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Prudence !

Cancer du sein, risques cardio-vasculaires et thrombœmboliques augmentés, des doutes sur un risque augmenté de maladie d’Alzheimer, le traitement hormonal substitutif (THS) de la ménopause était fortement suspectée de graves effets secondaires depuis la publication en juillet 2002 d’une étude américaine, la WHI (Women’s Health Initiative), puis en août 2003, d’une étude anglaise, la MWS (Million Womens Study).

Suite à ces publications, l’Afssaps (agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) avait émis en décembre 2003 des recommandations particulièrement prudentes : indication uniquement en présence de troubles sévères de la ménopause, durée maximum de cinq ans de prescription, à la dose la plus faible possible et en absence de facteurs de risques. Bref des indications qui réduites comme une peau de chagrin.

Des prescriptions en chute libre

Résultats : le nombre de prescriptions de THS a chuté de moitié au grand dam des industriels du médicament. Mais cette extrême prudence vis-à-vis du THS est-elle à ce point justifiée ? Il semble bien que oui. L’Afssaps ne s’y est pas trompée du reste en estimant dans son dernier rapport d’octobre 2005 que "le nombre de cancers du sein attribuables au THS diagnostiqués avant soixante-cinq ans en 2000 varie selon les scénarii entre trois cent cinquante et huit cents cas".

Et dans sa dernière mise au point de juin 2006, cette agence nationale confirme à l’adresse des médecins que « les recommandations sont identiques à celles précédemment émises en décembre 2003 ». Le Dr Anne Castot, responsable du département des vigilances à l’Afssaps, rappelle, en outre, que l’ostéoporose n’est plus une indication du THS. Enfin la prise d’un THS pourrait précipiter la survenue d’une maladie d’Alzheimer de quelques années mais les études réalisées à ce sujet sont controversées.

Progestérone micronisée et oestrogène en gel

Alors quoi de neuf pour le THS en 2008 ? Deux études : la première, une étude française, l’étude E3N, et les résultats à distance de l’étude ESTHER (EStrogen and THromboEmbolism Risk) montreraient que la progestérone naturelle micronisée associée à un œstrogène par voie cutanée seraient moins cancérigènes et augmenteraient moins le risque thrombœmbolique.

C’est donc sous cette forme que doit désormais être prescrit le THS, sauf exceptions, en respectant, jusqu’à nouvel ordre, les dernières recommandations de l’Afssaps en matière de prescription du THS.

Une étude en cours

Une nouvelle étude française, l’étude "Mission", montrerait que le THS à la française ne présente pas de sur-risque significatif de cancer de sein entre les femmes ne prenant pas de THS ou l’ayant arrêté depuis plus de cinq ans.

Mais la méthodologie de cette étude est critiquée par les épidémiologistes du fait de son recrutement entre les femmes qui prenaient le THS et celles qui ne le prenait pas. Par ailleurs cette étude est en cours. Les résultats portent sur une partie seulement des femmes inclues dans cette étude (5 000 sur les 6 700 femmes au début de l’étude) avec le recul seulement d’un an.

Il faut attendre donc la fin de cette étude pour apporter des réponses plus claires quant aux risques du THS, d’autant que dans l’étude anglaise WMS de 2003, les risques de cancers augmentaient sous THS, à partir d’un an de traitement...

Affaire à suivre...

Dr Jean-Pierre Rageau

Pour en savoir plus, la mise au point de l’Afssaps de juin 2006

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