Définition : qu’est-ce qu’un lipome ?

Un lipome correspond à une tumeur graisseuse, bénigne. Il est le résultat d’une prolifération de cellules adipeuses dans le tissu adipeux sous-cutané. Le lipome prend la forme d’une boule de graisse sous-cutanée de taille modérée n’excédant que rarement les 10 cm de diamètre.

Les lipomes peuvent se développer partout sur le corps, mais les zones le plus souvent touchées sont les avant-bras, le torse, la nuque, la poitrine et les jambes. Certains lipomes peuvent, en outre, se développer au sein des organes comme au niveau de l’intestin grêle par exemple.

Les différents types de lipomes

Certaines personnes ont un seul lipome, mais le plus souvent il en existe plusieurs :

  • le lipome circonscrit : il se forme sous la peau ou dans un muscle, et est fréquemment localisé au niveau de la nuque, du dos, des épaules ou des cuisses,
  • le lipome diffus : plus rare, il s'apparente à une tumeur bénigne qui a tendance à la récidive locale après traitement ou ablation,
  • l'adéno-lipomatose : il s'agit d’un lipome accompagné d’un gonflement des ganglions lymphatiques ("adénopathie”)

Dans certains cas, les lipomes sont très nombreux et on parle de lipomatose (maladie héréditaire). "Il faut considérer que les lipomes sont toujours des lésions bénignes. En effet, les liposarcomes qui sont les cancers développés à partir des cellules graisseuses existent mais ce ne sont pas des lipomes qui se transforment. Ce sont des cancers d'emblée" détaille le Docteur Didier Coustou, dermatologue à Toulouse.

Le lipome graisseux est-il un kyste ?

Selon le Dr Sylvie Henault de Calan, dermatologue, interviewée lors d'une émission Allô docteurs : "le lipome n'est pas un kyste sébacé parce que le lipome n'est pas dans une coque. Le lipome correspond à de la graisse comme la cellulite, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une boule de graisse jaune qui n'a rien à voir avec le sébum (sécrété par la glande sébacée), qui lui est une graisse fluide d'une couleur blanchâtre [...]. Le kyste est dans une coque, donc il est très rond et très rénitent. Quand on palpe, c'est un petit peu ferme, mais souple. Le lipome, lui, est très souple. Quand on appuie sur le lipome, il s'enfonce."

À noter : On parle parfois à tort de "kyste graisseux" pour désigner le lipome. Mais, quand c'est graisseux, on parle plutôt d'un lipome.

Les lipomes en chiffres

Le lipome est une lésion relativement fréquente. La littérature médicale estime à environ 2 % le nombre de personnes concernées un jour dans leur vie par cette affection.

Le saviez-vous ? Le lipome existe aussi chez le chien

A noter que le lipome existe aussi chez le chien et le chat. En avançant dans l'âge ces animaux peuvent présenter un lipome, sans que leur santé ne soit en danger. Une consultation chez le vétérinaire permet de s'assurer que cette excroissance graisseuse est bénigne.

Quels sont les symptômes du lipome ?

Les lipomes (solitaires ou multiples) se manifestent par l'apparition de boules de graisse, plus ou moins molles et saillantes, peu esthétiques, qui se forment sous la peau.

Cette "grosseur" se caractérise essentiellement par sa texture molle, parfois élastique et mobile à la palpation, ce qui la différencie des autres tumeurs cutanées dès son apparition. Un lipome de petite taille peut facilement passer inaperçu lorsqu’il est situé profondément sous la peau. En effet, la seule façon de la déceler est de constater sa croissance sous la peau. Enfin, la surface de peau qui recouvre le lipome présente toujours un aspect normal.

Un lipome n’entraîne pas de manifestation spécifique. Toutefois, il arrive que la tumeur soit sensible, en raison de la compression des autres tissus situés à proximité ou si elle est soumise à des frottements en fonction de sa localisation. En effet, le lipome peut parfois provoquer une douleu r s'il se développe à proximité d'un nerf, ou si, dans de très rares cas, la tumeur devient cancéreuse.

Lipomes : les cas où ils sont douloureux

Les lipomes peuvent faire partie des symptômes de certaines pathologies et être particulièrement douloureux.

  • Dans le cas de la maladie de Dercum, de multiples lipomes provoquent des douleurs au niveau des membres inférieurs qui ont tendance à se reformer après leur ablation par le dermatologue chirurgien.
  • Dans le cas de la maladie de Launois-Bensaude, des lipomes peuvent être présents au niveau du cou, du tronc, de l’abdomen et aux racines des cuisses. Ils peuvent être gênants et exercer des compressions sur les vaisseaux, nerfs et muscles alentours.

Comment reconnaître le lipome ?

Le lipome prend l'aspect d'une boule sous la peau peu esthétique. Cette boule est molle, mobile et non douloureuse à la palpation. Le lipome graisseux touche plus souvent les femmes que les hommes et peut passer facilement inaperçu lorsqu'il est situé plus profondément sous la peau. Son développement est lent et la seule façon de déceler le lipome est de constater sa croissance à la surface de la peau. Les lipomes mesurent entre 5 et 10 cm de diamètre. Ils peuvent se manifester sur diverses parties du corps comme :

  • la tête,
  • le décolleté, les seins,
  • les avant-bras,
  • les aisselles,
  • le torse,
  • la nuque,
  • les fesses, etc.

Photo illustrant un lipome sous la peau de l'avant-bras

Comment reconnaître le lipome ?© Creative Commons

Credit : Sikander Iqbal — Travail personnel. Licence : https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

Causes d'un lipome

L’étiologie exacte du lipome n’est pas connue, même si la part de l’hérédité jouerait, semble-t-il, un rôle important dans l’apparition de ce type de tumeur. Néanmoins, les raisons de la prolifération anarchique des cellules adipeuses à certains endroits du corps ne sont pas avérées. Certaines personnes présentent un terrain favorable au développement de plusieurs lipomes. On parle alors de lipomatose.

Réponse du Docteur Didier Coustou, dermatologue :

"Les causes exactes de l’apparition des lipomes sont mal connues. Chez certaines personnes, la formation de lipomes multiples est causée par une maladie héréditaire appelée lipomatose. Mais dans la majorité des cas, l’apparition est sporadique et sans cause connue".

Quels sont les facteurs de risque ?

En dehors du terrain génétique, il n’existe aucun facteur de risque connu.

Quelles sont les personnes à risque ?

Le lipome ou les lipomes apparaissent le plus souvent entre 40 et 60 ans et touche un peu plus volontiers la population féminine.

Quelle est la durée d’un lipome ?

Certains lipomes évoluent-ils vers une guérison spontanée ?

Réponse du Docteur Didier Coustou, dermatologue :

"Dans la plupart des cas un lipome va grossir progressivement jusqu’à atteindre une taille définitive de quelques centimètres (<5cm dans 80% des cas) puis il ne bougera plus. Parfois la croissance se poursuit et certains lipomes peuvent mesurer jusqu’à plus de 10cm. Enfin il existe des cas exceptionnels de régression spontanée inexpliquée".

Le lipome est-il contagieux ?

Le lipome n’est pas une affection contagieuse.

Qui, quand consulter en cas de lipomes ?

La détection d’une grosseur, quelle qu’elle soit, doit nécessairement faire l’objet d’une consultation médicale. En effet, seul un praticien est habilité à poser le diagnostic de lipome et à en confirmer le caractère béni n. Il est donc nécessaire de consulter son médecin traitant qui pourra ensuite vous adresser à un confrère dermatologue le cas échéant.

Quelles sont les complications du lipome ?

Un lipome n’entraîne en général presque aucune complication de santé. "Toutefois, dans certaines localisations et/ou en cas de lipomes de grande taille, l a compression des tissus environnant peut entraîner des douleurs" précise le spécialiste.

Lipome graisseux : peut-il être cancéreux ?

La détection d’une grosseur, quelle qu’elle soit, doit nécessairement faire l’objet d’une consultation médicale. Seul un praticien est habilité à confirmer le caractère bénin d’un lipome. Une tumeur cancéreuse est une boule dure, non mobile avec des contours irréguliers.

En cas de doute, une biopsie de la tumeur pourra être pratiquée. Votre médecin pourra prélever le contenu du lipome pour écarter toute suspicion de cancer de la peau. L’analyse de l’échantillon permettra de détecter la présence d’éventuelles cellules malignes. Dans ce cas précis, la stratégie thérapeutique sera décidée en fonction du stade d’évolution du cancer.

Diagnostic de lipomes : quels sont les examens et analyses nécessaires ?

Le diagnostic de lipome est habituellement clinique car il est aisément reconnaissable à sa consistance molle et mobile par rapport aux structures environnantes, non inflammatoire et bien délimitée. Ce n’est qu’en cas de modification ou de croissance rapide de la lésion qu’une biopsie peut être indiquée. Un fragment de tumeur est alors prélevé pour ensuite être analysé.

En cas de lipome superficiel, uneéchographiepeut permettre de confirmer le diagnostic et d’identifier un éventuel risque d’évolution maligne.

Les lipomes profonds peuvent quant à eux nécessiter le recours à une IRM.

Traitements : comment soigner et enlever un lipome ?

Aucun traitement n’est généralement requis en cas de lipome. Cependant, son exérèse peut être indiquée s’il devient douloureux ou inesthétique et gêne le patient. Le choix du traitement dépendra donc de la nature du lipome et de son emplacement. Il est néanmoins conseillé de surveiller un lipome que l’on n’opère pas afin d’observer son évolution.

L'ablation chirurgicale pour enlever un gros lipome

La technique la plus indiquée est l’exérèse chirurgicale qui s’effectue en ambulatoire (sans hospitalisation) et sous anesthésie locale ou générale selon la taille et la localisation du lipome. Une fois opéré par le chirurgien, il sera systématiquement envoyé en laboratoire pour analyse. Enfin, il est à noter que la cicatrice peut parfois se révéler aussi gênante que la lésion initiale.

La liposuccion (ou lipoaspiration) pour retirer un lipome

Ce traitement consiste à aspirer la graisse à l’aide d’un appareil spécial. La liposuccion est envisageable pour les petits lipomes et présente l’avantage d’être rapide mais elle ne permet pas d’étudier la nature de la lésion, contrairement à l’ablation. La lipoaspiration entraîne moins (ou pas) de cicatrices, mais elle laisse en place l’enveloppe du lipome et expose donc à un risque de récidive élevé.

L'injection de corticoïdes

Dans le cas de lipomes nombreux sous cutanés, ou de personne ne pouvant pas subir de chirurgie, une alternative consiste à injecter des corticoïdes dans le lipome de manière à en réduire le volume. "Il faut savoir que l es résultats peuvent être aléatoires avec cette technique" précise le Docteur Didier Coustou.

Lipome : l'opération est-elle remboursée ?

Le remboursement de l'opération dépend de la nécessité médicale d’une intervention ou non.

  • Si l'opération du lipome est réalisée uniquement pour des raisons esthétiques, aucun remboursement par la Sécurité sociale ne pourra être envisagé.
  • Toutefois, si l’ablation du lipome devient une nécessité médicale, la Sécurité sociale pourra prendre en charge une partie du coût de l'opération (consultation préopératoire et de l’acte chirurgical - 70% du tarif conventionné par la Sécurité Sociale et coût d’hospitalisation - 80% du tarif conventionné par la Sécurité Sociale). Et, selon la formule de garanties, la mutuelle pourra compléter le remboursement ainsi que les suppléments de confort (chambre individuelle, téléphone, télévision...) et les éventuels dépassements d’honoraires des médecins et chirurgiens.

Peut-on éviter un lipome ?

L'apparition d’un lipome ne peut pas être prévenue.

Sites d'informations et associations

Le Manuel MSD sur les lipomes

Sources

Entretien avec le Docteur Didier Coustou, Dermatologue

Lipomatoses - Thérapeutique Dermatologique