Définition : qu'est-ce que la colique néphrétique ?

La colique néphrétique désigne la douleur aigue provoquée par un obstacle sur les voies urinaires, qui empêche les urines de s’écouler normalement et crée une hyper-pression en amont. La principale cause est un calcul urinaire, ou lithines, composé souvent d’oxalate de calcium. Il s’agit d’un syndrome douloureux lombo-abdominal.

Les différents types de calculs urinaires

La composition chimique du calcul dépend de sa cause. La plupart des lithiases urinaires contiennent du calcium. On peut observer :

  • Les calculs calciques : ils représentent environ 80 % de tous les calculs urinaires. Ils comprennent à la fois les calculs composés d’oxalate de calcium, qui sont les plus fréquents, de phosphate de calcium ou d’un mélange des deux. Ils sont causés par la déshydratation, un apport excessif de vitamine D, certaines maladies et certains médicaments, des facteurs héréditaires ou une alimentation trop riche en oxalate.
  • Les calculs de struvite ou de phosphate ammoniaco-magnésien : ils sont dus aux infections urinaires chroniques ou à répétition d’origine bactérienne et représentent environ 10 % des calculs urinaires. Ils sont plus fréquents chez les femmes que chez les hommes, car celles-ci sont plus exposées aux infections urinaires. Les personnes porteuses de sondes vésicales à demeure sont plus exposées aux calculs de phosphates ammoniaco-magnésiens.
  • Les calculs d’acide urique : ils représentent de 5 à 10 % des calculs rénaux. Ils sont dus à une concentration anormalement élevée d’acide urique dans les urines. Les personnes à risque sont celles qui sont atteintes de goutte, qui suivent une chimiothérapie ou qui ont des infections urinaires à répétition.
  • Les calculs de cystine : c’est la forme la plus rare des calculs urinaires. Dans tous les cas, leur formation est due à la cystinurie, une anomalie génétique qui provoque l’excrétion d’une quantité excessive de cystine par les reins. Ce type de calcul survient également chez l’enfant.

La colique néphrétique en chiffres

La colique néphrétique liée à un calcul urinaire, ou lithiasique, représente 75 à 80 % des causes de coliques néphrétiques. Elle survient de préférence en début de journée, en raison de l’augmentation de la saturation ionique des urines pendant la nuit.

En France, on estime que chaque année, sur deux millions de patients lithiasiques, 5 à 10 % vont présenter une colique néphrétique, ce qui représente 1 à 2 % des entrées dans les services d’urgences. Le taux de récidive de la colique néphrétique lithiasique atteint 75 % à 20 ans. Après le premier épisode lithiasique, il est d’environ 15 % à un an, 35 % à cinq ans et 50 % à dix ans.

Les hommes sont majoritairement atteints : deux hommes pour une femme.

Quels sont les symptômes de la colique néphrétique ? 

La colique néphrétique est une douleur intense de la région lombaire et abdominale, survenant de manière unilatérale. Elle est provoquée par l'augmentation de pression dans les voies urinaires , en raison des difficultés d’écoulement de l’urine. Cette augmentation de pression résulte de la présence d'un obstacle dans les voies urinaires, plus souvent un calcul ou lithiase rénale.

Le calcul, situé au niveau des voies urinaires, migre, traverse la vessie puis l'urètre pour être évacué dans les urines, soit spontanément soit après l’aide d’un traitement.

La douleur de la colique néphrétique présente des caractéristiques spécifiques. Elle est :`

  • d'une grande intensité, d’apparition brutale, plutôt matinale et nocturne ;
  • localisée dans le dos, puis l'abdomen, l'aine et les organes génitaux ;
  • unilatérale ;
  • brève et répétée, par crises entrecoupées de périodes d’accalmie ;
  • il n’existe pas de position antalgique et le sujet est agité en permanence.

D’autres symptômes peuvent accompagner la douleur :

  • des signes digestifs : nausées, vomissements, ballonnements abdominaux par ralentissement réflexe du transit et accumulation de gaz intestinaux ; 
  • des signes urinaires : envie fréquente d'uriner sans y parvenir, mictions impérieuses,  présence de sang dans les urines ;
  • absence de fièvre, généralement ;
  • une grande anxiété.

La crise de colique néphrétique peut durer plusieurs heures.

Les signes de gravité de la colique néphrétique sont :

  • présence de fièvre, signant la présence possible d’une complication infectieuse de type pyélonéphrite ;
  • survenue chez une femme enceinte ;
  • survenue chez une personne atteinte de maladie rénale chronique ou n’ayant qu'un seul rein.

Dessin : localisation fréquente des douleurs de colique néphrétique

Quels sont les symptômes de la colique néphrétique ? © Creative Commons

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Quelles sont les causes de la colique néphrétique ?

Les coliques néphrétiques sont dues à un obstacle au niveau des voies urinaires, qui empêche l’urine de s’écouler. Il s’agit le plus souvent d’un calcul ou lithiase urinaire.

Les calculs rénaux, qui ressemblent à des petits cailloux de taille variable, contenant le plus souvent du calcium ou de l’acide urique, se forment dans l'appareil urinaire. Lorsque leur volume est trop important, ils vont obstruer les voies urinaires, les mettant ainsi en surpression et provoquant les douleurs violentes de la colique néphrétique. Dans 90 % des cas, il s'agit d'oxalate de calcium : on parle alors de lithiase calcique.

Avant d'être expulsé avec l'urine, le calcul migre jusqu'à la vessie et l'urètre, et la douleur le suit à chaque fois qu’il crée un obstacle sur son trajet. Dans 68 % des cas, les calculs rénaux de moins de 5 mm sont expulsés spontanément dans les urines lors de la miction. Lorsqu’ils sont plus volumineux, une prise en charge médicale peut être nécessaire pour les enlever.

L'origine des calculs urinaires

Les calculs urinaires sont dus à la cristallisation de sels minéraux et d’acides présents en trop forte concentration dans l’urine. Ce phénomène résulte de plusieurs facteurs :

  • une hydratation insuffisante : les urines sont trop concentrées par manque de consommation d’eau et les sels minéraux cristallisent pour former des calculs urinaires ;
  • une alimentation peu équilibrée, trop riche en sucre et en protéines ;
  • les infections urinaires, surtout lorsqu’elles sont récidivantes ;
  • la prise de certains médicaments ;
  • les maladies génétiques comme la fibrose kystique ou l’hyperoxalurie ;
  • les maladies métaboliques, comme le diabète, sont un facteur de risque de formation de calculs urinaires ;
  • les malformations des voies urinaires, surtout chez les enfants.

Dans un grand nombre de cas, aucune cause ni aucun facteur favorisant n’est retrouvé. Tous les calculs urinaires ne provoquent pas de colique néphrétique. Un grand nombre de lithiases de petite taille sont éliminées par les urines sans que la personne ne s’en rende compte. La colique néphrétique est provoquée par le blocage du calcul dans les voies urinaires.

Les autres causes de coliqué néphrétique 

Les autres causes de colique néphrétique peuvent être :

  • une inflammation de l’uretère, comme une urétérite due à une tuberculose ou à des antécédents d’irradiation ;
  • une tumeur des voies urinaires ;
  • une grossesse avec compression d’un uretère par le volume utérin ;
  • des ganglions volumineux ;
  • une fibrose au niveau des voies urinaires ;
  • une tumeur pelvienne.

Photo d'un calcul rénal composé d'oxalate de calcium

Les autres causes de coliqué néphrétique © Creative Commons

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Colique néphrétique : quels facteurs de risques ?

Les facteurs de risque d’avoir des calculs urinaires  qui provoquent une colique néphrétique sont :

  • les infections urinaires hautes à répétition ;
  • la déshydratation ;
  • une alimentation trop riche en abats et en charcuterie ;
  • des antécédents familiaux de lithiases urinaires ;
  • les malformations anatomiques des reins ;
  • certaines pathologies comme l’hyperparathyroïdie, la goutte, l’obésité, le diabète, la maladie de Crohn, l’insuffisance rénale…
  • la prise de certains médicaments.

Des lithiases urinaires peuvent fréquemment survenir sans aucun de ces facteurs de risque.            

Colique néphrétique : les personnes à risque

Les personnes à risque de colique néphrétiques sont :

  • celles qui ont déjà eu un épisode de colique néphrétique ;
  • les personnes qui ont fait un voyage récent et prolongé, notamment dans un pays chaud ;
  • les personnes qui travaillent en ambiance surchauffée ;
  • les personnes subissant une immobilisation prolongée ;
  • les personnes ayant une activité sportive et une hydratation insuffisante.

La colique néphrétique est-elle contagieuse ? 

La colique néphrétique n’est pas une maladie contagieuse.              

Qui, quand consulter en cas de colique néphrétique ?

En cas de douleurs aiguës et intenses des fosses lombaires, il est nécessaire de consulter son médecin traitant ou de se rendre au service des urgences le plus proche, afin d’être soulagé au plus vite. Une surveillance de quelques heures est nécessaire. Par la suite, un bilan urinaire et une consultation chez un urologue pourront être nécessaire pour éviter les récidives et assurer le suivi.

Quelle est la durée de la colique néphrétique ? 

La colique néphrétique est une urgence médicale, en raison du risque de complications et de l’intensité des douleurs. Si elle est prise en charge rapidement, les douleurs disparaissent en quelques heures. En l’absence de traitement, elle peut se compliquer de pyélonéprhite et d’insuffisance rénale. Le risque de récidive est important.

Les complications de la colique néphrétique

Les principales complications, même si elles restent rares, de la colique néphrétique sont :

  • la pyélonéphrite, qui correspond à une infection du rein : le patient présente alors de la fièvre, une altération de son état général et ses urines son troublées, voire sanglantes ;
  • la septicémie, si la pyélonéphrite n’est pas prise en charge correctement ;
  • l’insuffisance rénale, lorsque les coliques néphrétiques sont récidivantes et/ou mal traitées ;

La gravité de la colique néphrétique est plus importante lorsqu’elle survient chez une femme enceinte ou un sujet ayant une pathologie rénale chronique, ou n’ayant qu’un seul rein. Le signes d’une complication sont la fièvre et l’anurie, ou absence d’émission d’urine.

Colique néphrétique : quels examens et analyses ?

La prise en charge de la colique néphrétique passe, avant toute chose, par le soulagement de la douleur. Des examens complémentaires peuvent être nécessaires, surtout au cours du premier épisode, pour confirmer le diagnostic et pour éliminer une infection urinaire ou une complication comme la pyélonéphrite. Ces examens sont :

  • un examen cytobactériologique des urines (ECBU) : il est systématique, pour éliminer une infection urinaire ;
  • un dosage sanguin de la créatinine permet d'apprécier la fonction rénale globale, et de s’assurer de l’absence d’insuffisance rénale ;
  • une radiographie  de l'abdomen sans préparation peut mettre en évidence certains calculs urinaires radio-opaques ;
  • une échographie rénale et pelvienne est souvent indiquée : elle permet de voir les calculs urinaires qui n’étaient pas visible à la radiographie et de constater la dilatation des voies urinaires. Elle permet donc de confirmer le diagnostic de colique néphrétique. Elle visualise également l’absence abcès au niveau du rein, et élimine une autre cause de douleur (gynécologique par exemple) ;
  • le scanner abdominal et pelvien, et urographie intra-veineuse, sont indiqués dans certains cas, mais ne sont pas systématiques.

Photo : radiographie de vessie laissant apparaître un calcul

Colique néphrétique : quels examens et analyses ?© Creative Commons

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Les traitements de la colique néphrétique

La colique néphrétique est une urgence médicale, du fait de l’intensité des douleurs et du risque de complications rénales. La première étape du traitement est de soulager la douleur, soit par un traitement ambulatoire si la crise est peu sévère, soit dans un service d’urgences si la crise est sévère.

Le traitement médical de la colique néphrétique

Le traitement médical des coliques néphrétiques consiste à injecter des antispasmodiques et des anti-inflammatoires non-stéroïdiens. On peut également avoir recours à la morphine, en cas de douleurs extrêmement violentes, mais toujours en dernier recours en raison de ses effets secondaires.

Il est également nécessaire de limiter les apports en eau à moins de 1 litre par 24 heures, pour éviter d’augmenter la pression urinaire tant que les voies urinaires sont obstruées.

Le traitement chirurgical de la colique néphrétique

Dans 10 à 20 % des cas, une intervention chirurgicale est nécessaire lorsqu’il s’agit d’une colique néphrétique due à un calcul. La chirurgie est indiquée lorsque le calcule est de grande taille et ne peut s'évacuer par les voies urinaires naturelles.

Colique néphrétique : quand appeler le 15 ?

En cas de colique néphrétique, il est nécessaire de composer le 15 si :

  • la crise s'accompagne de fièvre, de frissons et d'un mauvais état général ;
  • il n’ya pas eu démission d’urine depuis 24 heures, en raison du risque d’insuffisance rénale aiguë ;
  • li y a du sang dans les urines ;
  • il y a des vomissements ;
  • il y a des sensations de malaise ;
  • la douleur se modifie ;
  • la crise ne passe pas ou reprend après le premier traitement ;
  • il y a une grossesse en cours ;
  • il y a une insuffisance rénale déjà connue ou des antécédents de maladies  de l'appareil urinaire ;
  • il y a un antécédent de rein unique ou de transplantation rénale.

La surveillance après le traitement de la colique néphrétique

Après le soulagement de la douleur de la colique néphrétique, une surveillance s’impose. En cas de traitement dans un service d’urgences, la surveillance dans le service doit être poursuivie au moins 4 heures. La sortie est possible si :

  • l’absence de douleur est totale ;
  • le créatininémie est normale.

Le patient peut sortir après avoir reçu des explications sur le risque de récidive et avec une ordonnance pour réaliser une échographie rénale et des voies urinaires ou un scanner abdomino-pelvien sans injection, à réaliser dans les 12 à 48 heures.

Les mesures à prendre sont un filtrage des urines avec un filtre à café ou une passoire et boire deux litres d’eau par jour, en l’absence de douleur.

Une consultation de suivi est prévue dans la semaine suivant la crise de colique néphrétique.

Mon conseil de médecin généraliste :

"En cas de fièvre, d’anurie, de récidive douloureuse, de malaise, d’urines rouges ou de vomissements, il est important de consulter en urgence."

Colique néphrétique : quelle prévention ?

La prévention de la colique néphrétique est surtout importante chez les sujets à risque, en particulier ceux qui ont déjà présenté un épisode de colique néphrétique. Les principales mesures de prévention sont :

  • avoir une hydratation régulière et suffisante (1,5 à 2 litres d'eau par jour), pour favoriser l’élimination des calculs par l’urine ;
  • des mesures diététiques adaptées en fonction de la nature du calcul, si elle est connue.

Sites d’informations et associations sur la colique néphrétique 

Des sites d’informations et d’intérêt, ainsi que des forums sur la colique néphrétique sont consultables sur internet. Il s’agit de :

Sources

Colique néphrétique, Ameli.fr, 14 novembre 2019. 

Colique néphrétique, Campus numérique de médecine d'urgence, 22 février 2019. 

Glossaire du site du CHRU de Tours.