Définition

La gorge est constituée de l’arrière de la cavité buccale, jusqu’au larynx, véritable carrefour entre les voies digestives et les voies aériennes.

Les cancers de la gorge peuvent se localiser à différents niveaux :

  • au niveau de l’hypo-pharynx : partie la plus basse de la gorge, juste au-dessus de l’œsophage et de la trachée ;
  • au niveau de la glotte : proche des cordes vocales ;
  • au niveau de l’épiglotte ; située en arrière du pharynx, au-dessus des cordes vocales ;
  • au niveau du larynx : sous les cordes vocales.

Le premier stade de cancer de la gorge est un carcinome in situ, c’est-à-dire qu’il ne s’est pas étendu. À ce stade, les taux de guérison sont bons. Lorsqu’il évolue, ce carcinome superficiel se transforme en carcinome épidermoïde, invasif, qui peut s’étendre et devenir métastatique.

Chiffres

En France, on recense chaque année, environ 16 000 nouveaux cas de cancer de la gorge, toutes localisations confondues. Les hommes sont plus souvent touchés que les femmes même si cette proportion tend à s’inverser du fait de la consommation de tabac et d’alcool augmentant chez les femmes, au cours de ces dernières décennies. En effet, les principaux facteurs de risque du cancer de la gorge, sont le tabagisme chronique et l’alcoolisme.

Le nombre de cancer de la gorge explose-t-il vraiment ?

La réponse du docteur Béguier, radiothérapeute :

"Il n’y a pas de forte explosion de l’incidence des cancers, mais leur nombre augmente du fait que les malades vivent plus longtemps, en raison des progrès thérapeutiques. Concernant le cancer de la gorge, l’incidence augmente surtout chez les femmes, dont le tabagisme a augmenté au cours de ces dernières décennies, même si le tabagisme global est actuellement en diminution."

Symptômes

En cas de carcinome in situ, il n’existe pas de symptômes. Si elle est assez haut situé, la lésion peut être visible lors d’un examen à l’abaisse-langue. Lorsqu’il est plus évolué, le cancer de la gorge peut provoquer les symptômes suivants :

  • changements de la voix, enrouement, voix rauque ;
  • présence d’adénopathies loco-régionales persistantes (affection des ganglions lymphatiques) ;
  • mal de gorge chronique ;
  • déglutition douloureuse ou difficile, avec fausses routes récidivantes ;
  • douleur au niveau de l’oreille ;
  • difficultés respiratoires ;
  • toux sèches qui peuvent être accompagnées de saignements ;
  • perte de poids inexpliquée ;
  • infections ORL à répétition.

Ces symptômes ne sont pas synonymes de lésion cancéreuse, mais chez le sujet présentant des facteurs de risque, ils doivent inquiéter.

Causes

Il n’existe pas de cause héréditaire, ni génétique connue au développement d’un cancer de la gorge. Les principales raisons qui favorisent le cancer de la gorge sont l’abus de tabac et d’alcool.

Le papillomavirus humain (HPV), à l’origine du cancer du col de l’utérus, aurait aussi un rôle dans le développement de certains cancers pharyngo-laryngés.

Photo : HPV au microscope

Causes© Creative Commons

Crédit : Author: Unknown photographer/artist Source: Laboratory of Tumor Virus Biology — NIH-Visuals Online# AV-8610-3067 © CC - Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Papilloma_Virus_(HPV)_EM.jpg

Facteurs de risques

Les principaux facteurs de risque de développer un cancer de la gorge sont des facteurs externes modifiables. Il s’agit :

  • Du tabagisme : il est le principal facteur de risque, potentialisé par la consommation excessive d’alcool.
  • De l’alcoolisme chronique.
  • De l’infection par le virus du papillome humain (VPH) : contracté lors de rapports sexuels oraux.
  • De l’exposition prolongée à l’amiante ou autres produits chimiques.
  • D'une mauvaise hygiène alimentaire.
  • D'une mauvaise hygiène dentaire.
  • D'un reflux gastro-oesophagien chronique, non traité, par irritation permanente des muqueuses.

Vous avez plus de 10 partenaires sexuels

À travers une récente étude, des chercheurs ont constaté que les personnes qui ont plus de 10 partenaires sexuels seraient associés à une probabilité plus de 4 fois supérieur de souffrir d'un cancer oro-pharyngé lié à la HPV. L'étude démontre également que pratiquer le sexe oral dès le plus jeune âge augmente les risques de cancers de la bouche et de la gorge liés à la HPV.

Ce n'est pas la première étude qui prouve que le sexe oral est un facteur de risque de cancer oro-pharyngé.

Le sexe oral serait le principal facteur de risque

Selon Hisham Mehanna, professeur à l’Institut du cancer et des sciences génomiques de Birmingham et interrogé par The Conversation, à ce jour, la principale cause du cancer de la gorge serait le sexe oral. En cause : le virus du papillomavirus humain (HPV), qui est également la principale cause de cancer du col de l'utérus, transmis via cette pratique sexuelle.

Notamment contracté lors de rapports sexuels oraux (fellation, cunnilingus), "pour le cancer de l'oropharynx (un type spécifique de cancer de la gorge), le principal facteur de risque est le nombre de partenaires sexuels au cours de la vie", indique le professeur. "Ceux qui ont eu 6 partenaires sexuels oraux, ou plus, au cours de leur vie sont 8,5 fois plus susceptibles de développer un cancer de l'oropharynx que ceux qui ne pratiquent pas le sexe oral."

Personnes à risque

Les personnes à risque de développer un cancer de la gorge sont :

  • les fumeurs ;
  • les alcooliques ;
  • les hommes de plus de 50 ans ;
  • les personnes exposées aux produits chimiques.

Il faut savoir que chacun de ces risques peut potentialiser les autres lorsqu’ils sont cumulés. Un homme de 50 ans, alcoolo-tabagique, qui se plaint d’une gêne pharyngée doit bénéficier d’explorations urgentes.

Qui, quand consulter ?

Lorsqu’une gêne pharyngée apparaît, notamment chez le fumeur, il est nécessaire de consulter son médecin généraliste qui va procéder à un examen clinique complet. Il va examiner la gorge lors d’un examen à l’abaisse langue, rechercher des adénopathies et évaluer l’état général du sujet. Au moindre doute, il adressera le patient à un Oto-Rhino Laryngologiste, ORL, qui, au cours d’une endoscopie, va explorer la gorge jusqu’au larynx et effectuer éventuellement des biopsies.

Si le diagnostic de cancer est confirmé, le patient sera adressé dans un service de cancérologie.

Durée

Plutôt que de durée on parlera de pronostic (cf plus bas).

Contagion

Le cancer de la gorge n'est pas contagieux.

Examens et analyses

Les examens complémentaires ont pour objectif de confirmer le diagnostic de cancer de la gorge, d’évaluer son stade et son extension, et de connaitre l’état général du sujet, dans le but de proposer un traitement optimal à la fois dans son efficacité et sa tolérance.

Ces examens sont :

  • l’endoscopie : l’oto-rhino-laryngologiste introduit un tube souple muni d’une caméra par le nez ou par la bouche du patient, sous anesthésie générale. Il peut ainsi visualiser l’ensemble du rhinopharynx et une éventuelle tumeur. Il réalise alors des biopsies de celles-ci, dont les fragments prélevés vont être envoyés dans un laboratoire d’anatomo-pathologie pour en déterminer le caractère cancéreux ou non.
  • Un bilan biologique complet pour évaluer l’état général du sujet et sa capacité à supporter des traitements lourds.
  • Un scanner et/ou une IRM thoraco-abdominale à la recherche de métastases à distance.
  • Un bilan nutritionnel.

Traitements

Le traitement du cancer de la gorge peut utiliser plusieurs techniques. Le choix du traitement dépend de la taille de la tumeur, de son stade, de son extension, de l’âge et de l’état général du patient.

Le choix du traitement a lieu au cours de réunions de concertations pluridisciplinaires réunissant un chirurgien ORL, un cancérologue, un radiothérapeute et tout autre professionnel de santé dont l’expertise pourrait apporter un bénéfice au patient.

Le traitement est ensuite discuté avec le sujet.

Cancer de la gorge : dans quels cas doit-il être opéré ?

Comme pour de nombreux autres cancers, la chirurgie reste le traitement de choix dans le but d’être curatif (soigner).

Plusieurs techniques chirurgicales existent et sont choisi en fonction de la localisation du cancer et de son extension. Ces différentes techniques sont :

  • La chirurgie endoscopique : elle consiste en l’ablation des cellules cancéreuses lorsque le cancer est non invasif. L’oto-rhino-laryngologiste peut utiliser un laser pour détruire la tumeur. Cette intervention est légère et quasiment sans effets secondaires.
  • La laryngectomie partielle : cette opération consiste à enlever une partie seulement du larynx, lorsque la localisation de la tumeur le permet. Cette technique peut affecter la parole et la respiration. Une chirurgie reconstructrice peut être nécessaire dans un second temps.
  • La cordectomie consiste à enlever une partie des cordes vocales, lorsque la tumeur se situe sur l’une d’elle. Cette technique chirurgicale peut affecter la phonation et nécessiter une rééducation orthophonique ensuite.
  • La pharyngectomie consiste à retirer une partie du pharynx atteinte par la tumeur. Elle peut être suivie d’une chirurgie reconstructrice secondairement, pour restaurer la déglutition.
  • La laryngectomie totale : cette technique est utilisée en cas de cancer invasif. C’est une chirurgie très lourde qui oblige le sujet à porter une trachéotomie définitive pour respirer. La rééducation de la parole en cas de trachéotomie est possible, mais nécessite une longue rééducation orthophonique.
  • Le curage ganglionnaire (ablation): celui-ci a presque toujours lieu, conjointement à la chirurgie pour s’assurer de l’absence de dissémination du cancer.

Pourquoi la radiothérapie est-elle très utilisée contre le cancer de la gorge ?

La radiothérapie est une technique très utilisée dans le traitement des cancers de la gorge, car ces tumeurs sont généralement très radiosensibles. Elle peut être employée seule ou en complément de la chirurgie pour limiter le risque de récidive ou réduire au préalable la taille de la tumeur. Un bilan et des soins dentaires sont nécessaires avant la radiothérapie, car elle peut être délétère pour les dents et les gencives. Attention elle entraîne des effets secondaires :

  • une sécheresse cutanée, ressemblant à une brûlure du premier degré ;
  • des lésions des muqueuses pharyngo-laryngées impactant la déglutition et l'élocution ;
  • une perte du goût ;
  • un enrouement de la voix.

Ces effets ne sont pas définitifs et peuvent disparaître à l’arrêt du traitement.

Dans quels cas la chimiothérapie est-elle utile contre le cancer de la gorge ?

La chimiothérapie peut être combinée à la radiothérapie et à la chirurgie pour potentialiser leurs effets. Elle est administrée sous forme d’injections intraveineuses de médicaments cytotoxiques, par cures espacées. Elle peut être employée avant la chirurgie, pour réduire la taille de la tumeur et la rendre plus accessible ou après la chirurgie, pour limiter le risque de récidive.

Les effets secondaires de la chimiothérapie sont importants : nausées, vomissements, grande fatigue, perte des cheveux, infections à répétition…

Y a-t-il des thérapies ciblées efficaces contre le cancer de la gorge ?

Les thérapies ciblées sont de nouvelles molécules qui vont empêcher la croissance des cellules cancéreuses. Pour le cancer de la gorge, le cétuximab est déjà employé et donne des résultats très prometteurs, avec des effets secondaires beaucoup moins importants que la chimiothérapie. Ces médicaments peuvent aussi être associés à la chimiothérapie et à la radiothérapie.

Une combinaison d'immunothérapies à l'essai

Un essai clinique majeur de phase III suggère qu'une combinaison d'immunothérapies pourrait être meilleure qu'une chimiothérapie, comme traitement de première intention pour certains patients atteints d'un cancer de la tête ou du cou (dont fait partie le cancer de la gorge). Cette thérapie ciblée s'adresse plus spécifiquement aux patients en rechute ou dont le cancer s'est métastasé.

Ce traitement, étudié par The Institute of Cancer Research, combine les immunothérapies nivolumab et ipilimumab. D'après les scientifiques, il a aidé certains patients atteints d'un cancer avancé de la tête et du cou à vivre plus longtemps, par rapport au traitement standard « extrême », qui consiste en un cocktail agressif de deux médicaments de chimiothérapie et d'un traitement ciblé par anticorps.

Bien que ce bénéfice en termes de survie ne soit pas considéré comme significatif sur le plan statistique, ceux qui ont reçu les traitements d'immunothérapie ont subi moins d'effets secondaires. Cela démontre le potentiel d'amélioration de la qualité de vie des patients d'un tel traitement.

Quelle rééducation et suivi après un cancer de la gorge ?

La rééducation orthophonique est un élément fondamental du suivi des patients opérés d’un cancer de la gorge. En effet, la déglutition et la parole doivent être rééduquées rapidement.

Le traitement de la douleur fait également partie de la prise en charge, ainsi que le suivi psychologique, car la chirurgie d’un cancer de la gorge peut parfois être délabrante.

L’intervention d’une assistante sociale peut aussi être utile, dans certains cas.

Le suivi nécessite également un bilan nutritionnel et des soins bucco-dentaires réguliers.

La surveillance des récidives doit avoir lieu pendant plusieurs années. Elle nécessite une consultation et un bilan biologique tous les 3 mois au début, puis tous les 6 mois et enfin tous les ans. Un scanner thoraco-abdominal peut être nécessaire pour surveiller l’absence de métastases.

La prise en charge des addictions

L’efficacité du traitement d’un cancer de la gorge n’est garantie qu’en cas de prise en charge des facteurs de risque, que sont le tabac et l’alcool. Le risque de récidive est très augmenté lorsque le patient poursuit sa consommation de tabac et/ou d’alcool. Un suivi dans un centre de tabacologie et d’alcoologie doit être organisé, si possible avant la mise en route du traitement.

La prise en charge dans un centre d'addictologie est-elle obligatoire ?

Mon conseil de médecin généraliste :

"Pour donner toutes ses chances de guérison à un patient atteint d’un cancer de la gorge, la première étape est de le sevrer de ses addictions. En l’absence de sevrage, l’efficacité du traitement sera moindre. La prise en charge spécialisée en addictologie est souvent nécessaire mais elle garantit une efficacité optimale du traitement".

Pronostic

Comme pour tous les cancers, le pronostic dépend de la précocité du diagnostic. Un cancer dépisté au stade de carcinome in situ a un taux de survie supérieur à 80%, à 5 ans. Si le cancer est plus invasif, le taux de survie à 5 ans est de 42% et de 30% environ lorsque le cancer est diagnostiqué au stade métastatique.

Le cancer des cordes vocales, lorsqu’il n’est pas étendu à a un bon pronostic puisque sa survie à 5 ans est d’environ 90%.

Prévention

Les mesures préventives du cancer de la gorge visent surtout à lutter contre les facteurs de risque. Il s’agit :

  • du sevrage tabagique ;
  • du sevrage alcoolique ;
  • d’une bonne hygiène alimentaire ;
  • d’une bonne hygiène bucco-dentaire.

D’une manière générale, les bonnes habitudes d’hygiène de vie protègent contre le cancer.

Sites d’informations et associations

Des sites sur les cancers de la gorge sont consultables sur internet. Il s’agit :

Sources

https://www.ameli.fr/loire-atlantique/assure/sante/themes/cancer-voies-aerodigestives/symptomes-diagnostic

https://www.cancer-environnement.fr/267-Tabac.ce.aspx

https://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/cancer-type/laryngeal/prognosis-and-survival/?region=qc  

https://www.icr.ac.uk/news-archive/immunotherapy-combination-could-be-alternative-to-extreme-chemotherapy-in-some-head-and-neck-cancers

https://theconversation.com/oral-sex-is-now-the-leading-risk-factor-for-throat-cancer-204063