Évolution et complications de la phlébite

L'embolie pulmonaire

Une thrombose veineuse profonde qui n’aurait pas été prise à temps peut déboucher sur une embolie pulmonaire. L’embolie pulmonaire désigne l’obstruction d’une artère pulmonaire ou de l’une de ses branches par un caillot de sang. Elle provoque une altération des échanges gazeux risquant d’altérer l’oxygénation sanguine.

Le caillot se forme lors de la phlébite et se détache de la paroi de la veine pour remonter vers le cœur dans le sens de la circulation veineuse. En se contractant, le ventricule droit propulse le caillot dans les artères pulmonaires. En cheminant vers des conduits de plus en plus fins, il finit par rester bloqué. Dans le cas d’une embolie, il est primordial d’agir le plus rapidement possible.

Le syndrome post-phlébitique

Près de 20 à 50 % des phlébites provoquent un syndrome post-phlébitique malgré les traitements.

Quand une veine profonde est touchée, des symptômes d’insuffisance veineuse peuvent survenir (gonflement persistant des jambes (oedème), varices et des ulcères aux jambes), exposant à de nouvelles phlébites ou à l’apparition d’ulcères cutanés aux chevilles notamment. Cependant, la prise en charge précoce d’une phlébite avec port d’une contention veineuse permet d’éviter ces complications.

À noter : comme la phlébite touche souvent une seule jambe, ce syndrome est habituellement unilatéral.

Un risque de récidive

Une thrombose veineuse profonde (TVP) peut récidiver durant l’année du premier épisode en raison :

  • des lésions que la première phlébite peut engendrer à la paroi vasculaire
  • d'un traitement anticoagulant insuffisant

Diagnostic : quels examens et analyses sont nécessaires en cas de phlébite ?

L'écho-doppler

L’écho-doppler (ou l’échographie-doppler) sert à observer la circulation du sang dans certains vaisseaux du corps. Il combine une échographie (pour visualiser correctement les vaisseaux) et la fonction doppler qui permet d’observer la façon dont s’écoule le sang dans ces vaisseaux.

Il existe des écho-doppler artériel (pour visualiser une artère spécifique) ou écho-doppler veineux (pour visualiser les veines). Le médecin prescrit généralement des écho-doppler pour visualiser d’éventuelles obstructions des artères ou pour estimer le fonctionnement des valves cardiaques (structures souples qui séparent les cavités cardiaques). Pour les membres inférieurs, on s’en sert pour vérifier l’état de la circulation dans les artères et les veines des jambes et des pieds.

L’examen se déroule comme une échographie, à l’aide d’une sonde placée sur la peau au contact de la zone à explorer. Le médecin enduit la peau d’un gel qui améliore la qualité de l’image et aide au déplacement de la sonde. Les ondes de l’échographie pénètrent dans l’organisme et rebondissent sur les vaisseaux pour pouvoir les visualiser. Les ultrasons traversent le flux sanguin et déterminent la vitesse et le sens de l’écoulement. Ils permettent également de déterminer si le flux sanguin est homogène ou turbulent.

Cet examen permet de déterminer les différentes anomalies dans les vaisseaux sanguins. Dans un cas de suspicion de phlébite, il permet de vérifier s’il y a des caillots dans les veines. Ce qui pourrait mener plus tard à une embolie pulmonaire si le caillot se détache pour migrer vers les artères pulmonaires.

L'examen D-dimères

Le médecin peut faire un examen D-dimères pour valider son diagnostic. Les D-dimères sont issus de la dégradation de la fibrine, une protéine impliquée dans la coagulation sanguine. Quand le sang coagule, certains de ses constituants se fixent les uns aux autres, notamment à l’aide de la fibrine.

Lorsque la coagulation sanguine est excessive, elle peut être associée à la formation de caillots sanguins pouvant avoir comme conséquence une thrombose veineuse profonde, voire une embolie pulmonaire. Si c’est le cas, un mécanisme se met en place pour dégrader la fibrine en excès et la réduire en fragments, certains d’entre eux étant les D-dimères. Leur présence peut témoigner de la formation d’un caillot sanguin.

Cet examen est réalisé par une simple prise de sang. Le dosage de D-dimères permet de déceler la présence d’un caillot dans le sang. Si le taux de D-dimères est élevé, c’est qu’il y a une suspicion de la présence d’un caillot indiquant une potentielle thrombose veineuse profonde, voire une embolie pulmonaire. Cet examen est confirmé par l’écho-doppler.

Quels traitements pour une phlébite ?

Soigner la phlébite superficielle

Une phlébite superficielle est un traitement local. Sauf si elle est située à proximité d’une veine profonde. On peut dans ce cas aller jusqu’à l’injection d’anticoagulants par voie injectable (Arixtra). Il faut en plus porter les bas de contention pour phlébite prescrits par le médecin.

À noter : les bas de contention pour phlébite : ils permettent de diminuer les symptômes en particulier l’œdème induit par l’obstruction de la veine. La contention est recommandée pour une durée d’au moins 3 mois, mais dure le plus souvent 6 mois.

Traiter une phlébite profonde

Le traitement des thromboses veineuses profondes a pour objectif de prévenir l’embolie pulmonaire et la survenue d’une maladie post-phlébitique. Le traitement repose sur la prise d’un anticoagulant et le port de bas de contention pour phlébite.

Il existe plusieurs catégories de médicaments antithrombotiques, les principaux sont :

  • Les anti-vitamines K (AVK)

Ces antivitamines K agissent en occupant la place de la vitamine K dans des réactions indispensables à la synthèse de certains facteurs de la coagulation. Leur but est d’éclaircir le sang pour empêcher la formation de caillots.

  • Les anticoagulants oraux directs (AOD)

Les anticoagulants oraux directs ont l'avantage théorique, par rapport aux antivitamines K de ne pas requérir de contrôle sanguin régulier, d'avoir peu d'interactions médicamenteuses, d'avoir un délai d'action court et de ne pas nécessiter de régime alimentaire.

Contrairement aux antivitamines K, les anticoagulants oraux directs ne peuvent pas être donnés en cas d’insuffisance rénale ou de valve cardiaque mécanique, contrairement aux antivitamines K.

Comment prévenir une phlébite ?

Pour prévenir la formation de caillots de sang :

  • Évitez les périodes d’immobilité comme en avion par exemple. N’hésitez pas à bouger plusieurs fois, surtout si le voyage dure quelques heures.
  • Pensez à élever vos jambes le plus possible et à porter des bas de contention si besoin.
  • Chez les femmes, la prise de contraceptifs oraux (pilules) augmente le risque de thrombophlébite, qui est encore plus élevé si elles fument. Si vous présentez un facteur de risque, votre médecin vous prescrira un autre contraceptif (stérilet, préservatif…) et vous incitera à arrêter de fumer.

Les indications de la compression

En prévention des phlébites chez les personnes alitées, les médecins prescrivent des bas de contention avant une intervention chirurgicale ou pour un long trajet en avion. Les collants, bas et chaussettes de compression sont généralement prescrits en cas d’insuffisance veineuse superficielle et/ou lors de présence d’oedème. Ces outils thérapeutiques sont également utilisés en cas de thrombose veineuse (avérée et de manière préventive), en post chirurgie, en prévention et traitement de la thrombo-embolique, pour éviter les séquelles d’une phlébite ainsi qu’en cas d’ulcère. “La compression va réduire la pression du flux sanguin et améliorer le retour veineux” note le médecin vasculaire.

La compression doit être adaptée à l’état veineux

Le docteur Toledano nous explique qu’il existe plusieurs types de compression. Avant de prescrire le plus adapté, un examen approfondi doit être réalisé par un médecin vasculaire, un phlébologue ou un angiologue. “Le choix de la contention doit être adapté à l’état veineux du patient et de son problème initial” ajoute le médecin.

Il existe 4 degrés de compression, de la force 1 à 4. Ces produits ne sont disponibles que sur prescription médicale. En revanche, il existe des gammes de maintien (collants et bas) que l’on peut trouver en pharmacie et grande surface qui ont un léger effet sur la circulation.

Bas de contention : quels sont les bons gestes pour les enfiler ?

Enfilez votre collant ou vos bas de contention le plus tôt possible après votre lever, et juste après votre toilette. Pour un enfilage aisé, n’appliquez ni crème ni lait corporel sur vos jambes qui doivent être parfaitement sèches. Pour ne pas filer le bas en le manipulant, retirez vos bagues.

Déroulez le vêtement jusqu'à votre cheville

"Retournez le vêtement sur l’envers en laissant seulement son pied à l’endroit. Dans le bas (ou mi-bas) ou le collant, introduisez d’abord la pointe de votre pied, puis votre talon. Si vous ne pouvez pas saisir votre avant-pied, faites-vous aider pour enfiler la pointe du collant ou du bas. Déroulez le vêtement jusqu'à votre cheville. S’il s’agit d’un collant, répétez ces opérations pour le second pied", recommande l'Assurance Maladie.

Déroulez le tissu jusqu'en haut

Déroulez le tissu élastique sur votre jambe, jusqu'en dessous de votre genou pour les mi-bas ou jusqu'en haut de votre cuisse pour les bas et collants. S’il s’agit d’un collant, montez-le jusqu’à la taille.

Faites la guerre aux plis

Veillez à ne pas créer de plis ni tirer (en particulier si vous portez des bas autofixants, qui comportent une bande antiglisse fragile). Humidifiez vos mains pour ajuster les bas ou le collant, en massant vos jambes de bas en haut.

Anticoagulants, oestroprogestatifs... Les cas particuliers

Dans les situations à haut risque de phlébite, telle après une intervention chirurgicale lourde ou lorsqu’on porte un plâtre pendant plusieurs semaines, il est nécessaire de prendre des anticoagulants, des médicaments fluidifiant le sang.

Les femmes à risque ne doivent pas prendre d’oestroprogestatifs (pilule contraceptive ou autres traitements hormonaux comme les traitements de la ménopause).

Peut-on éviter la phlébite ?

Réponse du Dr Ariel Toledano, médecin vasculaire :

"Il faut faire du sport régulièrement, et lutter contre l’immobilité. Et si une personne sait que dans sa famille, il y a déjà eu des thromboses veineuses profondes, elle ne doit pas hésiter à surveiller. Par exemple, lors des grossesses, ne pas hésiter à mettre des bas de contention. Quand on sait qu’on a une hérédité, on va être plus à l’écoute de ce type de problème et consulter".

Les exercices à faire debout pour éviter la phlébite

Que vous fassiez un long trajet en avion ou que vous soyez simplement chez vous, pensez à marcher toutes les deux heures, c’est un minimum. Allez vous promener une demi-heure autour de votre maison, faites un peu de jardinage, déambulez un peu dans l’allée du train, ou allez simplement chercher un verre d’eau : toutes les occasions sont bonnes pour se dégourdir les jambes.

Par ailleurs, quelques exercices peuvent renforcer les bienfaits de la marche, et ainsi améliorer la santé de vos vaisseaux sanguins.

Montées de genoux

Réalisez des mouvements de marche sur place, en montant bien vos genoux, de façon à ce qu’ils forment un angle droit avec le sol, pendant environ une minute.

Montées sur les pointes

Debout, pieds parallèles, hissez-vous sur la pointe des pieds puis reposez doucement vos talons sur le sol. Répétez l’exercice une vingtaine de fois.

Flexions-extensions

Toujours debout, levez la jambe droite de manière à le mettre perpendiculaire au sol. Poussez le pied vers le bas, orteils tendus, de manière à l’étirer, puis remontez vos orteils vers le haut en fléchissant la cheville. Alternez ce mouvement 10 fois, puis faites de même avec la jambe gauche. Pour conserver votre équilibre, vous pouvez poser la main sur le dossier d’une chaise.

Sites d’informations et associations sur la phlébite

Phlébite : définition et facteurs favorisants, ameli.fr

Association des Victimes d'Embolie Pulmonaire & AVC (AVEP)

Sources

Merci au médecin vasculaire, Dr Ariel Toledano 

Guide pratique de la maladie veineuse thromboembolique, docteur Ariel Toledano, Med-Line éditions

Naess IA, Christiansen C, Romundstad P, Cannegieter C, Rosendaal FR, Hammerstrom J. Incidence and mortality of venous thrombosis: a population-based study. J Thromb, Haemost 2007; 5: 692-9

Comprendre la phlébite, ameli.fr, 28 janvier 2020

La thrombose veineuse (phlébite), Institut National de la Santé et de la Recherche médicale (INSERM), novembre 2015

Item 135 : Thrombose veineuse profonde et embolie pulmonaire, Collège des Enseignants de Cardiologie et Maladies Vasculaires

https://www.ameli.fr/assure/sante/bons-gestes/quotidien/utiliser-bas-collants-compression

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