Les médicaments qui détruisent les reinsIstock
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Ibuprofène, acéclofénac, naproxène : pas d'automédication !

Les médicaments de la famille des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont particulièrement nocifs pour les reins. "Ils agissent en inhibant la synthèse des prostaglandines à l’origine d’une vasoconstriction des vaisseaux rénaux et une diminution de la perfusion du rein pouvant conduire à une insuffisance rénale fonctionnelle. Parfois, ils provoquent une néphropathie tubulo-interstitielle d’origine immuno-allergique grave", explique le Dr Brigitte Lantz, néphrologue.

Les molécule concernées sont notamment : ibuprofène, acéclofénac, naproxène… Si certains peuvent être vendus sans ordonnance, ils ne sont pas anodins pour autant et sont contre-indiqués en cas d'insuffisance rénale grave.
"L'automédication est à bannir d'une façon générale, et en particulier avec les AINS. Ils ne doivent être pris que sous contrôle médical. Rappelons qu'ils sont responsables de 7% des insuffisances rénales aiguës, soit une proportion très importante", indique le Dr Brigitte Lantz.

Le mode d'action des AINS les rend toxiques pour les reins, en particulier lorsque l'on présente certains facteurs de risque. Les personnes qui ne s'hydratent pas suffisamment sont par exemple plus à risque. C'est notamment le cas des personnes âgées (plus de 75 ans) car elles ont tendance à perdre la sensation de soif. Elles ont aussi une masse musculaire plus faible que les jeunes adultes, ce qui peut les amener à surestimer leur fonction rénale. "Les AINS aggravent également l'insuffisance rénale même modérée des personnes qui en sont atteintes, parfois sans le savoir", note la spécialiste.
D'où l'importance d'un dépistage, même en l'absence de tout symptôme, l'insuffisance rénale étant une affection silencieuse.

Attention : Ne stoppez jamais un traitement de votre propre chef. En cas de doute, demandez conseil à votre médecin.

Pour en savoir plus, lisez notre article Anti-inflammatoires : leurs dangers !

Diurétiques : ils nuisent aux reins !

Les médicaments diurétiques favorisent l'élimination de l'eau et du sel par les reins. S’ils sont indispensables dans certaines affections cardiaques ou rénales, ils peuvent s'avérer dangereux lorsqu'ils sont utilisés pour maigrir et sans contrôle médical.

"Ils provoquent une déshydratation et une hypokaliémie : ils font baisser dangereusement le taux de potassium dans le sang. Ils causent à terme des lésions des reins, appelées néphropathies tubulo-interstitielle, qui ne sont plus réversibles au bout d'un certain temps et conduisent à l’insuffisance rénale chronique", explique le Dr Brigitte Lantz, néphrologue.

Les laxatifs, s'ils sont utilisés pour maigrir, peuvent avoir les mêmes conséquences.

Il ne faut donc jamais consommer ces médicaments, qu'ils soient d'origine naturelle ou non, sans l'avis et le suivi d'un médecin.

Antibiotiques et antiviraux : à surveiller !

Certains antibiotiques de la famille des aminosides peuvent favoriser ou accentuer une insuffisance rénale. Ceux-ci sont utilisés pour traiter les infections graves, notamment celles des voies urinaires hautes comme les pyélonéphrites (gentamicine, nétilmicine).

Ces substances s'accumulent au niveau des reins et les détruisent progressivement. Cependant, ces antibiotiques sont administrés dans la très grande majorité des cas par voie intraveineuse et en milieu hospitalier. Leur toxicité est donc contrôlée par les médecins et le produit est mesuré pour éviter tout surdosage dans le sang.

Certains antiviraux tels que l'aciclovir par voie veineuse (traitement de la méningite herpétique et du zona ophtalmique) sont aussi à utiliser avec précautions car ils peuvent être toxiques pour les reins (néphrotoxiques).
"Ces médicaments sont parfois indispensables pour traiter certaines pathologies graves et leur néphrotoxicité est un effet secondaire géré par les médecins. Ils peuvent parfois induire une précipitation de cristaux dans les tubules rénaux qui se traduit par une insuffisance rénale aiguë", explique le Dr Brigitte Lantz, néphrologue.

Attention : Ne stoppez jamais un traitement de votre propre chef. En cas de doute, demandez conseil à votre médecin.

Certaines chimiothérapies abîment les reins

Les médicaments anticancéreux peuvent être plus ou moins toxiques pour les reins (néphrotoxiques). Les dérivés du platine (cisplatine, carboplatine…), le méthotrexate et la gemcitabine sont connus pour présenter cet effet secondaire.

"Ces traitements étant indispensables, la toxicité est contrôlée par un médecin. Il peut décider d'hyperhydrater le patient pour pallier les effets néphrotoxiques du médicament", explique le Dr Brigitte Lantz, néphrologue.

L'insuffisance rénale : un mal silencieux

L'insuffisance rénale signifie que les reins ne filtrent plus le sang correctement. On la dit "chronique" lorsque les reins présentent peu à peu des lésions qui deviennent irréversibles. Les principales causes d'insuffisance rénale chronique sont le diabète et l'hypertension artérielle.

L'insuffisance rénale peut se développer sans aucun symptôme ni douleur durant de nombreuses années. C'est pourquoi elle est souvent découverte tardivement, alors que sa prise en charge doit se faire le plus tôt possible pour éviter que les reins ne soient trop détériorés.
"Lorsque l'on a plus de 60 ans et un facteur de risque (hypertension artérielle, diabète, surcharge pondérale), il est prudent de demander un dépistage à son médecin", conseille le Dr Brigitte Lantz, néphrologue. "Il pourra par exemple prescrire un dosage de la créatinine dans le sang qu’il faut toujours rapporter à l’âge, au poids et au sexe du patient."

Quels sont les signes de l'insuffisance rénale ?
A un stade avancé de la maladie, certains symptômes peuvent apparaître : besoin plus fréquent d'uriner notamment la nuit, gonflement (œdèmes) des paupières, des chevilles, mauvais goût dans la bouche, essoufflement, nausées…

Insuffisance rénale : êtes-vous à risque ?

Certaines personnes ont davantage de risques de souffrir d'insuffisance rénale ou d'autres maladies des reins. Dans ce cas, mieux vaut en parler à son médecin.

Les principaux facteurs de risque sont :

- Le diabète, qu'il soit traité par insuline ou non. Pour éviter des troubles rénaux, les diabétiques doivent suivre scrupuleusement les recommandations de leur médecin.
- L'hypertension artérielle ou d'autres troubles cardiovasculaires. De même que les diabétiques, les hypertendus doivent être vigilants pour éviter une atteinte rénale.
- L'âge : plus de 65 ans.
- Suivre un ou plusieurs traitements toxiques pour les reins.
- Des antécédents familiaux de certaines maladies rénales génétiques.

(Source : Fondation du Rein et Fédération nationale d'aide aux insuffisants rénaux)

Les autres ennemis de vos reins

Mincir sans médecin
Les régimes amincissants entrepris sans avis médical peuvent nuire à vos reins. Les régimes hyperprotéinés (Dukan, Atkins) ont particulièrement tendance à fatiguer les reins. Les diurétiques et laxatifs pour mincir sont également nuisibles à ces organes.

Les produits pharmaceutiques douteux
Attention aux pilules aux plantes achetées sur internet ou dans certaines boutiques : médicaments ayurvédiques, médecine chinoise… Leur composition n'étant pas contrôlée par les autorités sanitaires françaises, elles peuvent contenir des substances nocives pour les reins. Au début des années 1990, dans le Nord de la France et de l’Europe, l’ajout par erreur d’une herbe chinoise dans des tisanes amincissantes a été à l’origine d’une "épidémie" d’insuffisances rénales chez des jeunes femmes, indemnes de toute lésion rénale antérieure.

Les produits de contraste
Si vous avez les reins fragiles et que vous devez vous faire injecter un produit de contraste iodé pour une radiographie, parlez-en à votre médecin.

(Source : Fédération nationale d'aide aux insuffisants rénaux)

Vidéo : Pourquoi ces médicaments sont-ils dangereux ?

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