Qu'est-ce qu'une otite ?

L’oreille se compose de trois parties : le pavillon et le conduit formant l’oreille externe. Au bout de ce tuyau se trouve le tympan, une membrane étanche qui sépare l’oreille externe de l’oreille moyenne. « C’est la caisse du tympan qui agit comme la « caisse de résonance ». Il y a des osselets dedans qui amplifient les sons », explique le pédiatre Vié Le Sage. La troisième partie est l’oreille interne, qui transforme les sons en messages nerveux, et les transmet aux nerfs auditifs vers le tronc cérébral et le cerveau.

Une otite moyenne aiguë (OMA) est une infection ou inflammation de l’oreille moyenne. « Cette affection se manifeste par un abcès de l’oreille moyenne », ajoute le pédiatre. En l’absence d’épanchement important dans la caisse du tympan, on parle d’otite moyenne aiguë congestive. En cas d’épanchement de pus, l’otite est dite purulente.

L’otite moyenne aiguë est le plus souvent d’origine virale. Il s’agit fréquemment d’une complication survenant suite à un rhume chez le bébé. Cette infection initialement virale se surinfecte fréquemment avec une bactérie (Pneumocoque, Haemophilus…). Le traitement antibiotique, indispensable avant l’âge de deux ans, traite cette surinfection bactérienne.

Autres types d’otites

L’otite séromuqueuse 

L’otite séreuse ou séromuqueuse (OSM) se traduit par un épanchement de viscosités (claires ou épaisses) dans l’oreille moyenne.

L’otite externe

Plus rare, l’otite externe est une infection ou une inflammation du conduit auditif. Ce sont surtout les enfants allant régulièrement à la piscine qui sont touchés.

L'otite est-elle fréquente chez le bébé ?

L’otite moyenne aiguë est une affection très fréquente chez les enfants de moins de 3 ans, notamment chez ceux fréquentant un lieu d’accueil collectif (crèche, halte-garderie…). Selon les chiffres officiels, 75 % des enfants en contractent une avant l’âge d’un an.

L’otite séromuqueuse touche près de 50 % des enfants, âgés de 5 ans en moyenne.

Symptômes : comment savoir si bébé a une otite ?

L’otite survient généralement chez un enfant très enrhumé,  précise le docteur Vié Le Sage. Elle se manifeste, en premier lieu, par des douleurs plus ou moins intenses au niveau de l’oreille (otalgie). Chez le bébé, qui ne peut pas encore s’exprimer, plusieurs signes peuvent alerter les parents :

  • L’enfant se touche, ou tapote son oreille douloureuse.  Bébé nous le fait comprendre en touchant et en tirant très fréquemment ses oreilles. 
  • Un état fébrile dans la majorité des cas
  • La présence de pus dans l’oreille, visible à l’otoscope par le médecin.
  • Une irritabilité.  Il semble anormalement très fatigué, il est irritable et particulièrement agité. 
  • Le refus de prendre le sein ou le biberon. La douleur l’empêche généralement de s’alimenter correctement. 
  • Le bébé ne veut pas dormir.  La douleur influe sur la qualité de son sommeil.
  • Des réveils nocturnes marqués par des cris particuliers de douleur. « Généralement, ils diffèrent des pleurs habituels (faim, couche…), explique le pédiatre. La douleur est plus importante la nuit, comme toutes les douleurs inflammatoires », poursuit-il.

Parfois, des vomissements et diarrhées peuvent aussi survenir. Il arrive qu’un écoulement de sécrétions jaunâtres apparaissent, notamment le matin, dans le conduit de l’oreille. Il s’agit de l’otorrhée. Cet écoulement traduit la perforation du tympan par l’épanchement de l’oreille moyenne.

Les symptômes de l’otite séromuqueuse 

Cette forme d’otite se traduit par un épanchement chronique, non purulent. Il n’y a aucun signe inflammatoire : elle est, en général, asymptomatique. Elle favorise cependant la survenue d’otites moyennes aiguës à répétition. Elle diminue l’audition de l’enfant, mais de façon réversible.

En effet, une inflammation des oreilles a généralement pour conséquence une baisse partielle de l’audition. Si bébé ne répond plus aussi souvent qu’à l’accoutumée lorsqu’on l’appelle, s’il semble moins sensible aux bruits qui l’entourent ou si, d’une manière générale, il est moins réactif face aux diverses sollicitations sonores, il souffre peut-être d’une otite séreuse. Pour le soulager rapidement et efficacement, il est indispensable de consulter un professionnel de santé au plus vite.

Quelles sont les causes de cette inflammation ?

Les causes de l'otite moyenne aiguë

L’otite moyenne aiguë est plus fréquente chez l’enfant de moins de 2 ans puisqu’à cet âge, les trompes d’Eustache sont plus étroites. Elles s’obstruent donc plus facilement. De plus, les défenses immunitaires des tout-petits sont moins bonnes. Pas encore mature, leur système immunitaire est plus vulnérable face aux virus qui pullulent au sein des lieux d’accueil collectifs.

« Le risque de contamination y est très élevé », prévient le docteur Vié Le Sage. « Tout passe par le nez et la trompe d’Eustache. Et l’otite est une complication d’un gros rhume », souligne-t-il. En effet, l’otite d’origine virale est causée par un virus (virus respiratoire syncytial responsable de la bronchiolite, la grippe ou le rhinovirus…), qui affaiblit « l’immunité locale, puis générale et favorise le développement de co-infection bactérienne ». Car, dans la majorité des cas (60 à 70%), l’otite devient bactérienne. « C’est le cas quand il y a du pus au niveau du tympan. L’otite s’est infectée ». Trois germes prédominants sont responsables de cette affection :

  • Le pneumocoque ;
  • L’hemophylus influenze ;
  • Le streptocoque du groupe A, responsable des angines.

Enfin, certains nourrissons sécrètent moins d’anticorps, notamment d’immunoglobuline A, qui protègent des infections bactériennes au niveau du nasopharynx.

Les causes de l'otite séreuse 

L’otite séromuqueuse ou séreuse chez le bébé, elle, est due à un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache. Ainsi, c’est souvent une pathologie chronique. L’épanchement est permanent et non purulent. En revanche, « il est certain que l’otite séromuqueuse fait le lit des otites moyennes sur-infectées. Elle se transforme souvent en otite moyenne aiguë du fait de l’épanchement chronique », prévient notre spécialiste.

« Il faut savoir que le tympan ne vibre bien que si la pression est la même à l’extérieur (pression atmosphérique) et à l’intérieur de l’oreille. Cette pression assurée par la trompe d’Eustache, qui est un tout petit tuyau, arrive dans l’arrière-gorge, où se trouvent les végétations et les amygdales. Quand l’enfant est enrhumé, à fortiori quand il a une angine ou est très encombré au niveau respiratoire haut (nez-gorge), les végétations et les amygdales gonflent et cela bouche la trompe d’Eustache. Elle ne peut plus évacuer les sérosités qu’il y a dans l’oreille moyenne. Les sérosités restent dans l’oreille moyenne. Et comme elles stagnent, elles ont tendance à s’infecter et à donner des otites moyennes aiguës », détaille le pédiatre.

Quels sont ses facteurs de risque ?

Plusieurs éléments augmentent le risque d’otite chez le bébé :

  • La collectivité ;
  • La prématurité ;
  • Les anomalies anatomiques (dues à une malformation de la trompe d’Eustache, à une fente palatine, à la trisomie 21…) ;
  • La prédisposition génétique (certaines familles sont plus fragiles aux infections ORL) ;
  • Les bébés souffrant d’un reflux gastro-œsophagien important ;
  • Les facteurs climatiques (l’automne et l’hiver étant deux saisons où les virus prolifèrent).

Otite : quels sont les enfants les plus vulnérables ?

L’otite moyenne aiguë chez les nourrissons 

Les bébés les plus souvent touchés par les OMA sont :

  • Ceux fréquentant un lieu d’accueil collectif. « La collectivité multiplie par 2 ou 3 les infections ORL », avertit notre spécialiste.
  • Ceux souffrant d’un problème maxillofacial, « même si cela est rare » (fentes palatines, anomalies des oreilles…).
  • Ceux ayant des antécédents familiaux. Certaines familles font plus d’infections ORL que d’autres.
  • Ceux exposés au tabagisme passif. « En fumant à l’extérieur, l’adulte ramène aussi à l’intérieur les particules de fumée », indique le docteur Vié Le Sage.
  • Ceux ayant été exposés au tabac durant la grossesse (mère fumeuse).
  • Ceux sécrétant moins d’anticorps. « Certains bébés ont moins d’anticorps à la naissance que d’autres. On ignore la raison. Ils vont les faire au fur et à mesure. Ils sont donc davantage vulnérables les premières années de vie », souligne le pédiatre.

L’otite séromuqueuse ou séreuse chez les bébés

L’otite séreuse touche davantage les bébés :

  • ayant une malformation anatomique (végétations adénoïdes volumineuses,
  • hypertrophie des cornets, malformation cranofaciale…) ;
    nés prématurément ;
  • fréquentant un lieu d’accueil collectif ;
  • exposés à la pollution ;
  • exposés au tabagisme passif.

Combien de temps dure l'otite chez le bébé ?

Lorsque l’enfant est sous antibiotiques, au bout de 48h, on observe une amélioration et diminution des symptômes, précise le pédiatre. En cas d’affection virale, en général, l’otite guérit toute seule en quelques jours (sauf complication) . Les otites séromuqueuses peuvent perdurer des semaines, voire des mois.

Comment l'infection se transmet-elle au bébé ? 

Les otites moyennes aiguës sont très contagieuses.
A l’inverse, il n’y a pas de risque de contamination pour les otites séromuqueuses.

Qui, quand consulter si mon bébé a une otite ?

Dès que l’enfant présente une fièvre, il convient de consulter le médecin qui suit l’enfant (pédiatre ou généraliste). Par ailleurs, une irritabilité inhabituelle, le fait que l’enfant touche le pavillon de son oreille et le refus de s’alimenter sont des signes d’alerte.

En premier lieu, les parents doivent se rendre chez le médecin de l’enfant. L’ORL n’intervient que s’il y a des complications (difficulté à percer le bouchon de cérumen…) ou si une intervention chirurgicale est nécessaire pour le traitement (pose de diabolos).

Quelles sont les complications de l'otite chez le bébé ?

L’otite moyenne aiguë bactérienne

« Les complications sont rares, car l’on prescrit systématiquement des antibiotiques aux bébés de moins de deux ans, en cas d’infection bactérienne », affirme notre spécialiste.

« Cela permet d’éviter la perte d’audition ou encore la mastoïdite », une inflammation de l’os temporal, situé à l’arrière de l’oreille, « qui peut causer des méningites ». De rajouter : « Avant le recours aux antibiotiques, l’otite était la cause principale de surdité acquise. Aujourd’hui, cela est rarissime.

La vaccination a permis de diminuer fortement certaines méningites. C’est notamment le cas du vaccin contre l’Haemophilus influenze de type B (contenu dans les vaccins hexavalents devenus obligatoire depuis 2018). « Il existe d’autres sortes Haemophilus non B, qui ne donnent pas de méningite, et entraînent des otites modérées peu fébriles, moins graves mais souvent résistantes aux antibiotiques classiques. On donnera donc de l’amoxicilline-acide clavulanique. Le pneumocoque, deuxième cause de méningite bactérienne avec le méningocoque, a aussi régressé grâce à la vaccination elle aussi devenue obligatoire (Prevenar®) », informe le docteur Vié Le Sage.

L’otite séromuqueuse (ou séreuse)

Cette forme d’otite est la première cause de baisse d’audition acquise chez le tout-petit, même si, le nourrisson ne peut exprimer cette hypoacousie. Elle favorise les rechutes d’OMA.

Les otites à répétition ou récidivantes

Les rhumes à répétition peuvent causer une hypertrophie des végétations adénoïdes. Résultat : les germes s’y logent plus facilement et pénètrent dans l’oreille moyenne via la trompe d’Eustache. Les nourrissons concernés sont donc plus susceptibles de faire des otites séromuqueuses et des otites moyenne aiguë (OMA) à répétition.

Comment déceler une otite chez les bébés ?

Parents, comment détecter une otite chez le bébé ?

Les otites chez les bébés se traduisent certes par des douleurs, mais celles-ci sont difficiles à repérer. En revanche, vous pourrez facilement détecter les réactions qui les accompagnent : le bébé aura tendance à se toucher l’oreille et à être irritable. Les difficultés à téter et à avaler (se traduisant par des pleurs) peuvent aussi vous alerter. Si tous ces signes s’associent à des troubles digestifs, vous pouvez penser à une otite.

Quels examens pour diagnostiquer une otite chez le petit ?

  • En cas de suspicion d’otite, l’examen principal est l’otoscopie. Grâce à son otoscope, le médecin analyse le conduit de l’oreille, le tympan qui est au fond et par transparence l’oreille moyenne. « En général, quand il y a une otite moyenne aiguë, le tympan est bombant, inflammatoire ou congestif. On peut voir au travers le pus qu’il y a dans l’oreille moyenne », explique notre expert.
  • S’il s’agit d’une otite séromuqueuse, le médecin n’observe pas d’inflammation. D’ailleurs, celle-ci est parfois diagnostiquée de manière fortuite lors d’une visite chez le médecin. Le tympan est terne, légèrement bombant. En revanche, « il n’est pas translucide comme un tympan normal. Lorsqu’il n’y a pas de symptômes inflammatoires, il est possible de réaliser une impédancemétrie. Cet examen permet de voir s’il y a du liquide ou non dans le tympan, ce qui n’est pas toujours visible à l’œil nu », relève le pédiatre.
  • D’autres examens peuvent également être effectués chez l’ORL en cas de complications ou de doute sur le diagnostic. Ce spécialiste pourra utiliser un fibroscope. « Il arrive également que les enfants présentent un bouchon de cérumen important. On ne voit pas le tympan, et l’on ne parvient pas toujours à enlever ce bouchon. L’ORL pourra donc le faire au microscope, même si dans la majorité des cas, le pédiatre ou le médecin généraliste s’en charge », reconnaît le docteur Vié Le Sage.

Quels sont les traitements pour soigner une otite chez le bébé ?

L’otite moyenne aiguë purulente : que faire pour soulager bébé ?

« Un enfant de moins de 2 ans sera toujours traité par le biais d’antibiotiques en cas d’otite moyenne aiguë d’origine purulente, contrairement aux enfants plus âgés », déclare le pédiatre. Le but étant d’éviter les complications plus sévères et plus fréquentes à cet âge comme une perte d’audition par exemple. Le traitement de base est l’amoxicilline à administrer pendant 8 à 10 jours.

L’otite congestive et séromuqueuse : comment calmer bébé ?

L’otite congestive ou séromuqueuse ne nécessite pas de traitement. La première se résorbe d’elle-même en quelques jours voire une semaine. Quant à la seconde, chronique, elle guérit, en général, spontanément au bout de plusieurs semaines ou mois. En cas de persistance, de rechutes fréquentes d’OMA, l’ORL pourra poser des drains trans-tympaniques ou « diabolos »

Le traitement des otites à répétition 

Le recours à un traitement chirurgical sera envisagé en cas d’otites récidivantes. L’intervention consiste à mettre des diabolos (également appelés yoyos) qui vont rester en place six mois à un an. Il s’agit d’un tuyau que l’ORL va mettre à travers le tympan. L’opération s’effectue sous anesthésie générale. « Le diabolo fera office de trompe d’Eustache extérieure afin d’équilibrer les pressions des deux côtés. Le trou va permettre d’aérer l’oreille moyenne. »

A noter : Exceptionnellement, certains enfants ne gardent pas longtemps leur diabolo (seulement 3-4 mois, ou en changent plusieurs fois), leur organisme ayant rejeté le dispositif. « Cela reste exceptionnel, mais le trou peut ne pas se refermer. Le tympan est un peu abîmé et une greffe de tympan peut etre nécessaire.

En cas d’otites récidivantes, il est aussi possible de réaliser une parasynthèse. Cela consiste à faire juste un trou sans mettre de diabolo. Toutefois, comme le souligne le pédiatre, cette option est de moins en moins privilégiée car le tympan se referme très vite. « Généralement, en deux trois jours, le tympan est cicatrisé. »

Comment éviter les otites et prévenir l'infection chez les enfants ?

Quelques gestes essentiels permettent de limiter la contraction des otites par les tout-petits. Pour ce faire, les parents doivent veiller à :

  • Laver régulièrement le nez de leur enfant avec du sérum physiologique. L'utilisation de cotons-tiges, de n'importe quelle nature, doit être évitée, au risque de léser le tympan. Nettoyez simplement le pavillon extérieur.
  • Couvrir le nez de leur bébé avec une écharpe lors des sorties. Cela est essentiel puisque les virus passent par la zone nasopharyngée, prévient le pédiatre.
  • Maintenir une hydrométrie de 50 % à l’intérieur. Pour que les narines soient résistantes, il faut qu’elles soient bien humides. L’air de la maison ne doit donc pas être trop sec.
  • Maintenir une température de 20° maximum dans les pièces. Il est important d’aérer deux à trois fois par jour.
  • Tenir la vaccination de leur enfant à jour. « Plusieurs études ont démontré le bénéfice secondaire des vaccins, notamment ceux prévenant les méningites, dans l’apparition des otites. Un enfant à jour dans ses vaccins fera moins d’otites et moins d’otites sévères », affirme le pédiatre.

Si toutes les mamans ne peuvent ou ne souhaitent allaiter, notons toutefois, que le lait maternel constitue l'aliment idéal pour le nourrisson et qu'il protège des infections respiratoires et ORL. 

Que faire si son bébé fait des otites à répétition ? Le conseil du docteur Vié Le Sage, pédiatre

« Si son enfant ne supporte vraiment pas la collectivité, qu’il tombe souvent malade, et présente des infections ORL à répétition, il ne faut pas hésiter à changer de mode de garde », recommande le spécialiste.

Sites d’informations et associations

  • ORL France
  • SFORL : Société française d’oto-rhino-laryngologie et de la chirurgie de la face et du cou
  • AFPA : Association Française de Pédiatrie Ambulatoire
    Mpedia

Sources

Ameli.fr

Assistance publique Hôpitaux de Marseille