ils s’expriment avec beaucoup plus d’intensité. Il s’agit d’une urgence absolue. Les suites opératoires peuvent être plus compliquées et douloureuses que celles de l’appendicite. Si elle se soigne bien dans les pays industrialisés, la péritonite peut conduire à une septicémie dans les pays où la prise en charge médicale est moins bonne.

Quels sont les examens et les analyses à pratiquer ?

En cas de suspicion d’appendicite, les médecins pratiquent d’abord un examen clinique, puis ils font réaliser une prise de sang et des examens d’imagerie médicale.

La prise de sang

Elle a pour but de confirmer l’inflammation. Elle n’est cependant pas suffisante, car de nombreuses affections provoquent une réaction inflammatoire. La numération formule sanguine (NFS) permet de mesurer la quantité de leucocytes, une catégorie de globules blancs. Leur taux est augmenté en cas d’appendicite. La CRP, ou protéine C-réactive, est un autre marqueur de l’inflammation mesuré grâce à la prise de sang.

Les examens d’imagerie médicale

Il s’agit principalement du scanner. L’utilisation des rayons X permet d’obtenir une image nette et précise de l’appendice, de son éventuelle augmentation de volume et de la présence d’une infiltration graisseuse qui constitue un signe d’appendicite. Si le résultat n’est jamais garanti à 100%, il s’agit aujourd’hui de l’outil diagnostic le plus fiable. Il a permis une forte diminution des appendicectomies depuis les années 1980. Grâce au scanner, il n’y a aujourd’hui presque plus d’opérations de l’appendice inutiles.

« Le scanner permet de bien faire la différence entre l’appendicite et des maladies qui ont des symptômes similaires, par exemple, une infection intestinale, ou des affections gynécologiques comme des kystes de l’ovaire ou certaines salpingites », explique le Pr Denis Collet.

L’échographie est également utilisée comme outils diagnostic. Elle a notamment longtemps été pratiquée à la place du scanner sur les enfants et les femmes enceintes, chez qui les rayons X doivent être évités. Mais comme ses résultats sont moins fiables que ceux du scanner, elle est aujourd’hui reléguée au second plan même chez les enfants.

Pourquoi y avait-il autant d’opérations de l’appendicite avant l’arrivée du scanner ?

Explications du Pr Denis Collet, spécialiste en chirurgie oesogastrique et endocrinienne :

« Autrefois, les chirurgiens suivaient le dogme de l’absence de parallélisme anatomoclinique. Cela signifie qu’il peut y avoir des formes graves et évoluées d’appendicite malgré des signes cliniques discrets. Les chirurgiens ne disposaient que de l’examen clinique et de la prise de sang pour prendre leur décision. La pensée qui prévalait était que le doute doit imposer l’intervention, pour éviter tout risque. »

Quel est le traitement de l’appendicite ?

Le principal traitement de l’appendicite est de retirer chirurgicalement l’appendice. Cela implique le plus souvent une hospitalisation de quelques jours, même si certains chirurgiens proposent désormais une prise en charge en ambulatoire, avec une entrée et une sortie le même jour. Cependant, la question d’un simple suivi sous antibiotiques est également posée.

L’opération de l’appendicite : l’appendicectomie

L’opération ne dure que 20 à 30 minutes. Elle se pratique toujours sous anesthésie générale. La laparotomie est la technique classique. Elle consiste à pratiquer une petite incision sur le côté droit pour retirer l’appendice.

Cependant, la coelioscopie est aujourd’hui préférée dans 90% des cas. Il s’agit de pratiquer de minuscules incisions dans l’abdomen pour introduire une mini caméra et les instruments chirurgicaux nécessaires à l’opération, à travers des petits tubes. Cette technique permet de réduire les douleurs et les complications post-opératoires. Le patient se lève le soir même et s’alimente le lendemain. La durée d’hospitalisation moyenne, en France, est de 3 jours pour une appendicite, même si certains patients peuvent sortir dès le lendemain de l’opération.

Certaines personnes ressentent des douleurs abdominales dans les jours qui suivent l’intervention, mais elles sont soulagées par des antalgiques. La période de convalescence dure entre 10 jours et 3 semaines selon les cas. Le patient peut reprendre peu à peu ses activités et se nourrir normalement. Par précautions, il doit cependant éviter l’alcool et les aliments trop gras pendant sa convalescence.

L’antibiothérapie

La prise d’antibiotiques est utilisée en parallèle de l’opération, pour s’assurer que l’infection est bien enrayée. Mais elle a aussi été proposée, il y a quelques années, comme traitement unique dans le cas de formes légères d’appendicites. Cette hypothèse a notamment été étayée par une étude publiée dans le journal scientifique The Lancet. Mais cette technique est aujourd’hui peu utilisée.

« Ce n’est pas passé dans les habitudes des chirurgiens qui craignent toujours une complication infectieuse susceptible de déborder le traitement antibiotique, explique le Pr Collet. L’appendicectomie est une intervention généralement très simple, et ne pas opérer revient à prendre un risque que l’on ne sait pas bien mesurer. »

Opération de l’appendicite : quels sont les risques ?

L’appendicectomie se déroule sans aucun problème dans la grande majorité des cas. Cependant, comme toute intervention chirurgicale, l’opération de l’appendicite comporte un risque. La coelioscopie est une technique qui présente de nombreux avantages, comme un champ de vision largement amélioré pour le chirurgien lors de l’opération, mais aussi une meilleure récupération pour le patient. Cependant, elle induit une légère augmentation des risques par rapport à la laparotomie.

« La mise en place des instruments peut être dangereuse si les règles de sécurité ne sont pas respectées, confirme le Pr Collet. On perfore la paroi musculaire abdominale avec un instrument pointu dans lequel on insère une optique ».

Or, lorsque le patient est maigre, ce qui est souvent le cas chez les enfants, certains vaisseaux sont proches et peuvent être atteints par un geste mal conduit. Le bénéfice de la technique est cependant très supérieur au risque, largement maîtrisé par les chirurgiens. L’appendicectomie comporte également un risque de complications post-opératoires, comme toutes les opérations chirurgicales. Une infection peut se produire dans de très rares cas, un syndrome occlusif avec des problèmes de reprise du transit intestinal, ou encore des difficultés dans la cicatrisation.

Peut-on prévenir l’appendicite ?

L’appendicite est provoquée par une obstruction de l’appendice impossible à anticiper : ce phénomène est totalement aléatoire.

Sites d’informations et associations

Le site de l’Assurance Maladie : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/appendicite-aigue

Sources

Épidémiologie descriptive des appendicites en France : faut-il revoir la physiopathologie des appendicites aigües ? Corinne Vons et Michèle Brami, Bull. Acad. Natle Méd., 2017,201,nos1-2-3, 339-357, séance du 14 février 2017.