Cancer de la bouche : 6 habitudes qui augmentent votre risque©FotoliaFotolia
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Qu’est-ce qu’un cancer de la bouche ?

Un cancer de la bouche est, dans 90% des cas, "un carcinome épidermoïde de la muqueuse (ce qui est rose à l’intérieur de la cavité buccale)", nous apprend le Pr Chloé Bertolus, chirurgienne au service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière. Dans 10% des cas, il s’agit de cancers dits rares : cancers des glandes salivaires (petites glandes qui lubrifient la bouche, situées sous la muqueuse) et sarcomes (cancers des tissus conjonctifs des os et des muscles).

Quelles parties sont touchées ? "Un cancer de la bouche peut affecter toutes les parties qui la constituent (langue mobile, palais, mâchoire, gencive)", décrit la chirurgienne.
Dans un tiers à un quart des cas, le cancer de la bouche touche la langue mobile.

Des prothèses dentaires mal ajustées

Des prothèses dentaires mal ajustées pourraient jouer un rôle dans le développement de cancers de la bouche.

Pourquoi ? "Les prothèses mal ajustées occasionnent des plaies dans la bouche. Et si ces plaies sont chroniques, il peut alors y avoir prolifération de cellules conduisant au développement d’un cancer", explique le professeur Bertolus. "On peut donc imaginer que les prothèses mal ajustées constituent un facteur de risque de cancer mais, à l’heure actuelle, aucun lien n’a été scientifiquement démontré."

Des soins dentaires insuffisants

Des soins dentaires insuffisants et un mauvais état de la bouche pourrait être impliqués dans les cancers de la bouche.

Pourquoi ? "Une prolifération des bactéries dans la bouche pourrait être mise en cause dans le développement de cancers, mais rien n’a été prouvé pour le moment", modère le professeur Chloé Bertolus.

Des soins dentaires insuffisants© Istock

Une exposition des lèvres au soleil

Une exposition au soleil peut entraîner un cancer sur la muqueuse sèche des lèvres, "le plus souvent sur la lèvre inférieure", constate le professeur Bertolus. Ce cancer est assez différent des cancers internes. Ainsi, "ce type de cancer bénéficie de 90% de survie à 5 ans, contre 40% seulement dans le cas d’un cancer des muqueuses humides de l’intérieur de la bouche", détaille la chirurgienne.

Bon à savoir : Si dernièrement, la survie des cancers de la bouche n’a pas beaucoup évolué, "la qualité de la survie s’est quant à elle améliorée notamment grâce aux progrès de la chirurgie reconstructrice", rassure la spécialiste.

Le tabac : un risque reconnu

A fumer ou à chiquer, le tabac est un facteur de risque reconnu du cancer de la bouche.

Pourquoi ? "Les substances contenues dans le tabac, comme le goudron, causent une agression chimique permanente de la muqueuse, responsable d’une inflammation chronique. Les cellules de la muqueuse risquent alors de se multiplier, et certaines d’entre elles peuvent développer des aberrations cellulaires menant au cancer", détaille le professeur Bertolus.

Quels fumeurs sont à risque ? "On a longtemps pensé que le risque de cancer de la bouche existait à partir de 1 paquet par jour pendant 40 ans, chiffre qui s’appuyait sur les habitudes des personnes qui développaient un cancer vers 60 ans. Mais des cancers apparaissent plus tôt ou plus tard : le risque existe dès qu’il y a consommation de tabac même modérée, à partir de quelques cigarettes par jour", avertit la chirurgienne.

Bon à savoir : La marijuana est également responsable de cancers de la bouche "notamment chez des très jeunes adultes qui consomment du cannabis quotidiennement", révèle le professeur Bertolus.

Ailleurs dans le monde : "Mâcher du bétel (ou noix d’arec) est une pratique fréquente en Asie et responsable de graves lésions pré-cancéreuses dans la bouche, appelées fibroses sous-muqueuse", selon la chirurgienne.

L’alcool : un risque multiplié par 3

Comme le tabac, l’alcool est un facteur reconnu de cancer de la bouche.

Le facteur de risque le plus dangereux est en réalité l’association entre tabac et alcool : "Chez un fumeur, le risque de cancer de la bouche est multiplié par 3. Chez un buveur, il est également multiplié par 3. Mais chez un fumeur qui boit de l’alcool, le risque est multiplié par 13 !" souligne le professeur Bertolus.

Quels buveurs sont à risque ? L’implication de l’alcool dans les cas de cancer de la bouche est difficile à quantifier. "Elle s’appuie sur les critères de définition de l’alcoolisme : à partir d’une dose d’alcool par jour pour les femmes et de deux doses par jour pour les hommes en France" explique la spécialiste.
Une dose d’alcool représente 10 grammes d’alcool soit un verre de vin de 12 cl, 25 cl de bière, 6 cl d’apéritif, 2 cl de whisky ou 2 cl de pastis ou de digestif.

L’alcool : un risque multiplié par 3© Istock

Le virus du papillome ?

Le virus du papillome humain (HPV ou papillomavirus) est impliqué dans certains cancers, comme le cancer du col de l’utérus. Il joue aussi un rôle dans les cancers de l’oro-pharynx, des amygdales et de la base de la langue.

Mais est-il incriminé dans le cancer de la bouche ? Le professeur Chloé Bertolus vient de terminer une étude en collaboration avec l’Institut national du cancer (Inca) et l’Institut Pasteur. Ce groupe de recherche a analysé les tumeurs de la bouche de 120 patients qui ne fumaient pas et qui ne buvaient pas d’alcool. Il a alors passé au crible le génome des tumeurs de ces patients pour y trouver tout ce qui n’était pas humain : bactérie, virus ou parasite.

Résultat : "Aucun virus, parasite ou bactérie connu ou inconnu n’était présent dans les tumeurs", dévoile le professeur Bertolus. Ce qui l’amène à cette conclusion : "Pour l’instant, malgré des technologies de détection très précises, il n’y a pas de corrélation entre le virus du papillome (ou un autre virus) et le cancer de la bouche."

Une lésion qui dure plus de 3 semaines : consultez !

Les médecins ont longtemps considéré que la victime "type" du cancer de la bouche était un homme de 60 ans, fumeur et consommateur d’alcool. Mais depuis peu, deux nouvelles populations sont victimes de cancers de la bouche, nous révèle le professeur Bertolus : "les jeunes adultes d’une trentaine d’années (victimes souvent d’un cancer de la langue) ou des personnes très âgées, principalement des femmes de 80 ou 90 ans (souvent touchées par un cancer de la gencive) qui ne présentent pas de facteurs de risque". Ainsi, cette chirurgienne estime à 20 ou 25% la proportion de ses patients qui ne présentent pas de facteurs de risque connus comme une consommation d’alcool ou un tabagisme.

L’important est donc d’être attentif aux premiers signes : "Si vous détectez une lésion dans la bouche qui dure plus de 3 semaines et qui ne correspond pas à une prothèse mal adaptée ou à une morsure, il faut consulter un médecin et faire une biopsie", recommande la spécialiste.

Merci au professeur Chloé Bertolus, chirurgien au service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris.

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