Définition : qu'est-ce qu'une sciatique?

Aussi appelée sciatalgie, la sciatique est une douleur lancinante qui se propage exactement sur le trajet du nerf sciatique, à l’arrière de la jambe. Elle peut se manifester aussi bien à droite qu'à gauche, car un nerf sciatique est présent dans les deux jambes.

Ces nerfs sont les plus gros et les plus longs du corps humain. Après avoir cheminé au niveau de la colonne vertébrale, deux racines nerveuses provenant de la moelle épinière se réunissent à sa sortie pour former le nerf sciatique. L’une d’entre elle quitte la colonne entre la quatrième et la cinquième vertèbre lombaire (c’est la racine dite « L5 »), et l’autre entre la cinquième vertèbre lombaire et la première vertèbre sacrée (on appelle cette racine « S1 »).

Le nerf sciatique descend ensuite à l’arrière de la cuisse. Il se divise en 2 branches au niveau du genou pour former le nerf sciatique poplité interne, qui descend derrière la jambe, et le nerf sciatique poplité externe, qui descend le long du mollet.

Lorsque la cinquième racine lombaire du nerf sciatique est comprimée, on parle de sciatique L5. Quand c’est la première racine sacrée, c’est une sciatique S1.

À noter : Lorsque la sciatique s’accompagne d’un mal de dos, comme c’est le cas le plus souvent, on parle de lombosciatique.

Photo : schéma de la fesse à la fosse poplitée montrant le nerf sciatique

Définition : qu'est-ce qu'une sciatique?© Creative Commons

Crédit : Dr. Johannes Sobotta — Atlas and Text-book of Human Anatomy Volume III Vascular System, Lymphatic system, Nervous system and Sense Organs

Chiffres : la sciatique est-elle fréquente ?

Les lombalgies et les douleurs du nerf sciatique font partie des motifs les plus fréquents dans les consultations urgentes en médecine générale. On estime que 50% à 85% de la population française en a souffert ou en souffrira au cours de sa vie.

Symptômes : comment savoir s’il s’agit bien d’une sciatique ?

La douleur provoquée par une sciatique est très caractéristique et aisée à reconnaître.

Une douleur qui irradie dans la fesse et la cuisse

Les sensations douloureuses conséquentes à une sciatalgie sont parfois décrites comme des brûlures ou des chocs électriques, jusqu’à empêcher, parfois, de mettre du poids sur la jambe atteinte. La douleur suit le trajet du nerf sciatique, mais sa localisation peut varier légèrement en fonction de la racine qui subit une compression.

  • Sciatique L5. Quand la racine L5 est touchée, la douleur prend son origine au niveau de la fesse. Elle se propage sur la face externe de la cuisse et de la jambe. Elle croise le pied et se termine parfois au niveau du gros orteil.
  • Sciatique S1. La douleur lombaire se prolonge au niveau de la fesse, la face postérieure de la cuisse et de la jambe. Elle passe par la plante du pied et atteint le petit orteil.

Une douleur unilatérale

On ne souffre que d’un seul côté. Malgré la douleur, l’aspect de la jambe reste normal.

Une aggravation à l’effort

Tout effort augmente la sensation douloureuse, même s’il ne s’agit que d’un éternuement ou d’une toux.

Un soulagement ressenti en position allongée

On va généralement mieux lorsque l’on quitte la station debout ou assise pour  s’allonger un peu.

Des modifications de la sensibilité

Les symptômes varient d’une personne à l’autre. En plus de la douleur, la jambe atteinte peut présenter des fourmillements, une sensation d’engourdissement, une perte de sensibilité ou au contraire une sensation de brûlure.

Une sensation de faiblesse

Lorsque l’on souffre d’une sciatique, la douleur peut aussi parfois s’accompagner d’une sensation de faiblesse des muscles dans la jambe atteinte.

Quelles sont les causes de la sciatique ?

Tout ce qui provoque une irritation ou une inflammation du nerf sciatique peut être en cause. Cependant, la hernie discale reste la cause la plus fréquente, puisqu’elle est à l’origine d’environ 85% des sciatiques.

  • L'hernie discale

L'hernie discale est une saillie anormale d’un disque intervertébral, compressé par les 2 vertèbres qui l’entourent. Dans certains cas, elle peut également comprimer l’une des racines du nerf sciatique. Les médecins parlent alors d’un conflit disco-radiculaire, par exemple « L4-L5 » si la hernie est localisée entre les vertèbres lombaires 4 et 5.« Les hernies discales, et donc la grande majorité des sciatiques qui en sont la conséquence, sont liées à une faiblesse d’un disque intervertébral lombaire, dont la cause est probablement d’abord génétique », précise le Dr Jean-Yves Maigne, rhutmatologue. Ensuite, la hernie peut être provoquée ou accélérée par un accident, un choc au dos, ou par le port répété de charges très lourdes. Il faut cependant garder en tête que toutes les hernies discales lombaires ne provoquent pas nécessairement une sciatique.

  • Un canal lombaire étroit

« C’est la seconde cause de sciatiques, note le Dr Maigne, elle touche surtout les personnes âgées. » Aussi appelé sténose lombaire, il s’agit d’un rétrécissement du canal lombaire dans lequel sont insérés les nerfs. Cela peut entraîner une compression des racines nerveuses au niveau des vertèbres lombaires, et une névralgie sciatique. L’arthrose lombaire est l’une des causes de ce rétrécissement.

  • Une maladie inflammatoire ou un cancer

Certaines maladies inflammatoires irritent le nerf sciatique, comme la spondylarthrite ankylosante, ou le rhumatisme psoriasique. Dans ces cas particuliers, on parle plutôt de « pseudo-sciatique », car le nerf sciatique n’est pas comprimé au niveau de la colonne vertébrale. « Dans la spondylarthrite ankylosante, l’inflammation de l’articulation sacro-illiaque peut irriter le nerf sciatique à distance », explique ainsi le Dr Maigne. Certaines tumeurs ou métastases peuvent également faire pression directement sur le nerf sciatique.

  • Un syndrome du piriforme

On désigne par ce terme une inflammation d’un muscle du bassin appelé piriforme, ou encore pyramidal. Il gonfle lorsqu’il est trop contracté, exerçant une pression sur le nerf sciatique. La douleur qui s'ensuit est également appelée « pseudo-sciatique ». Le syndrome du piriforme peut toucher les athlètes ou les personnes qui effectuent un entrainement ponctuellement trop intense.

  • La grossesse

Le poids du ventre peut créer des troubles de la posture qui se répercutent sur la colonne lombaire. Il augmente la pression sur les disques, ce qui peut entraîner un pincement du nerf sciatique.

  • De l’arthrose

Lorsqu’elle touche les vertèbres lombaires, elle peut entraîner une compression au niveau du nerf sciatique.

Quels sont les facteurs de risque de sciatique ?

Les principaux facteurs de risques de la sciatique sont ceux de la hernie discale, puisqu’elle est sa cause principale.

Les causes primaires de sciatique

  • L’hérédité. Les risques de souffrir d’une hernie discale, et donc potentiellement d’une sciatique, sont fortement augmentés lorsque quelqu’un de sa famille est atteint. « En se basant sur les travaux scientifiques les plus récents, il apparait que la faiblesse des disques intervertébraux est à 70% génétique », ajoute le Dr Jean-Yves Maigne.
  • Une profession à risques. Déménageur, manutentionnaire… les professions qui exposent au port répété de charges très lourdes, ou à des vibrations, sont des causes importantes de tassement vertébral et de hernie discale, mais lorsque l’on n’a pas de facteur de risque héréditaire.

Les causes secondaires de la sciatique

Ce sont les facteurs déclenchants. Pratiquer certains gestes et garder certaines habitudes favorise le déclenchement d’une hernie discale, et donc d’une sciatique.

  • Le port de charges lourdes, lorsque l’on a tendance à se pencher en avant sans précaution, les jambes tendues.
  • La position assise prolongée, notamment pour les personnes qui travaillent de longues heures devant leur ordinateur.
  • Une activité physique réduite favorise l’affaiblissement du dos et l’apparition de lombalgies.
  • Des muscles abdominaux faibles.
  • Un excès de poids.

Quelles sont les personnes à risque de sciatique ?

La sciatique peut survenir à tout âge, mais elle est un peu plus fréquente entre 35 et 50 ans. « On observe un pic du nombre de sciatiques vers 40 ans, note le rhumatologue. La qualité des disques intervertébraux est en cause. Avant cet âge, les disques sont hydratés, donc assez fragiles, mais l’anneau fibreux qui les entoure est encore solide, ce qui protège un peu contre le risque de hernie discale. À 40 ans, les disques intervertébraux sont encore hydratés, mais l’anneau fibreux est moins solide. »

Quelle est la durée d’une sciatique ?

« La névralgie sciatique dure en moyenne 1 à 2 mois, mais elle peut se prolonger davantage », précise le Dr Maigne. Dans 8 cas sur 10, elle guérit spontanément au bout de 6 à 8 semaines. La douleur disparait généralement quand la cause a été bien identifiée et bien traitée. Si ce n’est pas le cas, elle peut réapparaître épisodiquement.

Sciatique : existe-t-il un risque de contagion ?

Les douleurs provoquées par le nerf sciatique ne sont pas contagieuses.

Qui consulter, et quand, en cas de douleur sciatique ?

Le médecin généraliste

Lorsque des symptômes qui s’apparentent à une sciatique se déclarent, il n’y a le plus souvent pas d’urgence. On se rend quand on le peut chez son médecin généraliste pour un diagnostic précis. L’auscultation lui permet généralement de repérer et de localiser une éventuelle hernie discale. Cependant, certaines situations nécessitent malgré tout de consulter en urgence :

  • Une douleur difficilement supportable.
  • Une douleur qui s’accompagne d ’incontinence urinaire ou fécale, de rétention, d’une insensibilité dans la région du périnée et à l’intérieur des cuisses, ou d’une difficulté à se tenir debout.
  • Une perte de poids rapide, sans cause identifiée, en parallèle.

Le rhumatologue ou le chirurgien

Le médecin généraliste évalue le type de sciatique. En cas de forme compliquée, si les douleurs persistent au bout de plusieurs semaines ou que les traitements semblent ne pas fonctionner, le médecin peut alors adresser son patient à un spécialiste et prescrire des examens complémentaires.

Quelles sont les complications possibles de la sciatique ?

Même si la lombosciatique est de loin la plus courante, il existe aussi d’autres formes de sciatiques plus graves :

  • La sciatique hyperalgique. La douleur très forte ne cède pas malgré la prise des médicaments antidouleurs.
  • La sciatique paralysant e avec un déficit moteur de la jambe : la personne atteinte perd certaines capacités au niveau de la jambe touchée, et ne peut plus effectuer certains mouvements.
  • La sciatique du syndrome de la queue de cheval. L’atteinte du nerf sciatique s’accompagne d’une atteinte d’autres racines nerveuses. Cela peut provoquer des troubles de la sensibilité au niveau de la jambe et du périnée, des problèmes de contrôle des sphincters urinaire et anal, des difficultés à marcher ou encore une perte de force musculaire.

Quels sont les examens et les analyses pratiqués en cas de douleur sciatique ?

Un examen au cabinet du médecin généraliste

Le médecin examine d’abord son patient debout, à la recherche d’un trouble statique comme une scoliose. Il lui demande de marcher et recherche les mouvements qui ont pu déclencher la douleur du nerf sciatique. L’examen est complété en position assise et allongées par différentes manœuvres permettant de vérifier le diagnostic supposé de sciatique. Le praticien évalue la force musculaire et la sensibilité dans la zone touchée, et il étudie les réflexes neurologiques. À l’issue de ces manœuvres, le médecin peut préciser l’endroit de la colonne où le nerf sciatique est compressé, s’il s’agit d’une lombosciatique.

Un bilan complémentaire si nécessaire

Radiographie, scanner ou IRM : les examens complémentaires en cas de sciatique ne sont pratiqués que sous certaines conditions, lorsqu’il s’agit de formes résistantes.

« Ils ne sont prescrits que lorsque apparaissent des signes alarmants, comme des douleurs nocturnes ou une paralysie, ou bien si la sciatique se prolonge », précise le Dr Maigne. Il n’existe pas de consensus sur la durée au-delà de laquelle il est nécessaire de réaliser des examens complémentaires. Certains spécialistes recommandent d’attendre 3 semaines, d’autres préfèrent les faire plus rapidement. « Cela ne modifie en rien l’évolution naturelle de la sciatique », conclut le spécialiste.

Quels sont les traitements qui soulagent la sciatique ?

Les traitements prescrits en cas de sciatique sont de deux ordres : ceux qui apaisent la douleur, et ceux qui visent à en supprimer la cause. Ils sont essentiellement médicamenteux, mais une rééducation peut aussi être utile. La chirurgie est réservée à certaines formes particulières de sciatiques.

Les médicaments antidouleurs

  • Le paracétamol est toujours prescrit en première intention.
  • Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens font aussi partie de l’arsenal thérapeutique, souvent en association avec le paracétamol.
  • Les médicaments qui associent le paracétamol avec des antalgiques plus puissants, des opioïdes comme le tramadol et la codéine, sont prescrits dans un second temps, si le patient n’est pas suffisamment soulagé.
  • Les infiltrations peuvent également être envisagées. Elles consistent à injecter une très faible quantité de cortisone directement au contact de la racine irritée du nerf sciatique, dans le but de calmer l’inflammation.

Quelles sont les nouvelles recommandations en matière de traitements ?

Réponses du Dr Jean-Yves Maigne, rhumatologue :

« Les indications des infiltrations de corticoïdes ont été modifiées. Les spécialistes doivent désormais redoubler de prudence, et suivre une technique particulière, pour réaliser des infiltrations chez des personnes qui ont déjà été opérées du dos, et qui conservent malgré tout une sciatique. Quelques cas de problèmes neurologiques ont été rapportés. »

Les séances de kinésithérapie

Elles peuvent être prescrites par le médecin une fois que la douleur aigüe est passée. Ces séances de massage, d’exercices et d’étirements sont susceptibles d’aider à renforcer et à assouplir le dos. Certains étirements peuvent aussi participer à réduire la hernie, lorsqu’elle est la cause de la sciatique.

La chirurgie

Elle est envisagée quand la sciatique ne s’améliore pas au bout de plusieurs mois, dans le cas d’une sciatique chronique ou d’une douleur trop vive et handicapante. « Il faut aussi que le cas soit très clair, avec une hernie discale importante dont on voit bien qu’elle est la cause de la sciatique », complète le spécialiste.

Les médecines complémentaires

La sciatique provoque une douleur persistante qu’il n’est pas toujours facile de gérer, aussi bien physiquement que psychologiquement. Tout ce qui peut représenter une aide est donc bon à prendre. L’homéopathie, la phytothérapie, les huiles essentielles ou encore la méditation et les cures thermales sont des pistes à explorer, en fonction de la sensibilité de chacun. « On ne peut pas conseiller cela directement aux gens, mais si cela leur fait du bien, pourquoi pas », conclut le Dr Maigne.

Le conseil du Dr Maigne : "Recommencer doucement à bouger"

« Pendant la crise, il est recommandé de ne pas rester allongé trop longtemps. Cesser de travailler et s’immobiliser pendant une longue période provoque souvent une baisse de moral, et comporte un risque de dépression. Il est donc recommandé de reprendre ses activités quotidiennes dès que possible, en les adaptant dans un premier temps pour ne pas forcer. »

Les gestes qui soulagent

La chaleur détend les muscles contractés par la douleur sciatique. Un massage aux huiles essentielles, un bain chaud ou une bouillotte peuvent donc participer à apaiser la douleur.

Peut-on prévenir la sciatique ?

Pour le Dr Jean-Yves Maigne, aucune mesure préventive ne peut réellement empêcher la survenue d’une sciatalgie. Il explique : « La sciatique est essentiellement provoquée par une hernie discale, dont la principale cause est une faiblesse des disques intervertébraux ». Si une bonne hygiène de vie ne suffit pas à faire mentir les gènes, elle pourrait cependant renforcer le dos, et ralentir l’apparition de la sciatique. Elle est aussi utile pour les cas plus rares qui ne dépendent pas des gènes. Sur son site, l’Assurance Maladie recommande des mesures hygiéno-diététiques qui pourraient limiter les facteurs d’aggravation :

  • Pratiquer une activité physique régulière, avec un échauffement, une montée en intensité progressive, des gestes maîtrisés et un équipement adapté. Le sport améliore le tonus musculaire qui contribue à protéger la colonne vertébrale.
  • Perdre du poids si on est en surpoids, et conserver une alimentation saine et équilibrée.
  • Attraper ou ramasser un objet en préservant son dos. Il faut éviter de se pencher, jambes tendues, ou effectuer une torsion du buste. Il vaut mieux s’accroupir et faire face à l’objet que l’on veut attraper.
  • Bien porter une charge en s’accroupissant, et en portant l’objet lourd le plus près possible de la poitrine.
  • Faire le ménage et entretenir son jardin en préservant son dos. Il est recommandé de se positionner en fente avant, un pied devant l’autre, la jambe avant un peu pliée et la jambe arrière tendue.
  • Bien se positionner devant un écran, avec le dos droit, soutenu par un dossier. Les coudes doivent reposer sur les accoudoirs suivant un angle de 90 degrés, les avant-bras restant proches du corps. Les pieds sont à plat, et le regard se positionne en face.
  • Identifier les mouvements qui ont causé une douleur, chez les personnes qui ont déjà souffert d’une sciatique, et éviter de les reproduire.

Sites d’informations et associations sur la sciatique

https://www.ecoledudos.org

http://www.institut-parisien-du-dos.fr

Sources

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/lombreco.pdf

https://eurekasante.vidal.fr/maladies/appareil-locomoteur/douleur-sciatique.html

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01286666/document