Définition

Le cancer du rein correspond à la multiplication de cellules anormales du parenchyme (tissu fonctionnel) rénal. Ces cellules sont appelées cellules claires, c’est pourquoi la majorité des cancers du rein sont des carcinomes à cellules claires. Les reins se trouvant logés dans les fosses lombaires, en arrière du péritoine, les tumeurs rénales ont la place de se développer et de devenir volumineuses avant d’être symptomatiques.

Photo : un carcinome rénal à la droite de l'image (le rein non tumoral est à gauche)

Définition© Creative Commons

Crédit : Nephron — Travail personnel © CC - https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Chiffres

En France, le cancer du rein représente 3% des cancers avec 13 000 nouveaux cas (chiffres de 2015), et deux tiers des sujets atteints sont des hommes. C’est le sixième cancer masculin. Son incidence est particulièrement élevée en France puisqu’il arrive au treizième rang des cancers mondiaux. Son âge de survenue est assez tardif, souvent après 65 ans.

Symptômes

Le développement du cancer du rein est longtemps silencieux et ce cancer est souvent découvert fortuitement lords d’une échographie ou d’un scanner réalisé pour une autre cause. Lorsqu’il devient symptomatique, on peut observer les symptômes suivants :

  • Une hématurie qui correspond à la présence de sang dans les urines, microscopique ou macroscopique, et récurrente ;
  • Une douleur au niveau d’un flanc ;
  • La présence d’une masse lombaire latéralisée, plus facilement perceptible chez les personnes minces ;
  • La découverte d’une métastase, le plus souvent pulmonaire ;
  • Une altération de l’état général avec perte de poids et fièvre inexpliquée ;
  • Des infections urinaires récidivantes ;
  • Un varicocèle (dilatation variqueuse varices des veines du cordon spermatique -situées dans les bourses, au-dessus et autour de chaque testicule- du côté gauche).

Causes

Il existe différents facteurs qui peuvent entrer en cause dans le développement d’un cancer du rein.

L'insuffisance rénale chez les personnes dialysées

Le risque de développer un cancer du rein est dix fois plus élevé chez les personnes dialysées et ce risque augmente avec le nombre des années de dialyse. Ces individus doivent être surveillés de près et une échographie rénale doit être réalisée tous les ans, en raison des dysplasies (anomalie dans le développement des tissus, des organes, se traduisant par des malformations) polykystiques que développent ces malades et qui constitue un risque de cancer du rein.

Les patients transplantés rénaux

Le risque de développer un cancer du rein chez les individus transplantés rénaux est le même que chez les patients dialysés.

L’hérédité

Les formes héréditaires du cancer du rein sont rares car elles ne représentent que 1 à 2% des cas. Elles peuvent bénéficier d’un dépistage et d’un conseil génétique. Il existe différents syndromes rénaux héréditaires :

  • La mutation du gène de Von Hippel-Lindau : cette mutation est à l’origine d’environ 1% des cancers du rein.
  • La maladie de Von Hippel-lindau : c’est une phacomatose héréditaire (maladie impliquant une anomalie de développement du tissu) à transmission autosomique (transmission d'une génération aux suivantes d'un caractère particulier, exprimé ou non et inscrit dans un gène porté par un chromosome -autosome). Le gène de Van Hippel-Lindau est un gène suppresseur de tumeur à l’état normal, c’est pourquoi cette maladie provoque un grand nombre de tumeurs lorsque le gène est muté : hémangioblastomes de la rétine et du cervelet, carcinomes à cellules claires du rein et kystes du rein, kystes et des tumeurs pancréatiques, phéochromocytomes et tumeurs du sac endolymphatique. Cette maladie provoque des cancers du rein survenant dès l’âge de 35 ans. Le cancer du rein est la cause principale des décès chez ces malades.
  • Un cancer du rein commun familial : ce cancer survient avant 45 ans, peut être bilatéral et multifocal et récidive facilement. Des translocations génétiques ont été mises en évidence.
  • Autres syndromes en cause : le syndrome de Birt-hogg dube, la sclérose tubéreuse de Bourneville, la léiomyomatose cutanée familial peuvent aussi être à l’origine de cancers du rein, tout en restant exceptionnelles.

L'hypertension artérielle

L'hypertension artérielle non contrôlée est un facteur de risque de cancer du rein.

L'obésité

L'obésité est reconnue comme étant un facteur de risque chez l'homme et chez la femme, ce risque étant plus grand en cas d’obésité androïde (masculine).

L'ethnie

Les populations noires semblent avoir une incidence plus grande de cancer du rein, notamment aux USA.

Facteurs de risques

Il existe plusieurs facteurs de risque de développer un cancer du rein. Il s’agit principalement :

  • Du tabagisme : les fumeurs ont environ 1,5 fois plus de risque de développer un cancer du rein.
  • De l'obésité : le risque augmente avec l’IMC.
  • De l'hypertension artérielle.

Personnes à risque

Les personnes à risque de développer un cancer du rein sont surtout les hommes, les sujets ayant des prédispositions génétiques et ceux qui sont en dialyse depuis plus de trois ans.

Durée

La durée de la maladie évolue selon son pronostic.

Contagion

Le cancer du rein n'est pas contagieux.

Qui, quand consulter ?

Lorsque des symptômes pouvant faire évoquer une tumeur rénale apparaissent, il est nécessaire de consulter son médecin généraliste qui va réaliser les premières analyses que sont l’examen cyto-bactériologique des urines (ECBU), à la recherche de sang dans les urines ou d’infection, et une échographie rénale et des voies urinaires qui va permettre de visualiser la présence d’une tumeur ou non.

Si une tumeur rénale est présente, le médecin adressera le patient à un urologue puis il sera pris en charge dans un centre spécialisé dans le traitement des cancers par un chirurgien et un oncologue, ainsi que tout autre professionnel de santé qui peut intervenir dans le traitement.

Examens et analyses

Le diagnostic de cancer du rein est bien souvent fait fortuitement à la suite d’un ECBU ou d’une échographie, qui peuvent par exemple être réalisés pour le bilan d’une infection urinaire. Lorsque l’on suspecte un cancer du rein, la plupart du temps face à la présence de sang dans les urines, qui représente le premier symptôme, les examens complémentaires à réaliser sont :

  • L’échographie rénale et des voies urinaires ;
  • Le scanner abdominal et pelvien ;
  • Un bilan sanguin pour évaluer entre autres, la fonction rénale ;
  • Un examen des urines pour rechercher la présence de sang ou d’infection.

Le diagnostic de cancer du rein est confirmé par la biopsie de la tumeur, et l’envoi des cellules dans un laboratoire d’anatomopathologie, pour analyse.

Le cancer du rein peut également être découvert à l’occasion d’une prise de sang pour un autre motif. Par exemple :

  • Une accélération de la vitesse de sédimentation (VS) ;
  • Une hypercalcémie (excès de calcium dans le sang) ;
  • Une élévation de phosphatases alcalines (enzymes impliquées de la régulation du calcium) ;
  • Un nombre élevé de globules rouges (polyglobulie).

Une fois que le diagnostic de cancer est posé, on pratiquera un bilan d’extension pour rechercher d’éventuelles métastases. Celui-ci comporte à minima une radiographie pulmonaire et un scanner abdomino-thoracique. Un Tep scan peut également être utile pour visualiser les tumeurs de petite taille.

Sang dans les urines : quand consulter son médecin ?

Mon conseil de médecin généraliste :

"Le diagnostic de cancer du rein est souvent tardif et ce cancer est découvert à un stade métastatique dans 25% de cas. C’est pourquoi, il ne faut jamais négliger la présence de sang dans les urines, même en petite quantité, et demander un bilan minimal."

Un dépistage génétique est à envisager en cas de :

  • Antécédent familial de maladie de Van Hippel Lindau ;
  • Tumeur rénale bilatérale et/ou multiple ;
  • Tumeur rénale survenant avant 45 ans ;
  • Tumeur rénale familiale avec au moins 2 cas décrits .

Ce dépistage comporte un examen des urines, un bilan sanguin et une échographie rénale.

Cancer du rein : y-a-t-il un dépistage ?

La réponse du Dr Béguier, radiothérapeute :

"Les urologues peuvent être en faveur d’un dépistage organisé, à l’encontre des pouvoirs publics. Le rapport coût efficacité est à l’étude..."

Pronostic

Plusieurs critères doivent être pris en compte pour évaluer le pronostic d’un cancer du rein.

Taille de la tumeur

La taille de la tumeur au moment de la découverte du cancer est un élément important du pronostic. La survie à 5 ans pour une tumeur d’une taille inférieure à 7 cm est de 90%, contre 65% au-delà de 7cm.

Stade

Le stade du cancer du rein, et particulièrement son extension à distance, c’est-à-dire s’il est métastatique ou non, est un critère pronostic majeur. Un cancer restant localisé au rein a un meilleur pronostic qu’en cancer métastatique, car la chirurgie peut être curatrice autrement dit, soigner.

Grade

Une tumeur de bas grade a un meilleur pronostic qu’une tumeur de haut grade. En effet, les tumeurs de bas grade se développent lentement au contraire des tumeurs de haut grade, à développement rapide, donc plus agressives.

Type de cancer du rein

Les carcinomes à cellules rénales de type papillaire sont souvent des tumeurs de bas grade, donc à bon pronostic.

Le carcinome des tubes collecteurs et le carcinome médullaire ont un pronostic plus sombre, car ce sont des tumeurs de haut grade, très agressives.

Niveau de risque

Un système de classification pour évaluer le pronostic du cancer du rein existe ; il s’agit de l’International Metastatic Renal Cell Carcinoma Database Consortium (IMDC).

Il prend en compte 6 facteurs prédictifs :

  • Un indice fonctionnel de Karnofsky inférieur à 80 (quantifie l’état général du malade et de ses capacités à effectuer les actes de la vie quotidienne) ;
  • Le diagnostic et le traitement du cancer métastatique sont séparés de moins d’un an ;
  • Le taux de calcium sanguin est anormalement élevé ;
  • La présence d’une anémie ;
  • Le nombre de plaquettes est plus élevé que la normale (thrombocytose) ;
  • Le taux de polynucléaires neutrophiles est anormalement élevé.

Le niveau de risque est ensuite évalué comme suit :

  • Risque faible : le sujet ne présente aucun de ces critères ;
  • Risque moyen : le sujet présente 1 ou 2 critères positifs ;
  • Risque élevé : le sujet présente au moins 3 critères positifs.

Traitements

Le choix du traitement du cancer du rein est réalisé au cours de réunions de concertations pluri-disciplinaires avec un chirurgien urologue, un oncologue, un néphrologue et tout autre professionnel de santé qui pourrait apporter un bénéfice au sujet. Le traitement optimal envisagé est ensuite proposé au patient.

Photo : carcinome de 8 cm du pôle inférieur d'un rein montrant une prolongation

Traitements© Creative Commons

Crédit : Ed Uthman, MD (1953– ) — http://web2.airmail.net/uthman/specimens/images/renal_cell_ca.html © CC/Domaine public - Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Renal_cell_carcinoma.jpg

La chirurgie

Le traitement du cancer localisé au rein repose sur la chirurgie. Une néphrectomie (ablation du rein) est réalisée, la fonction rénale pouvant être assurée par un seul rein.

La chimiothérapie

Lorsque les cancers sont métastatiques, la chirurgie peut être associée à une chimiothérapie, mais les cancers du rein ne sont pas des cancers chimio-sensibles.

La radiothérapie

La radiothérapie est utilisée pour les formes métastatiques de cancer du rein, en complément ou non de la chirurgie.

Les thérapies ciblées

Ces thérapies représentent un grand progrès dans le traitement des cancers du rein avancés et métastatiques. Des médicaments sont déjà utilisés pour traiter le cancer du rein.

L’immunothérapie

Certains traitements d’immunothérapie sont utilisés avec succès pour le traitement du cancer du rein. Les effets secondaires de l’immunothérapie sont moins importants que ceux des chimiothérapies classiques.

Le suivi

Le risque de récidive d’une tumeur rénale, est maximal dans les 3 ans qui suivent son traitement. C’est pourquoi le suivi est indispensable, au moins pendant les 6 premières années qui suivent le traitement.

Au cours de ce suivi, un examen clinique et des examens complémentaires seront réalisés régulièrement (bilan sanguin, ECBU, échographie, scanner…). Des règles d'hygiène de vie sont à observer après le traitement : éviter de prendre des médicaments sans avis médical, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens, boire abondamment, surveiller sa tension artérielle…

Le calendrier de suivi est le suivant : tous les 3 mois pendant les trois premières années, puis une fois par an et ce, pendant au moins 15 ans, en raison du risque élevé de récidive.

Un traitement pour rendre la maladie curable ?

Actuellement le cancer du rein est incurable lorsqu’il présente des métastases. Seuls des traitements permettant de ralentir la maladie, mais ils ne sont pas efficaces chez tous les patients qui développent parfois des résistances.
Après 15 ans de recherche sur le sujet, le Docteur Gilles Pagès, directeur de recherche à l'Inserm et chef d'équipe au sein de l'institut Cancer et vieillissement de Nice, a fait une découverte majeure, avec son équipe à Nice. Les scientifiques ont développé une molécule qui permettrait de détruire ces résistances et d’inhiber la croissance tumorale. Ils souhaitent maintenant en faire un médicament. “Notre traitement, combiné à ceux qui existent déjà, permettra, on l’espère, de faire de cette maladie, une maladie curable. Mais rien que de pouvoir en faire une maladie chronique et permettre à des patients de vivre, c’est une immense fierté”, explique le chercheur à nos confrères de 20 minutes.

Prévention

Les mesures de prévention contre le cancer du rein regroupent les mesures générales d’hygiène de vie, pour lutter contre le développement des cancers :

  • Ne pas fumer : le cancer du rein, comme de nombreux autres cancers, est favorisé par le tabagisme chronique ;
  • Conserver un poids stable avec un IMC correct, en ayant une alimentation saine ;
  • Rééquilibrer la tension artérielle et la surveiller ;
  • Éviter les expositions aux produits toxiques comme le trichloréthylène pour le rein lors d'activités professionnelles.

Sites d’informations et associations

Des sites d’intérêt et d’informations sur le cancer du rein sont consultables sur internet, ainsi que des forums d’entraide :

Sources

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2010-12/ald_30_gp_cancer_du_rein_web.pdf

https://www.urofrance.org/base-bibliographique/tumeurs-du-rein

https://www.fondation-arc.org/cancer/cancer-rein/symptomes-diagnostic-cancer