Définition : qu’est-ce que l’urticaire ?

L’urticaire est une dermatose inflammatoire de la peau et/ou des muqueuses. Elle se manifeste par l’apparition de papules sur une ou plusieurs partie(s) du corps. Les papules sont des petits boutons rougeâtres et saillants qui ressemblent à des piqûres d’orties (« urtica » signifiant « ortie » en latin). Ces papules provoquent des démangeaisons (prurits) et parfois des œdèmes.

L’urticaire aiguë se caractérise par une ou plusieurs crise(s) brutale(s) sur une durée maximale de 6 semaines.

L’urticaire chronique est un véritable handicap, pouvant durer des années, voire toute la vie. L’enchaînement de plusieurs poussées (quasi quotidiennes) sur une période minimale de 6 semaines est le critère principal de diagnostic.

L’urticaire récidivante observe quant à elle des crises récurrentes, mais espacées dans le temps (toutes les semaines par exemple).

« La crise d’urticaire peut avoir un facteur déclenchant, comme une allergie ou un contact physique. Toutefois, elle est parfois spontanée, et il n’est alors pas possible d’anticiper la survenue d’une crise », explique le Dr. Marc Perrussel, dermatologue.

Chiffres : quelle est la fréquence de l’urticaire ?

« L’urticaire est une affection extrêmement fréquente, touchant 2 personnes sur 10 », précise le spécialiste. L’urticaire chronique est plus marginale, concernant 2 à 5 % de la population française et 1% de la population mondiale. Nous considérons que 60 % des urticaires chroniques persistent jusqu’à et au-delà de 10 ans.  

Quels sont les symptômes de l’urticaire ?

Nous distinguons l’urticaire superficielle de l’urticaire profonde selon certains critères de gravité lésionnelle. Les lésions se répartissent sur une ou plusieurs parties du corps (nous parlons d’urticaire « géant » en cas d’atteinte généralisée à tout le corps).  Nous distinguons :

La crise d’urticaire « superficielle » 

Dans ce cas les papules revêtent des caractéristiques précises :

  • elles sont rouges (érythémateuses) ;
  • elles sont surélevées (œdémateuses) ;
  • elles sont accompagnées de démangeaisons et parfois de brûlures, mais ne sont pas douloureuses ;
  • elles sont fugaces et ne persistent pas plus de 24 h au même endroit ;
  • elles se déplacent ;
  • elles ne laissent pas de cicatrice « les lésions disparaissent complétement sans trace, à moins de se gratter jusqu’au sang ».

La crise d’urticaire « profonde » 

« L’atteinte peut toucher le visage, la gorge et le larynx (elle peut alors s'accompagner d’un angio-œdème ou « œdème de Quincke ») mais aussi les mains, les pieds ou les organes génitaux - c’est le cas par exemple, des réactions allergiques au latex des préservatifs ». Les lésions affectent les couches plus profondes de la peau (derme et hypoderme) :

  • les papules sont plus pâles (rosées) ;
  • les tuméfactions sont fermes et douloureuses, mais ne démangent pas beaucoup ;
  • il y a un gonflement des régions concernées ;
  • la crise est foudroyante, persistant parfois jusqu’à 72 h.

Les symptômes associés à l’urticaire

En cas de crise d'urticaire, d'autres symptômes peuvent survenir :  

  • une fatigue ;
  • une fièvre modérée ;
  • des douleurs articulaires ;
  • des maux de ventre. 

Photo : urticaire géant

Les symptômes associés à l’urticaire© Creative Commons

© CC Urticaire_dos.jpg: Ericalens derivative work: F. Lamiot (talk) — Urticaire_dos.jpg - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

L'œdème de Quincke peut être associé à l’urticaire 

L’urticaire peut affecter le visage et la gorge, dans le contexte d’un œdème de Quincke ou angio-œdème. « Lorsqu’elle a une origine allergique, elle est une réaction anaphylactique (au même titre que le choc anaphylactique).  Elle peut constituer une urgence vitale en cas d’atteinte du larynx, entraînant une impossibilité de parler et de respirer », avertit le praticien. Les symptômes qui doivent alerter sont :

  • une détresse respiratoire ;
  • une contraction involontaire des muscles des bronches (bronchospasmes).

Ils sont souvent accompagnés de troubles digestifs et/ou d’une chute de la tension artérielle allant jusqu’au malaise vagal.

Quelles sont les causes de l’urticaire ?

« Qu’elle soit spontanée, physique ou allergique, le mécanisme de l’urticaire est toujours le même : il s’agit d’une anomalie mastocytaire », indique le docteur Perrussel.

Quel est le mécanisme de l’urticaire ?

La crise d’urticaire est liée à une suractivité de certains globules blancs situés dans la peau et les muqueuses : les mastocytes. Ces cellules immunitaires vont libérer des médiateurs chimiques inflammatoires (histamines, cytokines, prostaglandines…) à l’origine des symptômes cutanés. La suractivité mastocytaire est d’origine exogène (allergène ou non) ou endogène (nous parlons alors d’urticaire spontanée).

Un autre cas de figure, est celui de l’urticaire pigmentaire (ou mastocyte cutané). Elle est liée à la multiplication des mastocytes envahissant les tissus cutanés. Il en résulte une accumulation de médiateurs inflammatoires dans la peau, générant une poussée d’urticaire. Cette affection touche surtout l’enfant. 

Comment expliquer l’urticaire allergique ?

En cas de contact avec l’allergène, des anticorps (appelés immunoglobulines E ou IgE) vont activer les mastocytes, libérant à leur tour l’histamine à l’origine des symptômes. L’allergène en cause peut être :

  • Un médicament : il peut s’agir de n’importe quel type de médicament - ou de complémentation alimentaire - administré par voie orale, parentérale, cutanée, respiratoire, vaginale ou encore rectale.

Toutefois, certains médicaments sont plus susceptibles de déclencher une urticaire : « il s’agit surtout des antibiotiques (notamment les pénicillines) et des anti-inflammatoires (tels que l’aspirine ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens contenant de la codéine) ».

D’autres médicaments peuvent être en cause : les analgésiques (le paracétamol ou l’antipyrine et ses dérivés), les médicaments histamorégulateurs (la codéine, la morphine, les bêtabloquants…), les anticoagulants, les traitements hormonaux (tels que l’insuline ou l’ATCH), les enzymes de synthèse, les produits de contraste iodés (qui sont utilisés en imagerie médicale), la sérothérapie ( par exemple le sérum de cheval), les traitements à base de métaux (tels que le stérilet au cuivre).

  • Un aliment : c’est le cas des aliments qui augmentent la libération d’histamine (notamment parce qu’ils contiennent de la tyramine) ou de ceux qui contiennent directement ce médiateur.

Parmi les aliments en cause, nous retrouvons fréquemment : les fraises, les fromages, les poissons et crustacés, les œufs, le chocolat, les fruits exotiques, les aliments et boissons fermentés, l’alcool, la tomate ; la cacahuète

  • Un additif alimentaire : certains colorants, conservateurs, émulsifiants et arômes artificiels…
  • Les allergènes inspirés (ou pneumallergènes) : tels que les pollens, les poils d’animaux domestiques, la poussière…
  • Les allergènes de contact : l’urticaire apparaît immédiatement après l’application du produit sur la peau. Il peut s’agir : de cosmétiques, de textiles, d’aliments, de médicaments sous forme de crème…

Comment sont provoquées les urticaires non-allergènes ?

Il s’agit d’une réaction cutanée provoquée par un facteur exogène, tel que :

  • Un frottement : le dermographisme est une particularité de certains individus qui « ont une peau qui marque ». Un frottement sur la peau laisse une trace rouge en relief. Cette marque disparaît en quelques minutes. Cette particularité bénigne atteindrait une personne sur cinq. Toutefois, elle devient une forme d’urticaire pathologique lorsqu’elle persiste plus longtemps et s’accompagne de démangeaisons.
  • Une pression : l’urticaire se déclenche entre 4 et 10 h après une pression intense de la peau (on parle d’« urticaire à pression retardée »). Démangeaisons, douleurs, fièvre et fatigue sont au rendez-vous.
  • Des vibrations : on parle d’« urticaire vibratoire». L’angio-œdème vibratoire peut, par exemple, atteindre le larynx en cas de ronflements au cours du sommeil. Le pronostic vital est alors engagé.
  • Une émotion forte ou une activité physique intense : « Nous parlons d’ ‘urticaire cholinergique’ (car elle est provoquée par une activation de « l’acétylcholine »). Elle se déclenche après un effort physique intense, ou en cas de vive émotion provoquant des sueurs ou une augmentation de la température corporelle » indique le médecin . Des papules et/ou démangeaisons apparaissent sur le haut du corps (torse et membres supérieurs) pour disparaitre en moins d’une heure.
  • Le froid : le contact avec un élément froid provoque des rougeurs accompagnées de démangeaisons. Ces dernières disparaissent en moins d’une heure. L’élément déclenchant peut-être de l’eau froide (lors d’une baignade par exemple) ou un aliment très froid (par exemple, la consommation d’une glace peut provoquer cette réaction dans la bouche). L’urticaire au froid peut être associée ou secondaire à une autre pathologie (polyarthrite rhumatoïde, phénomène de Raynaud…).
  • L’eau : ce phénomène est plus rare.
  • Le soleil : l’urticaire est déclenchée par les ultra-violets.
  • Un agent infectieux : « dans certains cas rares, les urticaires sont symptomatiques de maladies virales, bactériennes, parasitaires ou fongiques (c’est le cas des hépatites virales, des mononucléoses, de la rougeole, des parasitoses...) ».

Qu’est-ce que l’urticaire spontanée ?

« Lorsque les crises se déclenchent sans facteur identifié, nous parlons d’urticaire chronique spontanée (UCS). La cause de cette forme d’urticaire est endogène mais reste inconnue ». Certaines pistes orientent toutefois vers des facteurs psychologiques (comme le stress).

Quels sont les facteurs de risque de l’urticaire ?

Les principaux facteurs de risque de l’urticaire sont :

  • l’hérédité : l’urticaire est une dermatite atopique, c'est-à-dire qu’il existe une susceptibilité héréditaire à développer la maladie ;
  • des antécédents d’urticaire ou d’autres allergies : dans ce cas l’exposition à l’allergène est un facteur de risque (il peut s’agir d’un aliment, d’un médicament, d’un pneumallergène…). Il en va de même du facteur déclenchant d’une urticaire physique (un frottement, une pression…) ;
  • le stress chronique, selon certaines hypothèses scientifiques qui restent à valider.
  • des changements ou des dérèglements hormonaux peuvent favoriser la survenue de l’urticaire chez les personnes prédisposées (en cas de syndrome prémenstruel ou d’hyperthyroïdie notamment) ;
  • certaines maladies infectieuses, systémiques ou auto-immunes (hépatite virale, lupus érythémateux disséminé…).

Quelles sont les personnes à risque d’urticaire ?

Les personnes à risque d’urticaire sont :

  • les personnes ayant un proche parent atteint ;
  • les personnes ayant des antécédents d’urticaire ou d’allergie ;
  • les personnes stressées ou anxieuses ;
  • les femmes enceintes : la grossesse est une période propice au développement ou à l’aggravation des dermatoses. Il existe un risque d’urticaire au cours de la grossesse dans trois principaux cas de figure : l’herpès gestationis, le prurigot de la grossesse ou le Pruritic Urticarial Papules and Plaques of Pregnancy (PUPPP) ;
  • les personnes porteuses d’une maladie infectieuse, auto-immune ou systémique ;
  • les personnes en proie à des dérèglements ou changements hormonaux.

Quelle est la durée de l’urticaire ?

La crise d’urticaire aiguë est généralement brève ne durant parfois que quelques heures/jours. Par exemple, l’angio-œdème (œdème de Quincke) ne dure jamais plus de 72 h. L’urticaire aiguë peut toutefois s’étaler jusqu’à 6 semaines si les poussées s’enchaînent.

L’urticaire chronique se caractérise, quant à lui, par la répétition de crises excédant 6 semaines.

L’urticaire récidivante s’observe en cas de crises récurrentes sur des mois/années, voire toute la vie.

Contagion : l’urticaire est-elle contagieuse ?

L’urticaire n’est pas une maladie contagieuse.

L’urticaire : qui, quand consulter ?

En cas de poussée d’urticaire légère et de courte durée, une consultation médicale n’est pas indispensable . « Toutefois si les symptômes persistent, ou si l’urticaire est plus sévère, il est nécessaire de consulter son médecin traitant dans les jours qui suivent. Enfin, si la crise est aiguë et en cas de symptômes évoquant un œdème de Quincke (gonflement de parties du visage et/ou difficulté à respirer), il est recommandé de se rendre au service des urgences », souligne le spécialiste.

Quelles sont les complications de l’urticaire ?

Il existe trois complications possibles de l’urticaire :

  • l’urticaire systémique: cette forme d’urticaire est une complication de l’urticaire simple. Les lésions deviennent fixes, s’éternisant au même endroit. Elles risquent alors de provoquer des cicatrices.
  • Le coma, voire la mort en cas d’œdème de Quincke ou de choc anaphylactique dans le cadre d’une allergie.
  • Une dépression liée à la détérioration de la qualité de vie, en cas d’urticaire chronique invalidante : « L’urticaire gâche réellement la vie de certains patients ».

Quels sont les examens et analyses de l’urticaire ?

Un simple examen clinique permet de confirmer le diagnostic de l’urticaire. Des examens plus approfondis sont ensuite nécessaires pour en déterminer la cause :

  • En cas d’urticaire aiguë : « si l’urticaire est physique, un simple test physique confirmera le diagnostic. Toutefois, en cas de suspicion d’allergie, il convient d’effectuer un bilan allergologique par la réalisation de tests cutanés et d’un bilan sanguin par dosage d’IgE dans le sang ».
  • En cas d’urticaire chronique : « il est inutile de rechercher la cause de cette urticaire », affirme-t-il. Toutefois, s’il s’associe à d’autres symptômes et/ou s’il résiste malgré le traitement antihistaminique, il est judicieux d’effectuer un bilan sanguin afin de rechercher une autre pathologie associée.

Quels sont les traitements de l’urticaire ?

Le traitement de première intention

Les antihistaminiques anti-H1 sont le traitement de première intention de l’urticaire. Ils agissent au niveau des récepteurs H1 de l’histamine : Atarax®, Clarityne®,Piriton®, Zyrtec®, Phénergan®, Benadryl®, Théralène®… En cas de résistance des symptômes, il sera administré un autre antihistaminique. Il est aussi possible d’augmenter plus fortement les doses.

Dans le cas de l’urticaire chronique, le traitement par antihistaminique est prescrit en monothérapie, pendant une durée de 3 mois.

Les traitements de seconde intention

En cas d’échec des anti-H1 dans la cadre de l’urticaire chronique, d’autres traitements sont proposés :

  • les corticoïdes : notamment en cas de poussées aiguë. Toutefois, ces médicaments ne doivent pas être pris sur le long terme au risque d’une dépendance et d’une aggravation des crises ;
  • les antileucotriènes (montelukast) ;
  • certaines antibiotiques (la dapstone ou Disulone®) ;
  • les anti-inflammatoires non-stéroïdiens AINS ;
  • la colchicine opacalcium (qui a une action anti-inflammatoire) ;
  • les immunoglobines par voie intraveineuse ;
  • les immunosuppresseurs (tels que la ciclosporine).

Comment prévenir l’urticaire ?

Afin de prévenir les poussées d’urticaire, il est impératif d’éviter totalement les facteurs à l’origine d’une première poussée, que ce soit un allergène (médicament, aliment, pneumallergène) ou un autre facteur (contact physique, eau froide, activité physique intense…).

Le conseil du Dr Perrussel, dermatologue et vénérologue

« S’il est impossible de prévenir l’urticaire chronique, il faut toutefois supprimer les facteurs aggravants tels que les médicaments (aspirine, AINS, morphiniques, IEC) et certains aliments (œufs, poissons/crustacés, boissons/aliments fermentés…). En outre, l’éviction du stress ainsi qu’une bonne hygiène de vie sont toujours un avantage. »

Urticaire : sites d'informations et associations

Sources

Entretien avec le Docteur Marc Perussel.

« L’urticaire », INSERM  

« L’urticaire chronique spontanée », une maladie imprévisible, Dr. JP Riviere, Vidal

Panorama des urticaires, Sanura Saad and al., allergo.lyon.inserm.fr 

Hypersensibilité et allergie cutanéo-muqueuses chez l’adulte et l’enfant, allergo.lyon.inserm.fr