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Avoir un poids sur la conscience ne serait pas qu'une métaphore... Depuis une dizaine d'années, des expériences émergent sur la cognition incarnée, une théorie selon laquelle nos fonctions psychologiques sont influencées par notre état corporel. Par exemple, tenir une tasse chaude nous fait percevoir un interlocuteur fictif comme plus chaleureux...
Les psychologues Martin Day, de l'Université de Princeton (Etats-Unis), et Ramona Bobocel, de l'Université de Waterloo (Canada), ont imaginé une série d'expériences pour vérifier si cette théorie s'appliquait au sentiment de culpabilité. Les 153 volontaires impliqués dans l'étude ignoraient l'objet de l'expérience à laquelle ils se prêtaient. Ils devaient se remémorer des souvenirs de comportement immoraux qu'eux-mêmes ou d'autres avaient pu avoir, tels que voler, mentir ou tromper : des actes susceptibles de générer la culpabilité ou d'autres sentiments négatifs.

La culpabilité nous rend vraiment lourd

"Nous avons découvert qu'après s'être remémoré des souvenirs immoraux, les participants avaient tendance à se sentir physiquement plus lourds que d'habitude, en comparaison à l'évocation de comportements moraux ou d'actes immoraux d'autrui", expliquent les chercheurs. Ils remarquent surtout que cette perception de lourdeur du corps n'apparaît liée qu'à la culpabilité, mais pas aux autres sentiments tels que la fierté ou la tristesse.
La culpabilité est un sentiment qui intéresse beaucoup les psychologues et les psychiatres car, comme le rappellent les scientifiques, "l'anticipation de sentiments de culpabilité dans le futur peut aider des individus à éviter de participer à des actes immoraux qui violent leur morale personnelle".

Pour vérifier si la sensation de pesanteur pouvait influer sur les comportements à venir, les psychologues ont demandé aux participants de la première série de tests d'évaluer leurs sensations corporelles et l'intensité de l'effort à fournir, en imaginant différentes tâches altruistes, comme aider quelqu'un à monter ses courses chez lui. Les auteurs de l'étude notent que "ceux qui s'étaient souvenus de comportements immoraux, s'accompagnant d'une sensation de pesanteur corporelle, percevaient un effort physique à fournir comme plus important en moyenne que les autres".
Leurs résultats sont donc cohérents avec la théorie de la cognition incarnée. Les chercheurs soulignent que c'est un domaine de recherche relativement nouveau et qu'ils imaginent déjà de nouvelles expériences sur la culpabilité.

Source : The Weight of a Guilty Conscience: Subjective Body Weight as an Embodiment of Guilt, PLOS One, 31 juillet 2013

mots-clés : psychologie, poids
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