Parkinson : les signes qui doivent alerterAdobe Stock
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L'écoulement involontaire de salive

Après la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente en France. D’après l’Inserm, 1 personne sur 100 de plus de 65 ans est concernée. 8000 nouveaux cas sont ainsi diagnostiqués chaque année.
Cette maladie se manifeste par la dégénérescence progressive des neurones à dopamine dans la substance noire du cerveau. “La disparition de ces cellules s’accompagne de perturbations des réseaux de neurones qui leurs sont associés dans différentes zones du cerveau”, détaille l’Institut de recherche médicale.

Maladie de Parkinson : plusieurs facteurs de risque

Si les causes de la maladie sont incertaines, l’âge est le principal facteur de risque. “Cependant, il existe environ 5 % de formes génétiques, liées à des mutations affectant des gènes spécifiques", avance l'Inserm. Certains facteurs de risque environnementaux sont également clairement établis, comme le rôle de l’exposition aux pesticides.
D’autres facteurs sont définis comme :

  • le sexe : la maladie touche plus les hommes que les femmes ;
  • la population : elle est plus fréquente chez les personnes à la peau blanche ;
  • les commotions cérébrales.

Le diagnostic de la maladie de Parkinson repose sur l’existence de t rois principaux symptômes moteurs (akinésie, hypertonie et tremblements), mais d’autres signes doivent vous alerter.

La bave, un symptôme courant de la maladie de Parkinson

C’est sans doute l’un des symptômes les plus vexants pour les patients : la bave. Celle-ci n’est pas la conséquence d’une hypersalivation. Elle résulte du fait que les malades peinent à avaler automatiquement en raison de la mobilité réduite et de la rigidité des muscles du palais, de la gorge et de l’œsophage. Loin d’être exceptionnel, ce symptôme touche 74 % des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Au-delà de l’aspect esthétique, ce trouble peut devenir sérieux puisqu’il peut entraîner de la toux, voire un étouffement.

Une constipation sévère

"Avant l'éclosion des troubles moteurs* caractéristiques de la maladie de Parkinson, il y a des troubles non-moteurs qui peuvent suggérer la maladie comme par exemple une constipation sévère", explique le Pr Pierre Cesaro, chef du service Neurologie à l'hôpital Henri Mondor (Créteil). Une étude américaine menée sur 7000 personnes suivies pendant 24 ans a d’ailleurs démontré que les sujets allant à la selle moins d’une fois par jour avait un risque 2,7 fois plus élevé de développer la maladie, comparé à ceux y allant une fois par jour. Et 4 fois plus élevé par rapport à ceux y allant deux fois par jour. La constipation serait liée à un ralentissement des mouvements intestinaux, allant de pair avec les lenteurs de l’organisme caractéristiques de la maladie de Parkinson.

Ce qui doit vous alerter : Une constipation sévère ne doit pas être négligée. Elle peut être liée à une maladie de Parkinson ou à d’autres affections.

Que faire ? La constipation se définit par un nombre de défécations inférieur ou égal à trois par semaine. Si vous êtes concerné(e) et que cela est gênant, parlez-en à votre médecin traitant.

* tremblement, raideur musculaire, lenteur

Un sommeil agité

Un sommeil agité peut être un signe précoce d’une maladie de Parkinson. D'après les recherches du Dr Ronald Postuma (Montréal), 50% des personnes atteintes d’un trouble du sommeil paradoxal* les amenant à extérioriser leurs rêves, risquent de développer la maladie de Parkinson. Les troubles du sommeil peuvent se manifester suite à l’atteinte du système nerveux central (cerveau).

Ce qui doit vous alerter : "La personne a des rêves agités, bouge, crie", explique le Pr Cesaro, neurologue. Elle peut donner des coups de poing, des coups de pieds. "Des épisodes d’endormissement dans la journée peuvent aussi faire partie des signes annonciateurs", poursuit le Pr Rascol, neurologue.

Que faire ? Les symptômes décrits ci-dessus peuvent alerter d’un déficit en dopamine donc d’une maladie de Parkinson à venir. Mais pas seulement. Il peut s’agir d’une autre affection. Dans tous les cas, parlez-en à un médecin.

*Période du sommeil associée au rêve. Ce trouble augmente après 60 ans.

Des douleurs aux articulations

Des douleurs rhumatismales peuvent faire partis des premiers signes et de symptômes de la maladie de Parkinson. On ne fait pas toujours le lien puisqu’elles se manifestent souvent avec l’âge donc on y voit plus un vieillissement naturel qu’une maladie neuro-dégénérative. Pourtant !

Ce qui doit vous alerter : Selon l’association France Parkinson, ces douleurs apparaissent souvent le long de la colonne vertébrale et aux articulations.

Que faire ? En parler avec son médecin traitant est comme toujours l’indication première. Les rhumatismes ne cachent pas forcément une maladie parkinsonienne.

Une baisse de l’odorat

"Une baisse de l’odorat peut révéler précocement une maladie de Parkinson", indique le Pr Pierre Cesaro, neurologue. Cela pourrait être lié à un dérèglement au niveau du système nerveux central dans le cerveau. En 2008, des chercheurs japonais ont suivi 2267 hommes et se sont rendus compte que ceux ayant les plus bas score au test d’odorat avaient plus de risque de développer la maladie de Parkinson (1).

Ce qui doit vous alerter : Une diminution de la perception des odeurs peut faire suite à une maladie de Parkinson. Ce n’est pas le cas pour tous les Parkinsoniens et inversement toutes les personnes concernées par une perte de l'odorat ne vont pas développer cette maladie.

Que faire ? Si vous vous rendez compte que votre odorat défaille, parlez-en à votre médecin.

(1) Ross, G., Annals of Neurology, février 2008.

Une dépression

"Il y a 5 ans, j’ai fait une dépression, je ne savais pas pourquoi, je n’avais aucune raison d’en faire". Aujourd’hui, cette personne a la maladie de Parkinson. Selon l’association France Parkinson, un quart des Parkinsoniens souffrirait de dépression avant que le diagnostic de la maladie ne soit posée. "C’est un symptôme non moteur qui fait parti d’une première phase précoce de la maladie", confirme le Pr Olivier Rascol, neurologue. Pourquoi ? La dopamine, qui diminue en cas de Parkinson entre en jeu dans la régulation de l’humeur, du tonus psychique et du plaisir.

Ce qui doit vous alerter : Fatigue, anxiété, troubles du sommeil… Plusieurs symptômes peuvent évoquer une dépression.

Que faire ? Si vous pensez présenter des symptômes dépressifs, parlez-en à un médecin. Ce n’est pas forcément un signe précoce de Parkinson. Il peut s’agir d’autres affections. Dans tous les cas, il faut une prise en charge.

A noter : Même si aucun traitement ne peut, à ce jour, retarder l’évolution de la maladie de Parkinson, les spécialistes œuvrent dans ce sens. En étant suivi précocement, vous les aidez dans leurs recherches.

Des crampes et des raideurs

Un des trois symptômes moteurs caractéristiques de la maladie de Parkinson est une tension excessive des muscles (ou "hypertonie").

Ce qui doit vous alerter : "Il y a une augmentation du tonus musculaire. Quelques fois, cela peut se traduire par des crampes et des raideurs", explique le Pr Olivier Rascol, neurologue. Le symptôme est aussi visible à la posture de la personne : crispée, voutée en avant et tête baissée.

Que faire ? En cas de doute, consultez votre médecin si vous présentez ce symptôme. Il ne s’agit pas forcément d’une maladie de Parkinson mais il faut en être sûr(e).

A noter : "L’augmentation de la rigidité musculaire n’est pas le premier symptôme dont se plaignent les Parkinsoniens. Ce sont d’abord les tremblements et la lenteur des gestes", précise le Pr Rascol.

Des tremblements au repos

Le tremblement est un signe moteur caractéristique de la maladie de Parkinson (même si toutes les personnes atteintes n’en présentent pas). Pourquoi ? Parce qu’en cas de maladie de Parkinson, certains neurones du cerveau, qui fabriquent la dopamine se "suicident". Or, cette substance chimique entre dans la fonction des mouvements du corps. Quand on en a moins, des troubles de la motricité apparaissent. C’est le cas avec le tremblement.

Ce qui doit vous alerter : "Les tremblements se manifestent au repos et surtout au niveau des extrémités (main, poignet, doigt)", explique le Pr Pierre Césaro, neurologue. "Mais ils peuvent parfois se manifester au niveau des lèvres, comme chez Yasser Arafat." Autres caractéristiques : le tremblement disparaît généralement pendant le sommeil et réapparaît au réveil, il est assez régulier et plutôt ample. Au début de la maladie, le tremblement ne concerne souvent qu'un seul côté du corps.

Que faire ? Si vous présentez les symptômes décrits ci-dessus, parlez-en à votre médecin. Des tremblements peuvent cacher une maladie de Parkinson (même très précocement) ou d’autres affections. Dans tous les cas, ne le négligez pas.

A savoir : "Un vieillissement réussi ne comporte pas de tremblements", rappelle le Pr Olivier Rascol, neurologue.

Une lenteur dans les gestes

Autre signe moteur majeur de la maladie parkinsonienne : les lenteurs*. Il s’agit comme pour les tremblements d’une dysfonction motrice liée à une perte cérébrale en dopamine. Le symptôme est plus ou moins handicapant selon les personnes et selon le stade de la maladie. Avec le temps, il est associé à un risque élevé de chutes.

Ce qui doit vous alerter : "Il y a une lenteur dans les gestes, un retard à l’allumage, le temps de réaction est augmenté" explique le Pr Cesaro, neurologue. "Les gens font des choses avec difficulté, ils ont notamment une marche lente avec des pas petits" ajoute le Pr Olivier Rascol, neurologue. Ces lenteurs sont souvent associées à la fatigue et des engourdissements.

Que faire ? Si vous présentez le symptôme décrit ci-dessus, parlez-en à votre médecin. "Le diagnostic de la maladie parkinsonienne se base sur une lenteur du geste associée à des tremblements ou une rigidité musculaire", indique le Pr Cesaro. Il se confirme devant l’efficacité des médicaments donnés (ex : Levodopa).

*Les lenteurs sont appelées aussi "akinésie" ou "bradykinésie". L’akinésie désigne la difficulté à initier des mouvements. Elle peut parfois, chez le parkinsonien précoce, se traduire par le fait d’écrire de plus en plus petit. La bradykinésie caractérise la lenteur inégale des mouvements.

Parkinson : une évolution lente

La maladie de Parkinson évolue très lentement. Les premiers signes peuvent se manifester 10 à 15 ans avant que le diagnostic ne soit posé et les plus graves complications amenant à un handicap sévère se manifester 10 à 20 ans après le diagnostic.

Entre les deux, des traitements existent pour accompagner la personne malade. "On sait corriger le manque de dopamine par des médicaments comme la Lévodopa®", cite par exemple le Pr Pierre Cesaro. Des molécules mimant l’action de la dopamine peuvent aussi être utilisées. "Elles marchent un peu moins bien, mais permettent un traitement plus continu et peuvent retarder l’arrivée de certains symptômes", poursuit notre interlocuteur.

Quand le handicap devient très lourd et que les médicaments ne suffisent plus, la chirurgie peut être employée. C’est la neurostimulation. "Plus de 3000 patients sont implantés en France ce qui réduit de 50% la consommation de médicaments par jour", témoigne le Pr Cesaro.

A noter : L’évolution de la maladie et la réussite des traitements dépendent de chaque personne.

Sources

France Parkinson

La maladie de Parkinson : plus qu’une question de tremblements

https://theconversation.com/drooling-is-a-common-symptom-of-parkinsons-could-a-workout-for-the-swallowing-muscles-help-158954

https://www.inserm.fr/dossier/parkinson-maladie/#:~:text=Rarissime%20avant%2045%20ans%2C%20la,cas%20se%20d%C3%A9clarent%20chaque%20ann%C3%A9e.

Vidéo : La maladie de Parkinson

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