Qu'est-ce que l'allaitement maternel ? 

L'allaitement maternel est le fait de nourrir un bébé avec le lait produit par les seins de sa mère. Il s'agit d'un "processus physiologique naturel". "Le corps de toutes les femmes se préparent durant la grossesse à allaiter le bébé après sa naissance. Les seins augmentent de volume et sont prêts à nourrir le bébé dès seize semaines de grossesse. Le placenta nourrit le fœtus jusqu'à la naissance. Physiologiquement, les seins peuvent alors prendre le relai", explique Sylvie Cacciatore, consultante en lactation IBCLC, contactée par Medisite. 

La stimulation mécanique du sein par l'enfant, la succion, déclenche la production de lait. En pratique, un message est envoyé au cerveau par influx nerveux. Celui-ci va alors sécréter deux hormones essentielles pour l'allaitement : 

  • l'ocytocine : "elle sert à contracter les alvéoles qui contiennent le lait à l'intérieur du sein et facilite ainsi son expulsion";
  • la prolactine : "elle intervient notamment dans la production du lait".

Faut-il se préparer à l'allaitement ?

Puisqu'il s'agit d'un processus physiologique naturel, il n'est pas nécessaire de préparer son corps à l'allaitement. "Mais il est important d'obtenir toutes les réponses à ses questions, pour se préparer mentalement à allaiter si on le souhaite. C'est dans ce cas à un spécialiste de l'allaitement qu'il faut s'adresser", conseille notre experte.

Allaitement : quels bienfaits ?

"Le lait maternel est le premier aliment naturel pour les nourrissons : il fournit toute l’énergie et les nutriments qu’il faut à l’enfant pendant les 6 premiers mois de vie et continue de couvrir la moitié ou plus de ses besoins nutritionnels pendant le second semestre de vie, et jusqu’à un tiers de ceux-ci pendant la deuxième année", explique l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).  

Selon Le guide de l'allaitement maternel du PNNS (programme nutrition santé), le lait maternel : 

  • favorise la bonne digestion
  • est parfaitement adapté aux besoins de l'enfant 
  • offre une protection contre les microbes grâce aux anticorps qu'il contient 

Allaitement : combien de temps doit-il durer ?

L'OMS et l'Unicef recommandent que les bébés soient nourris exclusivement au sein pendant les 6 premiers mois de leur vie, c'est-à-dire qu’ils n’absorbent aucun autre aliment ou liquide, pas même de l’eau. En France, le PNNS préconise un allaitement exclusif si possible jusqu'à 6 mois, au moins jusqu'à 4 mois. 

Que dire aux mères qui reprendront le travail après un congé maternité classique, soit dix semaines seulement après l'accouchement et qui hésitent à allaiter ? "C'est vrai qu'on est loin des recommandations de l'OMS mais même deux mois, ce sera toutefois bénéfique pour l'enfant", rassure Sylvie Cacciatore. Et après la reprise du travail, une mère peut, si elle le souhaite, continuer à allaiter son enfant le matin, le soir et les week-ends. Il est également possible de tirer son lait et de le conserver au réfrigérateur ou au frigo. 

Comment savoir si le bébé prend bien le sein ?

La qualité de la stimulation du sein va permettre la production de lait adaptée. L'immense majorité des enfants naissent avec le réflexe de succion. "Tous les enfants nés à terme sont capables de téter. Ce qui est capital, c'est la position de l'enfant lors de l'allaitement : il doit bien prendre le mamelon et une grande partie de l'aréole dans la bouche pour bien boire. Si la position est bonne, en plus d'une stimulation efficace, l'allaitement ne sera pas douloureux pour la mère", explique la spécialiste. 

Quand mettre le bébé au sein pour la première fois ?

"L’OMS et l’UNICEF recommandent que les enfants commencent à être allaités dans l’heure qui suit leur naissance", lit-on sur le site de l'Unicef. C'est ce qu'on appelle la tétée précoce. "Dans les deux heures qui suivent la naissance, le bébé est souvent très éveillé. Il est à la recherche d'éléments qu'il connaît, l'odeur de la mère, les voix des parents notamment. Le bébé est aussi très attiré par les formes rondes et les contrastes de couleurs, comme les yeux et le sein dont l'aréole fonce durant la grossesse. Ainsi guidé par l'odeur, le forme et les couleurs du sein, il va naturellement vers le sein grâce au réflexe de reptation", explique la consultante en lactation. 

Pour les bébés prématurés ou nés par césarienne, l'allaitement maternel est toutefois possible si la maman le souhaite, avec l'aide de l'équipe médicale. 

Allaitement : lait ou colostrum ?

On entend souvent que c'est d'abord le colostrum qui sort du sein et que le lait arrive un, deux ou trois jours après la naissance. En réalité c'est une erreur puisque  le colostrum, c'est aussi du lait. "Il n'y a que du lait qui sort des seins. Le lait des premiers jours est appelé colostrum car il est très riche en anticorps, très riche en sucre et a une apparence particulière. Mais il s'agit bien de lait, très concentré et adapté à la taille de l'estomac de l'enfant. Les premiers jours, celui-ci à une capacité de 5 à 7 millilitres", précise Sylvie Cacciatore. Le lait maternel étant toujours adapté aux besoins du bébé, le colostrum est donc adapté aux besoins des nouveaux-nés.

  • Les variations de la composition du lait maternel

On vient de l'expliquer, le lait maternel s'adapte aux besoins du bébé. Sa composition varie au fur et à mesure qu'il grandit et que ses besoins évoluent. "Elle varie aussi au cours de la journée et même au cours d'une tétée ! Au début de la tétée, on trouve beaucoup d'eau pour que le bébé étanche sa soif et beaucoup de sucre pour qu'il régule sa glycémie. Puis, le lait se charge en graisse pour que le bébé ressente la satiété", note la spécialiste. 

Allaitement : comment faire ?

  • Comment s'assurer que le bébé a suffisamment tété ?

Un repère dont il ne faut pas tenir compte selon Sylvie Cacciatore, c'est le temps passé au sein, ce qui compte c'est l'efficacité de la tétée. Plusieurs critères témoignent d'une tétée efficace :

  • La position de l'enfant : il doit prendre dans sa bouche une grande partie de l'aréole
  • Entendre et voir l'enfant déglutir (au niveau de la gorge notamment)
  • Ressentir qu'on a les seins moins lourds
  • Souvent du lait coule ou perle du sein qui n'est pas tété, sous l'action de la prolactine
  • De nombreuses mères ont soif durant l'allaitement, sous l'action de l'ocytocine
  • L'enfant est repu en fin de tétée : "S'il est agité et cherche encore à téter c'est sans doute que la tétée n'a pas été efficace. Souvent après une tétée efficace, l'enfant s'endort". 
  • Le contenu des couches : "On trouve en moyenne dans les couches 5 à 6 urines par jour, trois, quatre voire cinq selles, de couleurs jaunes avec des grumeaux".

Si on retrouve ces critères - la déglutition de l'enfant et les seins moins lourds de la mère étant les plus importants – alors c'est que le bébé prend ce qu'il lui faut, "même si on ne sait jamais précisément combien de millilitres de lait il boit", souligne la consultante en lactation. 

  • Quand mettre le bébé au sein ?

On conseille aux jeunes mamans de pratiquer l'allaitement à la demande, soit mettre leur enfant au sein quand il le demande. Il est donc important que la mère puisse repérer les signes qui indiquent que le bébé a faim. "Il commence à téter ses lèvres, sa langue, porte ses mains à la bouche et montre qu'il est prêt à téter", explique l'infirmière puéricultrice. 

En moyenne les enfants de 0 à 3 mois boivent huit à douze fois par 24 heure s, des tétées réparties inéquitablement. "On pratique encore trop souvent l'allaitement à la pendule – on réveille le bébé pour l'allaiter parce que cela fait trois heures qu'il n'a pas bu ou on ne lui donne pas, car il a bu il y a seulement une heure, par exemple. Pourtant, avec l'allaitement à la demande, on sait que les tétées sont naturellement réparties inéquitablement sur la journée", assure Sylvie Cacciatore. Les mères doivent avoir ce paramètre en tête pour ne pas s'inquiéter de tétées à la fréquence irrégulière. 

Aussi, il est recommandé de ne pas attendre que l'enfant pleure pour lui donner à boire et de lui donner le sein quand il le demande. "Sinon, le bébé est tellement agité qu'il a du mal à bien prendre le sein ou il est tellement fatigué d'avoir pleuré qu'il ne réussira pas à boire", précise notre experte. Elle ajoute toutefois que "si la maman n'est pas disponible immédiatement, le bébé peut évidemment patienter un peu".  

  • Faut-il donner les deux seins durant la tétée ?

Ne donner qu'un sein par tétée est intéressant car : 

  • On sait que le lait change de composition en cours de tétée, il est donc intéressant de vider un sein pour que le bébé bénéficie du lait de fin de tétée
  • Plus un sein est vidé, plus la synthèse du lait est rapide

"Je conseille de donner un sein par tétée, éventuellement le deuxième si le bébé a encore faim", recommande Sylvie Cacciatore. On donnera l'autre sein lors de la  tétée suivante. "Au sein, un enfant ne prend jamais la même quantité à chaque tétée, il n'aura pas la régularité qui peut parfois sécuriser les mères. Il ne faut pas s'inquiéter si on a l'impression que le bébé a moins pris que la fois précédente", rassure-t-elle. 

  • Dans quelle position allaiter ?

Il est important que la maman se sente dans une position confortable pour allaiter son bébé : dos calé, coudes calés et pieds surélevés. "Et le bébé doit bien avoir le corps face à celui de sa mère afin qu'il puisse bien avoir le sein dans la bouche et qu'il n'ait pas de difficultés à avaler", précise la conseillère en lactation. 

Les différentes douleurs de l'allaitement

  • Les crevasses au mamelon : elles surviennent quand l'enfant ne prend pas suffisamment le sein dans sa bouche. "Il pince alors le mamelon entre sa langue et son palais dur, ce qui provoque les crevasses. Dans une bonne position, le mamelon se trouve au niveau du palais souple et ne risque pas d'être abîmé", note notre experte. Appliquer du lait maternel, puissant cicatrisant, ou de la lanoline sur les lésions optimisera la cicatrisation. 
  • L'engorgement mammaire, qui peut survenir dans les premiers jours après l'accouchement, rend les seins douloureux et très sensibles. "Une compression des seins, sous une douche, permettra de vider le sein et de soulager la mère". 
  • La mastite : Il s'agit d'une inflammation du sein qui survient lorsque le sein reste tendu trop longtemps et qu'il n'est pas vidé. La stagnation du lait crée une inflammation locale : une plaque rouge, chaude, douloureuse. La mère peut être fébrile. Il est impératif de bien vider le sein et éventuellement prendre des anti-inflammatoires compatibles avec l'allaitement. "Le risque de la mastite si le sein n'est pas bien vidé, c'est que celle-ci se complique en abcès mammaire qui nécessitera une ponction sous échographie ou une intervention chirurgicale".
  • La mycose mammaire : « Il s'agit de douleurs très caractéristiques. Les mère décrivent des lignes de douleurs, car la mycose remonte les canaux lactifères. Très souvent, on observe que l'enfant a, lui aussi, du muguet dans la bouche». Il faut toujours traiter l'enfant et la mère avec un antifongique qui ne compromet pas l'allaitement.   
  • Les tranchées : il s'agit de contractions de l'utérus qui surviennent dans les jours qui suivent l'accouchement. "Ces contractions, dues à l'ocytocine, sont bénéfiques, car elles permettent à l'utérus d'éliminer le sang qui reste et de retrouver sa taille normale. Ces douleurs sont tout à fait normales et la mère peut prendre des antalgiques compatibles avec l'allaitement pour la soulager".

Allaitement : quand consulter ?

"S'il y a des douleurs ou des comportements de l'enfant qui questionnent, je conseille de consulter un spécialiste le plus rapidement possible", recommande Sylvie Cacciatore. S'il y a un problème, celui-ci sera pris en charge le plus tôt possible. La consultante en lactation insiste : "Il ne faut surtout pas rester seule face à une difficulté'. 

  • Combien de temps se conserve le lait maternel ?

Il est possible pour la mère de tirer son lait à l'aide d'un tire-lait. Le lait peut alors être conservé :

  • 4 heures à température ambiante
  • 48 heures au réfrigérateur
  • 4 mois au congélateur

Si vous souhaitez faire don de votre lait, contactez l'association des lactariums de France (ADLF).

Sources

Merci à Sylvie Cacciatore, infirmière puéricultrice et consultante en lactation IBCLC pour son expertise.