t-cellules attaquant l'illustration de cellules cancéreuses de photos microscopiquesAdobe Stock

Existe-t-il un lien entre surpoids et cancer du sein ? Des chercheurs de l’institut Karolinska à Stockholm (Suède) ont cherché à identifier les différents facteurs de risque associés aux tumeurs mammaires diagnostiquées tardivement. Dans une étude qu’ils présenteront entre le 26 novembre et le 1er décembre 2017 au congrès annuel de la Société de Radiologie d’Amérique du Nord (RSNA), les scientifiques annoncent que les femmes possédant un indice de masse corporel (IMC) élevé (supérieur à 25) présentent un risque augmenté de non détection d’une tumeur au sein avant qu’elle n’atteigne deux centimètres.

Une tumeur plus grande et un pronostic moins bon

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs se sont penchés sur 2 012 cas de cancer invasif du sein survenus entre 2001 et 2008. Ils ont suivi les femmes concernées jusqu’à la fin de l’année 2015 et se sont concentrés sur les cancers diagnostiqués lorsque la tumeur dépassait les deux centimètres. Cette limite des deux centimètres a en effet son importance, puisqu’elle constitue l’un des paramètres utilisés pour catégoriser un cancer dans le stade I (tumeur unique et de petite taille) ou dans le stade II (volume local plus important). Premier résultat révélé par les scientifiques : pour les cancers détectés lors d’un dépistage par mammographie, l’IMC et la densité mammaire étaient tous deux associés à une tumeur importante lors du diagnostic.

Cependant, pour un cancer diagnostiqué entre deux mammographies, seul l’IMC semble lié à une taille plus importante de tumeur. Pire, les femmes dont l’IMC était élevé présentaient un moins bon pronostic que celles avec un IMC "normal" (inférieur à 25).

"Nos résultats suggèrent que les femmes avec un IMC élevé devraient envisager des intervalles plus courts entre leur mammographie de dépistage", propose alors le docteur Frederik Strand, co-auteur de l’étude, cité dans un communiqué ScienceDaily.

Attention à la balance bénéfice/risque du dépistage organisé

L’étude présentée ici s’est déroulée en Suède, où les intervalles recommandés entre deux mammographies varient de 18 à 24 mois. Et en France ? La Haute Autorité de Santé (HAS) a mis en place un dépistage organisé tous les deux ans pour les femmes de 50 à 74 ans. Mais selon Sophia Lowes, administratrice en chef du centre de recherche britannique Cancer Research UK interrogée par la BBC, cette étude ne fournit pas suffisamment de preuve pour modifier la fréquence du dépistage du cancer du sein.

La question du dépistage organisé a d’ailleurs fait l’objet d’une polémique en octobre dernier en France, suite à la publication d’une étude* montrant que la mise en place du dépistage systématique était à l’origine non pas d’une diminution mais bien d’une augmentation des ablations chirurgicales du sein. En effet, si les mammographies régulières permettent de détecter un cancer du sein à un stade précoce, elles entraînent en parallèle un risque non négligeable pour les femmes de subir des traitements lourds (mastectomie, chimiothérapie, radiothérapie…) pour des tumeurs qui n’auraient en réalité jamais évolué.

*Le dépistage organisé permet-il réellement d’alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ? Robert et al, 2017, Médecine. doi:10.1684/med.2017.233

Sources

Communiqué de presse Science Daily : Overweight women may need more frequent mammograms, 20 novembre 2017.

Breast cancer tumours 'larger' in overweight women, Katie Silver, BBC News, 20 novembre 2017.

Le dépistage organisé permet-il réellement d’alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ? Robert et al, 2017, Médecine. doi:10.1684/med.2017.233

Radiological Society of North America, rsna.org

Vidéo : Cancer du sein : quels sont les vrais symptômes ?

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