10 choses à savoir sur la chimiothérapiechimiotherapie douleur
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La chimiothérapie, ça fait mal ?

« L’administration de la chimiothérapie n’est, en elle-même, pas douloureuse », assure le Dr Youssef Tazi. « En revanche, certaines chimiothérapies peuvent provoquer une toxicité sur les terminaisons nerveuses et être ainsi à l’origine de symptômes comme des fourmillements, une altération de la sensibilité, voire des douleurs. De même, le patient peut ressentir en cours de traitement, des douleurs dans les articulations et les muscles ou des courbatures qui ressemblent à un syndrome grippal. »

Comment éviter d’avoir mal ? Il faut en parler avec son médecin. Il peut prescrire des antidouleurs et adapter les traitements si nécessaire.

L’objectif de la chimiothérapie et les différents types de traitement
L’objectif de la chimiothérapie est d’inhiber la multiplication des cellules cancéreuses en utilisant des médicaments cytotoxiques (qui provoquent la mort des cellules). Certains médicaments ne sont pas cytotoxiques mais ils ont une action sur les facteurs qui favorisent la croissance des cellules cancéreuses. Les principaux types de traitement sont définis en fonction de leurs objectifs. Ils sont au nombre de quatre :

  • Chimiothérapie dans un but curatif
  • Chimiothérapie adjuvante ou néo-adjuvante (administrée en plus d’une chirurgie ou radiothérapie).
  • Chimiothérapie palliative
  • Chimiothérapie expérimentale ou compassionnelle

Les médicaments utilisés en chimiothérapie sont souvent classés par familles selon l’action qu’ils vont avoir sur la cellule cancéreuse. On distingue :

  • Les médicaments qui vont interférer dans la synthèse des acides nucléiques
  • Les médicaments qui bloquent la division cellulaire
  • Les médicaments qui inhibent la division cellulaire
  • Les médicaments qui inhibent la formation des nouveaux vaisseaux sanguins de la tumeur
  • Les médicaments qui vont accélérer ou provoquer l’apoptose (mort cellulaire programmée)
  • Les médicaments qui vont stimuler la réponse immunitaire

Ces médicaments peuvent être administrés seuls ou en association avec d’autres médicaments on parlera alors de « protocole de chimiothérapie » ou de polychimiothérapie.

Les vomissements sont-ils systématiques ?

Pas forcément. « Certaines chimiothérapies provoquent plus de nausées que d'autres, notamment celles utilisées contre le cancer du sein. De plus, l'effet de la chimiothérapie varie d'une personne à l'autre » explique le Dr Youssef Tazi.

Peut-on éviter les vomissements ? « Nous avons des traitements qui limitent les vomissements et les nausées » indique notre interlocuteur.

A savoir : Même si la chimiothérapie peut altérer les goûts et diminuer ainsi l'appétit, il est important de continuer à manger de façon équilibré pour ne pas perdre de poids. Choisissez des aliments que vous aimez et variez les plaisirs.

Perd-t-on forcément ses cheveux ?

Non, pas forcément, tout dépend du produit administré. « Certaines chimiothérapies utilisées dans le cancer du sein par exemple, font systématiquement tomber les cheveux, d'autres ne provoquent pas de chutes ou une chute limitée » remarque le Dr Youssef Tazi. Dans tous les cas, la perte des cheveux est pratiquement toujours réversible.

Peut-on limiter la perte des cheveux ?

Dans les cas où l'alopécie est limitée, les casques réfrigérants peuvent être utiles en limitant, par vasoconstriction, la pénétration des produits dans le bulbe où se forme le cheveu. En revanche, lorsque la chimiothérapie est connue pour entraîner systématiquement la perte des cheveux, il n'y a pas vraiment de traitement. Mieux vaut prévenir les patientes pour éventuellement, en attendant la repousse, envisager le port d'une perruque ou d'un turban.

Comment est-ce administré ?

La chimiothérapie peut être administrée par voir orale (ce qui se fait beaucoup) ou par perfusion. « Tout dépend du type de cancer, du stade, de la molécule prescrite et, quand un choix est possible, des souhaits du patient », explique le Dr Youssef Tazi.

- Par la bouche : Les médicaments sont administrés sous forme de cachets. Pas besoin d’être à jeun avant de les prendre.

- En perfusion : Elle est le plus souvent posée dans une veine du bras, au même endroit que pour une prise de sang. Si les veines sont fragiles, on peut changer de côté. Les équipes soignantes peuvent également décider de poser un cathéter (petit tuyau mis dans la veine pendant la durée du protocole et dont l'extrémité débouche à la surface de la peau et peut être équipée d'un petit robinet permettant de brancher la perfusion). Cela évite de repiquer le patient à chaque séance de chimiothérapie. Les chimiothérapies par perfusion se déroulent à l’hôpital et peuvent durer plusieurs minutes à plusieurs heures. Le patient est conscient et n’a pas besoin d’être à jeun.

A l'hôpital ou à la maison ?

Tout dépend du traitement à mettre en œuvre. En général, les traitements par voie orale sont pris en charge à la maison avec un suivi régulier en consultation. Ceux par perfusion se déroulent à l'hôpital. « Mais il existe par exemple, dans le cancer du côlon, un protocole de chimiothérapie nécessitant l'administration du produit en continu, en intraveineuse, pendant 48 heures. Dans ce cas, on pose la perfusion au patient, à l'hôpital, puis il repart chez lui avec une cassette contenant la dose de médicament et une infirmière passe au domicile pour voir si tout se passe bien », note le Dr Youssef Tazi.

A savoir : Quand les séances de chimiothérapie se déroulent à l’hôpital, elles ne nécessitent généralement pas d'hospitalisation et ont lieu en ambulatoire, une fois par semaine ou toutes les deux ou trois semaines. La durée est variable, de quelques semaines à plusieurs mois en fonction des situations. « La séance peut durer quelques minutes à plusieurs heures, ensuite le patient repart chez lui », précise notre interlocuteur.

Quels effets sur la peau ?

« On observe généralement une sécheresse cutanée en cours de chimiothérapie », prévient le Dr Youssef Tazi. « Mais tout dépend du traitement administré. Certaines thérapies ciblées présentent également des toxicités particulières et peuvent provoquer par exemple une éruption cutanée qui s’apparente à de l'acné. »

Comment protéger sa peau ? Pensez à bien nourrir votre peau avec des crèmes et des masques hydratants. « Comme pour tous les autres effets secondaires, le dialogue patient-médecin est très important. Le médecin prévient son patient des effets du traitement, propose des solutions et le patient ne doit pas hésiter à contacter son oncologue ou l'équipe en cas de soucis », conseille le Dr Tazi.

A savoir : Il est conseillé d’éviter le soleil pendant une chimiothérapie.

La chimiothérapie fatigue-t-elle beaucoup ?

« La fatigue peut s'installer au cours d'une chimiothérapie, s'accumuler au fil des séances et des effets secondaires. Mais elle constitue rarement une contre-indication absolue à la poursuite d'une activité physique ou professionnelle. C'est pourquoi le patient peut continuer à travailler si cela l’aide à traverser l’épreuve de la maladie. En tout cas, nous essayons de nous adapter à la volonté de chacun », répond le Dr Tazi. De votre côté, écoutez-vous !

Est-on plus fragile face aux infections ?

« Oui, la plupart des chimiothérapies provoquent une baisse des globules blancs, qui sont nos moyens de défense, ce qui rend plus sensible aux infections », explique le Dr Youssef Tazi. « C'est d'ailleurs pourquoi nous prévoyons un laps de temps minimum entre deux séances avec souvent une vérification des globules », ajoute-t-il.

Comment éviter les infections ? La plupart du temps vous pouvez continuer à mener une vie normale, mais évitez le contact avec des personnes infectées et consultez en cas de fièvre.

Quels effets sur les muqueuses ?

La chimiothérapie a des conséquences sur les muqueuses. Celles de la bouche avec la formation possible d’aphtes. Celles de l’appareil digestif avec la manifestation de diarrhées par exemple.

Pourquoi ? « La chimiothérapie empêche les cellules de se multiplier, c'est ce qui permet de soigner le cancer puisque les cellules tumorales se reproduisent très vite. Mais le produit est toxique sur les autres cellules du corps à renouvellement rapide, comme celles des muqueuses », répond le Dr Tazi.

Comment protéger les muqueuses ? « Nous avons de nombreux moyens pour prévenir ces effets secondaires et les traiter s’ils surviennent. Il faut donc en parler avec l'équipe soignante » recommande le spécialiste.

A savoir : Si vous souffrez de diarrhées, n’hésitez pas à appeler votre médecin cancérologue et/ou médecin généraliste, surtout si elles persistent (risque de déshydratation).

Qu'appelle-t-on le syndrome « main-pied » ?

« Certains traitements de chimiothérapie provoquent des rougeurs au niveau de la plante des pieds et des mains, pouvant même aller dans les cas les plus graves à la formation de cloques et à un décollement de la peau » indique le Dr Youssef Tazi.

Comment éviter le syndrome main-pied ? La prévention est importante. Concrètement, hydratez bien la peau, appliquez une crème émolliente dès l'apparition des premiers symptômes, évitez les sources de chaleur (bain chaud, port de gants ou de chaussettes serrées). Au moindre souci, parlez- en avec votre médecin.

A savoir : Le cancérologue peut parfois interrompre ou réduire les doses de chimiothérapie si les effets secondaires deviennent handicapants.

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