Définition : qu’est-ce que le syndrome de Cushing ?

Nous appelons « syndrome de Cushing » ou « maladie de Cushing », un ensemble de symptômes qui apparaissent lorsque l’organisme a été soumis à un excès de corticoïdes naturels ou synthétiques (médicaments anti-inflammatoires) sur le long terme.

La pathologie se manifeste par une prise de poids et un changement d’apparence marquant. Le traitement est celui de la cause.

Maladie de Cushing ou syndrome de Cushing : quelle différence ?

  • La maladie de Cushing est une affection rare qui résulte d’une tumeur bénigne de l’hypophyse.
  • En revanche, nous parlons de "syndrome de Cushing" lorsque les symptômes sont secondaires à :
    • un traitement par corticostéroïdes anti-inflammatoires ;
    • une tumeur endocrine (en dehors de l’hypophyse) ou la présence de nodules surrénaliens.

Qu’est-ce que les corticoïdes ?

Pour rappel, les corticoïdes naturels sont des hormones synthétisées par les glandes surrénales. Il en existe deux groupes (les glucocorticoïdes et les minéralcorticoïdes). Dans le cadre de Cushing, l’organisme est excessivement soumis aux glucocorticoïdes (cortisone, cortisol). Il existe aussi des corticoïdes de synthèse, médicaments utilisés en médecine pour leurs propriétés anti-inflammatoires et dont les effets sont plus ou moins prolongés. Ces traitements peuvent provoquer un syndrome de Cushing.

Chiffres : quelle est la fréquence du syndrome de Cushing ?

Le syndrome de Cushing iatrogène (c’est-à-dire déclenché par la prise de médicaments) est une complication fréquente de la prise régulière de corticoïdes. Pour rappel, on estime que dans la population générale, environ 1% des individus sont traités par glucocorticoïdes (1,2).

En dehors du syndrome de Cushing iatrogène, Cushing est une maladie rare : son incidence est de l’ordre d’un nouveau cas par million d’habitants et par an (3).

Quels sont les symptômes du syndrome de Cushing ?

Les excès de cortisol donnent lieu à divers symptômes (de nature physique et psychologique) qui s’intensifient au fil du temps. Il n’est pas rare que les patients demeurent longtemps dans l’errance thérapeutique à la recherche d’un diagnostic.

Les symptômes physiques :

  • une prise poids au niveau du haut du corps (abdomen, cou, visage) ;
  • un visage rouge ;
  • un affinement de la peau dont résultent des hématomes, un retard à la cicatrisation et des vergetures rouges ;
  • une fragilité osseuse : fractures fréquentes parfois spontanées (non-traumatiques), tassement vertébral précoce ;
  • une perte de force et de masse musculaire (sarcopénie) ;
  • de la fatigue et une perte des performances physiques ;
  • des règles irrégulières chez la femme ;
  • une perte de libido ;
  • une pilosité excessive.

Les symptômes psychologiques :

  • des troubles du sommeil ;
  • des difficultés de concentration ;
  • une irritabilité ;
  • une tendance dépressive.

Image : patiente atteinte du syndrome de Cushing

Les symptômes psychologiques :© Creative Commons

CC- wikimédia- Ozlem Celik, Mutlu Niyazoglu, Hikmet Soylu and Pinar Kadioglu- CushingsFace.jpg - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

Quelles sont les causes du syndrome de cushing ?

  • La maladie de Cushing résulte d’une tumeur bénigne (adénome) de l’hypophyse (une glande endocrine située sous le cerveau). La sécrétion de cortisol par les glandes surrénales est habituellement contrôlée par une autre hormone : l’ACTH (Adreno Cortico-Tropic Hormone) sécrétée par l’hypophyse. Le développement de la tumeur entraîne une production excessive d’ACTH par l’hypophyse. Il en résulte une hypersécrétion de cortisol par les glandes surrénales à l’origine des symptômes. Les glandes surrénales prennent aussi en volume (hypertrophie).
  • Le syndrome de Cushing (SC)  peut être d’origine :
    • iatrogène et secondaire à la prise de glucocorticoïdes de synthèse : c’est la cause la plus fréquente du syndrome de Cushing. La survenue de ce syndrome est alors prévisible dans le cadre d’un certain nombre de maladies pour lesquelles les corticostéroïdes sont administrés : maladies rhumatologiques (telles que la polyarthrite rhumatoïde), maladies inflammatoires (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique), maladies auto-immunes (lupus érythémateux disséminé, sclérose en plaques), maladies respiratoires et pulmonaires, asthme, allergies, certains cancers, douleurs chroniques…
    • endogène et secondaire à des tumeurs endocrines ou à des nodules surrénaliens :

Nous parlons de syndrome de Cushing paranéoplasique (ou syndrome de Cushing par sécrétion ectopique d’ACTH) lorsque des tumeurs endocrines sécrètent elle-même de l’ACTH. La plupart du temps, ces tumeurs se situent dans le poumon.

Des tumeurs ou des nodules situés sur les glandes surrénales peuvent aussi donner lieu à un syndrome de Cushing lorsqu’elles se mettent à sécréter un excès de cortisol. Ces tumeurs peuvent être bénignes (adénome) ou malignes (corticosurrénalomes). Pour ce qui est des nodules, nous distinguons deux pathologies : l’hyperplasie micronodulaire des surrénales et la dysplasie nodulaire pigmentée.

Syndrome de Cushing « ACTH-dépendant »/ « ACTH-indépendant » : quelle est la différence ?

Lorsque le SC a une origine endogène (non expliqué par la prise de médicaments) : les excès de cortisol peuvent alors résulter d’une sécrétion excessive d’ACTH, nous parlons de syndrome de Cushing ACTH-dépendant. À L’inverse, si les excès de cortisol ne sont pas liés à des sécrétions excessives d’ACTH, nous parlons de syndrome de Cushing ACTH-indépendant.  

Selon l’HAS (4), 85% des cas de SC non expliqués par la prise de corticoïdes de synthèse résultent d’une production excessive d’ACTH (« ATCH-dépendant »). Ils sont la plupart du temps liés à une tumeur bénigne de l’hypophyse (dans plus de 80% des cas). Ainsi dans seulement 15% des cas, les SC non-iatrogènes sont directement liés à une sécrétion surrénalienne autonome et indépendante de l’ACTH dont l’origine est tumorale ou nodulaire (60% des tumeurs sont bénignes).

Quels sont les facteurs de risque du syndrome de Cushing ?

En dehors du cas où il est d’origine iatrogène (lié à la prise de médicaments corticoïdes), le syndrome de Cushing est généralement spontané et sans étiologie identifiée

Les seuls facteurs de risque reconnus sont (6) :

  • La prise de médicaments corticoïdes de façon régulière et sur le long terme ;
  • L’hérédité uniquement dans certains cas exceptionnels lorsque le SC est secondaire à :
    • une atteinte des deux glandes surrénales due à une mutation génétique ;
    • la néoplasie endocrine multiple de type 1, liée à la mutation du gène ménine ;
    • l’hyperplasie macronodulaire des surrénales qui peut atteindre plusieurs personnes au sein d’une même famille ;
    • le syndrome de McCune Albright lié à une mutation génétique.

Quelles sont les personnes à risque de syndrome de Cushing ?

Tout individu peut déclencher un syndrome de Cushing. Sont particulièrement à risque :

  • les patients qui prennent des corticostéroïdes ;
  • les personnes touchées ou ayant des antécédents familiaux de tumeurs endocrines ou de nodules surrénaliens ;
  • les personnes atteintes du syndrome de McCune Albright ;

À noter que les femmes sont cinq fois plus exposées que les hommes au syndrome de Cushing causé par une tumeur surrénalienne ou hypophysaire (7). En revanche, les hommes sont trois fois plus exposés que les femmes lorsque la cause est un cancer du poumon (7). Bien qu'il puisse survenir chez les enfants, le syndrome de Cushing affecte le plus souvent les adultes âgés de 25 à 40 ans (7).

Quelle est la durée du syndrome de Cushing ?

Le syndrome de Cushing persiste tant que la cause n’est pas traitée. Lorsque l’origine est iatrogène, ce syndrome disparaît avec l’ajustement des traitements.

Toutefois, lorsque le SC est lié à une tumeur endocrine ou à des nodules, les symptômes demeurent tant que l’origine n’est pas traitée.

Parfois des traitements transitoires ou définitifs sont nécessaires : lorsque la chirurgie est insuffisante ou à défaut de chirurgie ou encore pour pallier les conséquences post-chirurgicales (comme après l’ablation des glandes surrénales). Dans ces cas de figure, le SC est identifié comme une maladie chronique.

Le syndrome de Cushing est-il contagieux ?

Le syndrome/la maladie de Cushing n’est pas une maladie contagieuse. 

Syndrome de Cushing : qui et quand consulter ?

Dès les premiers symptômes évocateurs (surtout si vous suivez une corticothérapie), il est prépondérant de se tourner vers son médecin généraliste qui pourra vous prescrire des analyses ou vous orienter vers un endocrinologue.

Quelles sont les complications du syndrome de Cushing ?

Sur le long terme, les complications possibles du syndrome de Cushing sont :

  • le diabète ;
  • l’ostéoporose ;
  • l’hypertension artérielle ;
  • les thromboses et les phlébites (formation de caillots de sang dans les vaisseaux sanguins) ;
  • l’embolie pulmonaire (caillot de sang dans les vaisseaux des poumons) ;
  • des infections fréquentes parfois graves ;
  • la dépression.

À noter que les taux de mortalité liés à Cushing sont doublés par rapport à ceux de la population générale pour les formes non traitées (5). Les patients atteints de diabète ou d’hypertension artérielle sont les plus à risque (5). L’espérance de vie redevient normale pour les formes répondant aux traitements.

Quels sont les examens et analyses du syndrome de Cushing ?

Lorsqu’un médecin soupçonne un syndrome de Cushing chez un patient, il prescrit :

  • des examens biologiques :
    • taux de cortisol sanguin à 8h et à minuit ;
    • taux de cortisol sanguin au lendemain de la prise de dexaméthasone ;
    • taux de cortisol urinaire  pendant 24 heures ;
    • ACTH sanguin
    • ACTH sanguin après prise de dexaméthasone.
  • Des examens d’imagerie(de l’hypophyse et des surrénales) afin de visualiser une éventuelle tumeur ou des nodules :  
    • scanner.

Quels sont les traitements du syndrome de Cushing ?

Le traitement dépend de la cause de la maladie.

Traitement du syndrome de Cushing iatrogène

L’endocrinologue doit réajuster le traitement par corticoïdes.

Traitement de la maladie de Cushing (liée à une tumeur bénigne hypophysaire)

La chirurgie de la tumeur est le traitement de première intention. Lorsque l’adénome hypophysaire est bien repéré à l’IRM et qu’il ne s’étend pas dans les sinus caverneux (difficiles d’accès pour le chirurgien), la chirurgie permet de corriger l’excès de cortisol dans 70 à 80 % des cas. Toutefois, si l'adénome est très gros et/ou s'étend dans les sinus caverneux, la chirurgie ne peut qu'atténuer l'excès de cortisol.

En seconde intention, une surrénalectomie bilatérale permet de corriger l’excès de cortisol immédiatement et quelle que soit la taille de la tumeur. Cette solution comporte cependant des inconvénients : après l’intervention, le patient est en insuffisance surrénale de façon définitive. En outre, l’adénome hypophysaire peut augmenter de taille au point de nécessiter un traitement complémentaire par chirurgie hypophysaire, radiothérapie ou médicaments. Le terme de syndrome de Nelson est souvent utilisé pour décrire cette évolution qui touche environ 30 % des patients.

3 types de médicaments peuvent aussi être administrés :

  • les médicaments diminuant la production de cortisol : souvent prescrits en attendant la chirurgie hypophysaire ou la surrénalectomie ;
  • la chimiothérapie agissant sur l’adénome ;
  • les médicaments diminuant les effets du cortisol.

La radiothérapie est aussi un traitement de seconde intention : elle permet de détruire l’adénome ou d’en limiter l’évolution après une surrénalectomie. Deux techniques sont employées : la radiothérapie fractionnée (environ 30 séances) ou le Gamma knife (1 séance).

Un traitement par hydrocortisone est nécessaire en cas d’insuffisance surrénale secondaire à la chirurgie/radiothérapie hypophysaire, la surrénalectomie bilatérale ou à la prise de médicaments bloquant la production de cortisol.

Parfois des hormones substitutives sont nécessaires : la fludrocortisone est nécessaire, en plus de l'hydrocortisone, après une surrénalectomie bilatérale ou chimique. Parfois, il faut pallier la déficience d'autres cellules hypophysaires avec certaines hormones (hormones thyroïdiennes, testostérone, traitement œstroprogestatif, hormones de croissance, desmopressine…).

Traitement du Syndrome de Cushing Paranéoplasique (ou syndrome de cushing par sécrétion ectopique d’ACTH)

Le traitement de la tumeur endocrine est le traitement de première intention. En seconde intention, d’autres solutions sont proposées :

  • la surrénalectomie bilatérale (ablation des deux surrénales) ;
  • des médicaments diminuant la production de cortisol ;
  • des traitements substitutifs surrénaliens (hydrocortisone et fludrocortisone après une surrénalectomie).

Traitement d’une tumeur ou de nodules surrénaliens 

Pathologie

Traitements

Adénome surrénalien (tumeur bégnine)

- Surrénalectomie unilatérale (ablation d’une seule surrénale) ;

- Traitement par hydrocortisone ;

- Médicaments diminuant la production de cortisol.

Corticosurrénalome (tumeur maligne)

- Traitement de la tumeur (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie) ;

- Médicaments bloquant la production des hormones surrénaliennes ou diminuant leurs effets.

Hyperplasie macronudulaire des surrénales

 

Dysplasie nodulaire pigmentée

 

- Surrénalectomie bilatérale (ablation des deux surrénales) ;

-Traitement par hydrocortisone et fludrocortisone ;

-Médicaments diminuant la production de cortisol.

Comment prévenir le syndrome de Cushing ?

Le déclenchement de la maladie est imprévisible. Toutefois, il est recommandé de rester attentif(ve) à tout effet indésirable en cas de prise de corticostéroïdes.

Sites et associations

Plus d’infos sur les traitements sur sfendocrino.org

Surrénales.com

Maladiesraresinfo.org

Sources

Validation par le Docteur Alain Scheimann, endocrinologue à Paris.

(1) van Staa TP, Leufkens HG, Abenhaim L, Begaud B, Zhang B, Cooper C. Use of oral corticosteroids in the United Kingdom. Q J Med 2000; 93: 105–111.

(2) Bornstein SR. Predisposing factors for adrenal insufficiency. N Engl J Med 2009; 360: 2328–2339.

(3) Federica Guaraldi, Roberto Salvatori, « Cushing Syndrome : Maybe not so uncommon of an endocrine disease », The Journal of the American Board of Family Medicine, vol. 25, no 2,‎ 3 janvier 2012, p. 199-208

(4) Syndrome de cushing : protocole national de diagnostic et de soins, HAS, Guide des affections de longue durée ( copier-coller le lien du PDF : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2008-12/pnds_syndrome_de_cushing_version_web_051208.pdf)

(5) Clayton R. N., Raskauskiene D., Reulen R. C., Jones P. W. « Mortality and morbidity in Cushing’s disease over 50 years in Stoke-on-Trent, UK : audit and meta-analysis of literature » J Clin Endocrinol Metab vol. 96, 2011, p. 632-642.

(6) Maladie et syndrome de Cushing, association surrénales.com, Texte rédigé par le Service d’Endocrinologie, hôpital Cochin, et l’Association « Surrénales » en septembre 2005 et mis à jour en novembre 2010

Syndrome de cushing, NORD

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